La République de Guinée passe devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies pour son quatrième cycle de l’examen périodique universel. Ce passage est prévu le 29 avril 2025 à Genève en Suisse.
En prélude à cet exercice, la société civile guinéenne a répertorié les avancées et les recommandations en souffrance depuis le dernier EPU, il y a cinq ans. Déjà ces points ont été partagés avec les autorités guinéennes mais aussi avec ses partenaires internationaux.
En conféquence de presse, ce mardi 22 avril 2025 à Conakry, une trentaine d’ONG regroupées au sein d’un collectif ont partagé ses recommandations avec les journalistes.
De la levée des restrictions des libertés de manifestations…
Malgré des avancées enregistrées, ce collectif déplore que la situation des droits humains se soit fortement détériorée. « Depuis 2021, la Guinée connaît une régression en matière de liberté publique. Les manifestations pacifiques sont systématiquement interdites, donnant lieu à une répression violente ».
Le collectif recommande la levée de l’interdiction générale de manifester, mener des enquêtes indépendantes sur les violences policières, restaurer les libertés de la presse et de manifester, et l’accès à l’Internet. Adopter une loi de protection des défenseurs des droits humains.
De l’exploitation minière…
Le collectif regrette « des consultations des communautés inefficaces, des expropriations sans compensation juste, un manque de transparence dans les négociations des contrats, la pollution et dégradation de l’environnement sans remise en état, sont à déplorer ».
Face à cette situation, il recommande : « Assurer des consultations inclusives et transparentes avec les communautés locales avant tout projet minier, en respectant les principes de consentement préalable, libre et éclairé. Finaliser et mettre en œuvre le référentiel national sur l’indemnisation et la réinstallation des communautés affectées, en veillant à ce que les compensations soient justes et proportionnelles aux pertes subies. Rendre publics les contrats miniers de manière compréhensible pour les communautés locales et la population en général, conformément aux normes de l’initiative pour la transparence dans les industries extractives ITIE et aux articles 18 et 2017 du Code minier guinéen ».
De la violence systématique contre les femmes et les filles…
Selon ce collectif, en Guinée, plus de 80 % des femmes sont exposées aux violences et seulement 1 % des cas de viol sont signalés. « La stigmatisation, l’absence de protection judiciaire et le manque de structures d’accueil aggravent leurs vulnérabilités. À cela s’ajoutent les mutilations génitales féminines et les mariages précoces. 46 % des filles sont mariées avant 18 ans et 95 % des femmes sont excisées », précise la déclaration avant de recommander « la création d’un système de suivi judiciaire des VBG, de garantir des soins gratuits aux survivantes, d’adopter une loi globale contre les violences faites aux femmes ».
De la protection des enfants et des personnes vulnérables…
Dans la déclaration, il est mentionné que le contexte est défavorable aux droits à l’éducation et à la santé des enfants et des personnes vulnérables. « Les enfants guinéens, quant à eux, souffrent de l’accès limité à l’éducation, à la santé et à la protection contre les mariages forcés, MGF et violences ».
À ce titre, il recommande les points suivants : « la récupération et la scolarisation des enfants en situation d’exploitation dans les rues, les marchés, les carrières, les plantations et les zones minières. Poursuivre la construction des salles de classe, notamment dans les zones rurales. Poursuivre le recrutement et l’affectation des enseignants qualifiés, surtout dans les zones rurales. Moderniser l’état civil et garantir l’enregistrement gratuit des naissances. Adapter les infrastructures aux personnes en situation de handicap ».
Des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux des populations à mieux prendre en considération…
Pour le collectif, la Guinée est l’un des pays africains les plus riches en ressources naturelles. Par conséquent, le gouvernement devrait, selon eux, utiliser cette richesse pour garantir les droits sociaux et économiques de sa population. Mais par des pratiques contraires aux principes de transparence et de gouvernance responsable, l’État prive la population des opportunités qu’offre une exploitation responsable et durable des ressources naturelles.
Pour inverser cette tendance, il recommande : « renforcer le suivi des lois environnementales, y compris le Code de l’environnement et le Code minier, en appliquant des sanctions plus strictes pour les contrevenants. Adopter et promulguer la loi relative à la prévention, à la détention et à la répression de la corruption et des infractions assimilées. Promouvoir des pratiques agricoles durables, intelligentes, tout en renforçant des initiatives d’adaptation aux changements climatiques ».
De la situation des détenus en milieu carcéral et d’une justice sélective…
Ces acteurs de la société civile dénoncent un surpeuplement, l’insalubrité, l’inadaptation des détenus dans les prisons. Donc, ils recommandent de « mettre en œuvre les règles de Nelson Mandela. Réduire la surpopulation carcérale par des peines alternatives. Garantir l’accès à des soins médicaux adéquats ».
À la fin de leur document, ces organisations de la société civile guinéenne appellent la communauté internationale et le Conseil des droits de l’homme à maintenir une vigilance accrue sur la situation en Guinée. Elles exhortent par la même occasion le gouvernement guinéen à honorer ses engagements vis-à-vis des populations. Honorer ses engagements internationaux en matière de droits humains et faire de l’examen périodique universel un véritable levier de changement et non une formalité diplomatique.
Bhoye Barry pour guinee7.com