Censure

28 septembre. Un mauvais procès contre Alpha Condé ?

Selon Louceny Fall, ancien ministre des Affaires étrangères d’Alpha Condé, le régime de ce dernier manquait de « volonté politique » pour organiser le procès du 28 septembre 2009. Cet avis, il faut le préciser, est largement partagé par une opinion proche du capitaine Moussa Dadis Camara, principal accusé, et des nouvelles autorités du pays qui brandissent d’ailleurs le procès comme étant un acquis.

L’instruction était bouclée

Il faut rappeler que le procès a commencé le 28 septembre 2022, soit un an après le putsch qui a porté au pouvoir le colonel Mamadi Doumbouya. « En un an il est impossible de créer toutes les conditions aboutissant à un tel procès. Il y a forcément eu d’énormes travaux en amont », souligne un juriste.

L’information judiciaire sur le massacre du 28 septembre 2009 a été clôturée le 29 décembre 2018.

« Le pool de juges d’instruction qui a été mis en place a entendu près de 500 victimes, inculpé quatorze personnes dont des hauts cadres du régime Alpha, Tiegboro et Pivi. On oublie trop vite aussi que Toumba a été arrêté et ramené au pays pour les besoins de ce procès à cette époque-là », mentionne le juriste.

Et quand Toumba a été arrêté, Asmaou Diallo, présidente de l’AVIPA, citée par un communiqué de la FIDH, avait déclaré : « Cette arrestation renforce l’espoir des victimes d’en connaître davantage sur les circonstances et les responsabilités du massacre du 28 septembre 2009. Nous espérons que la confrontation de Toumba avec les autres personnes mises en cause contribuera à l’établissement de la vérité. »

Manque de volonté politique ou prudence ?

En des avancées citées haut, « Alpha Condé a construit et équipé le palais de justice qui abrite actuellement le procès. Et c’est lui qui a demandé et obtenu de la CPI l’organisation du procès par la Guinée. Pourquoi aurait-il fait tout ça s’il ne voulait pas du procès », s’emporte un cacique de l’ancien parti au pouvoir.

« Le fait de n’avoir pas pu organiser le procès avant le coup d’état n’est pas à mon avis un manque de volonté politique. Il était plutôt prudent. Relativise le cadre du parti d’Alpha Condé. Et voulait que les choses se passent dans le meilleur des cadres. Vous avez remarqué par exemple qu’il y a des parties civiles qui disent n’avoir jamais été interrogées. Il fallait donc se donner le temps pour mieux faire. Et n’oublions aussi pas qu’il a été renversé par un coup d’état. Il y a beaucoup de chantiers qu’il devait terminer ».

Pour tout dire, « celui qui a planté un manguier peut ne pas bénéficier de ses fruits. Mais dire qu’il ne voulait pas qu’il porte les fruits, relève de la mauvaise foi », glisse le politique.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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