Censure

BCRG. Aux innombrables scandales, s’ajoute une tension sociale

Le climat social se tend à la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG). Ce jeudi, à l’initiative du bureau syndical, une assemblée générale exceptionnelle a réuni le personnel pour faire le point sur l’état d’avancement des négociations entamées avec le gouverneur Karamo Kaba. Au cœur des échanges : le sort d’acquis sociaux remis en cause ces dernières années et dont le rétablissement tarde à se concrétiser.

Pour rappel, c’est lors de la présentation officielle de ce bureau au cabinet, le 6 mars dernier, que les représentants des travailleurs ont exposé les griefs majeurs affectant le quotidien du personnel. Ces revendications, jugées légitimes, ont depuis fait l’objet de correspondances adressées au gouverneur, notamment une lettre de relance envoyée le 28 mars dernier.

Les revendications du personnel s’articulent autour de quatre axes principaux : – Le déplafonnement des cadres et agents, réclamé depuis plusieurs mois.  -Le rétablissement des acquis en numéraire, portant notamment sur l’alignement des primes hors salaires sur la valeur actuelle du point indiciaire. -Le rétablissement des acquis en nature, parmi lesquels figurent les évacuations sanitaires, les programmes de formation nationale et internationale, ainsi que les primes spécifiques allouées aux personnels détachés. -L’annulation des nouvelles procédures de souscription aux logements sociaux de la cité BCRG de Keitaya, perçues comme une régression des avantages acquis.

Le 11 avril, une rencontre était prévue entre les partenaires sociaux et le gouverneur pour aborder ces sujets cruciaux. À la grande surprise du syndicat, ladite rencontre aurait été reportée unilatéralement par le gouverneur, sans qu’une nouvelle date ne soit officiellement communiquée.

Une lettre d’ultimatum restée sans réponse

Face à ce qu’elle qualifie de manque de considération, la représentation syndicale a adressé, le jour même, une lettre d’information au gouverneur, fixant un ultimatum au 14 avril 2025 pour une réponse claire. Cette initiative visait, selon le bureau, à ‘‘préserver la quiétude sociale au sein de l’institution’’, aujourd’hui fragilisée par de nombreux manquements dans la gestion.

En l’absence de réaction de la part de Karamo Kaba, l’assemblée générale de ce jeudi a donc été convoquée pour informer le personnel de la situation. À l’issue de cette rencontre, il a été décidé d’élargir les consultations avec l’ensemble du personnel pour quelques jours supplémentaires. ‘‘Si aucune avancée significative n’est enregistrée, le bureau syndical se réserve le droit d’engager un mot d’ordre de grève’’, nous confie un syndicaliste.

Il faut dire que ce bras de fer intervient dans un contexte délicat pour la BCRG, déjà éclaboussée par une série de scandales retentissants : affaires d’or et de devises mal gérées, controverses autour des billets de 20 000 GNF… Autant de dossiers qui ont porté atteinte à l’image d’une institution censée incarner la rigueur et la stabilité financière du pays.

Dans ce climat de défiance, les attentes du personnel, autrefois confinées aux négociations internes, résonnent désormais comme un avertissement public. Le silence du gouverneur, s’il devait persister, pourrait ouvrir la voie à des actions syndicales de plus grande ampleur. Wait and see.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com