Censure

Nomination des chefs de quartiers. ‘‘Du moment où le président de la République, démocratiquement élu, a été déposé, toutes les institutions ont été annulées’’, rappelle Louda Baldé

Le week-end dernier, Ndimba radio (100.1 FM) a interviewé Louda Baldé, président du Parti de l’Unité et du Renouveau (PUR). Dans cet entretien, ce leader politique donne son point de vue sur la nomination des chefs de quartiers et districts par les gouverneurs, le cadre de dialogue, mais aussi le feu vert de la CEDEAO pour une intervention militaire au Niger.

Ndimba radio:  Le président de la Transition a décidé que les présidents des Conseils de quartiers et districts soient nommés par les gouverneurs de régions.  Qu’en dites-vous ?

Louda Baldé :  Il ne faut pas oublier qu’on est dans une période de Transition, une période d’exception. Du moment où le président de la République, démocratiquement élu, a été déposé, toutes les institutions ont été annulées. Donc, cela ne surprend personne, en tout cas, plus particulièrement moi, dans le sens où je vois certains qui essayent d’arracher leurs cheveux, comme si c’est un acte aussi mauvais pour dire non, les gouvernorats n’ont pas le droit, mais ils oublient que ces chefs de quartiers, chefs de districts, leur mandat a expiré, mais ils n’ont pas eu le pouvoir de révéler dans les radios pour dire que le mandat a expiré, il faut les remplacer. Maintenant un décret a été pris pour les remplacer, nous pensons qu’il faut accompagner ce décret. Il faut donner la chance à ces milliers de jeunes qui évoluent dans les quartiers, qui n’ont pas la chance de se faire connaître par leurs niveaux d’études et leur expérience. A souligner qu’il y a des chefs de quartiers qui sont là depuis 20 ans, d’autres 30 ans. Il faut essayer d’encourager ce décret pour qu’on puisse connaître des nouvelles figures, des nouvelles têtes. Ce que nous, nous disons au gouvernement, c’est de respecter les points qui ont été mis dans l’objectif, c’est-à-dire les personnes admissibles pour les chefs de districts, les chefs de quartiers. Donc, pour ne pas qu’il y ait le clientélisme et le favoritisme dans ce sens, nous donnons la chance à tous les jeunes d’écouter le peuple, comme c’est par la base qu’ils ont commencé…De faire en sorte que la base puisse répondre facilement. Donc, c’est une très bonne chose, il faut qu’ils continuent dans ce sens, afin que le droit soit respecté.

Il y a des partis qui savent qu’ils n’ont pas la capacité de mobilisation, ils essaient de s’adosser au gouvernement, c’est-à-dire au CNRD, pour les aider à expulser ou à mettre hors-jeu les partis qui ont une capacité de mobilisation, une assise politique solide

Comment voyez-vous l’intégration récente dans le cadre du dialogue inter-guinéen de certains politiques qui l’avaient au préalable boycotté ?

Le cadre de dialogue doit être un cadre inclusif. Et nous, nous appelons le gouvernement à la responsabilité, c’est-à-dire de faire en sorte qu’on ait un environnement inclusif pour que tous les acteurs se retrouvent dans ce contexte-là. Mais il ne faut pas qu’ils jouent le jeu de l’exclusion, ce qui favorise les uns contre les autres…Il y a des partis qui savent qu’ils n’ont pas la capacité de mobilisation, ils essaient de s’adosser au gouvernement, c’est-à-dire au CNRD, pour les aider à expulser ou à mettre hors-jeu les partis qui ont une capacité de mobilisation, une assise politique solide. C’est ce à quoi le CNRD ne doit pas jouer. Ils doivent laisser tout le monde, tous les politiciens, avec les mêmes chances, puis après faire en sorte que le dialogue soit inclusif.

Est-ce qu’on peut s’attendre à ce que vous rejoignez ce cadre de dialogue ?

Oui, s’il est inclusif, nous, on n’a aucun problème, mais nous avons souligné notre désaccord pour la simple et unique raison, parce que nous n’avons pas notre agrément. Et en plus de ça, nous faisons partie d’une alliance, nous sommes sortis de l’alliance pour l’obtention de notre agrément. Nous, nous avons dit qu’il faut qu’ils nous rétablissent dans nos droits de manière légale avant de joindre toute forme de dialogue. On avait focalisé notre force dans ce sens. La seule a chose qui fera en sorte qu’on ne participe pas aux différents dialogues, c’est si le dialogue n’est pas inclusif et transparent, avec de la bonne foi. Mais si cela est accompagné, comme l’a dit le Colonel Mamadi Doumbouya, pour qu’il ait de la transparence et de la bonne foi, nous, nous allons participer.

Il faut accepter de se dire les choses de manière franche. Le dialogue n’est pas inclusif

Le dialogue en cours est-il inclusif ou pas ?

Il faut accepter de se dire les choses de manière franche. Le dialogue n’est pas inclusif, dans le sens où  il y a beaucoup de partis politiques qui n’ont pas participé pour des raisons différentes, mais chacun brandit en disant que le cadre n’est pas propice, l’environnement n’est pas là. Nous, c’est à cet environnement que nous poussons le CNRD, de créer pour que chacun se sente dans la même famille ou dans le même pays, afin qu’on puisse étaler les problèmes sur la table et qu’on puisse trouver une solution. Donc, pour le moment, le dialogue n’est pas totalement inclusif parce qu’il y a des partis politiques qui ne participent pas. D’autres diront que non, on les a appelés, ils ne sont pas venus. Mais créer le cadre, créer l’environnement pour que tout le monde participe, nous encourageons l’idée du fait qu’on a pris trois grandes dames qui sont responsables et respectueuses et vraisemblablement, qui peuvent gérer ce cadre de dialogue, c’est une très bonne chose. Maintenant, il faut qu’ils leur donnent des outils, les outils pour rendre l’environnement crédible, inclusif, afin que tout le monde participe.

Au Niger, on pouvait penser à une intervention militaire dans le cas où il y avait le même contexte que le Soudan, c’est-à-dire la population est prise entre deux feux, deux camps qui se battent pour le pouvoir

Que pensez-vous de la décision de la CEDEAO de déployer une force au Niger pour rétablir l’ordre constitutionnel ?

Avec ma petite expérience militaire de l’armée canadienne, le Niger, on pouvait penser à une intervention militaire dans le cas même où si le Niger avait le même contexte que le Soudan, c’est-à-dire la population est prise entre deux feux, deux camps qui se battent pour le pouvoir. Mais ici, ils ont enlevé un président, l’armée a cautionné, le peuple a accepté. La seule chose qu’ils peuvent faire pour rétablir l’ordre constitutionnel, c’est le dialogue dans le partage. Appeler l’officier Tiani et M. Bazoum, leur dire, essayez d’accepter pour que chacun se sente en sécurité tel que Bazoum revient président, l’officier Tiani devient premier ministre, ils se séparent des postes de responsabilité, c’est autour de ça qu’ils peuvent trouver une solution. Mais aller comme prendre l’idée de Va-t-en-guerre contre le Niger, ça n’aide pas non seulement la CEDEAO, mais aussi toute la sous-région va être déséquilibrée et c’est ce qu’il faut éviter. Dans le contexte où d’abord, on a du mal à gérer les Djihadistes tels que dans les pays sahéliens, et même le Nigeria aussi qui a la tête de l’effectif au niveau des déploiements, eux-mêmes n’arrivent pas à gérer la totalité de leur pays. Donc chaque pays a des problèmes internes au niveau sécuritaire qu’ils n’arrivent pas à gérer et ils veulent entamer encore une autre guerre avec un autre pays où le peuple a adhéré. Parce qu’il n’y a pas de manifestation. Donc la seule solution que la CEDEAO peut faire, c’est le dialogue pour trouver une solution afin qu’on ait un retour à l’ordre constitutionnel.

Entretien réalisé par Bhoye Barry 

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