Censure

Dossier en appel d’Aliou Bah  : le cri de colère des avocats de la défense

Dans leurs plaidoiries ce mercredi 23 avril, les avocats du leader politique, Aliou Bah, condamné à deux ans de prison en première instance, ont déversé leur colère sur les magistrats, les invitant à « sereinement » rendre justice.

Dans ce procès où les téléphones et autres appareils de prise de son sont interdits, les diplomates bannis de la salle, notre reporter sur place a pu retenir quelques propos chocs.

Dans le silence de la salle raisonne la voix de Me Halimatou Camara, debout, exposant à nu les défaillances de l’appareil judiciaire  : « Aujourd’hui, on est face à un appareil judiciaire où la conscience n’a plus sa place (…) c’est le procès du désespoir, le procès de la malédiction… », affirme-t-elle sur un ton grave.

Au tour de Me Mohamed Traoré de prendre la parole. À la suite de sa consœur, il a d’abord clamé « l’honnêteté » de son client : « Monsieur Aliou Bah est coupable, oui. Il est coupable d’être honnête. »

Et de s’empresser de renchérir  : « Le procureur a dit de le condamner à 5 ans. J’ai trouvé que c’était excessif. Mais j’ai aussi trouvé que tout ce qui est excessif est insignifiant ».

S’appuyant sur une loi portant sur la protection du chef de l’État, il a développé son argumentaire. « Il y a deux articles qui se suivent. LESarticles 3 et 4. Ils sanctionnent la même infraction, mais avec des peines différentes. La première avec une peine de prison et la seconde avec une amende. Pourquoi prendre la plus sévère  ? La réquisition de 5 ans du procureur ne repose sur aucune base légale », a soutenu l’avocat d’Aliou Bah.

Avant de s’en prendre cette fois au procureur général, Fallou Doumbouya : « il reçoit des instructions de tous les endroits, même de là où il ne doit pas les recevoir. Il dit qu’Aliou Bah lève le poing quand il sort. C’est l’expression de la haine. Ce n’est pas du droit ça », indique-t-il.

S’adressant à la juge, il a lancé un appel  : «  Ne tuez pas l’espoir. Si vous condamnez monsieur Aliou Bah, vous tuez la liberté d’expression. Je vous demande de simplement faire votre travail. Votre travail, vous le connaissez. Vous ne suivez pas le parquet, ce sont des carriéristes. Libérez Aliou Bah. Ne mettez pas la justice au service de l’injustice. »

Le verdict est attendu le 28 mai prochain.

Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com