Dans un spectacle linguistique qui laissera les amateurs de pataquès pantois, Bernard Goumou, ce ‘‘prodigieux’’ Premier ministre de la Transition, a choisi TV5, la chaîne francophone, pour nous offrir un spectacle à couper le souffle des morceaux choisis de sa (non) maîtrise déconcertante de la langue de Molière. Tel un funambule des règles grammaticales, il laisse derrière lui des débris linguistiques. On peut en juger à travers ces extraits savoureux de sa rhétorique.
« Je me réjouis de l’évolution du Niger. » Vous voulez dire l’évolution de la situation au Niger ? Parce que ce pays, malgré les putschs et les péripéties politiques, reste stoïquement planté à sa place.
« La solidarité exprimée au peuple frère du Niger ainsi qu’aux autorités nigérianes. » Les autorités nigérianes n’ont certainement pas besoin de la solidarité de la Guinée pour que la junte nigérienne se maintienne. Quelle belle solidarité à sens unique !
« La Guinée a toujours eu une position panafricanisme. » Ah, oui, la position panafricaniste toujours défendue par la Guinée, qui consiste certainement à soutenir les putschistes confus qui ne savent faire autre chose que mélanger serviettes et torchons.
« Tous les conventions (minières) vont rester. » Bien sûr, toutes ces conventions souffrent de l’amateurisme d’une administration qui fait maintenant ce qu’elle veut. Les règles grammaticales en prennent un coup au passage.
« La CEDEAO doit venir en appui de façon conjointement. » Bernard et son équipe -sa réponse était écrite, NDLR-, ont créé un tout nouvel enseignement grammatical. Dans cet univers de confusion conjointe, où les adverbes se transforment en adjectifs et où les accords grammaticaux partent en exil, nous en appelons à l’OPROGEM pour qu’il prévoie d’urgence une brigade des mœurs grammaticales afin de sauver la langue de Molière, qui est également notre langue officielle, victime en l’occurrence d’un abominable viol de la part de notre docteur es-cafouillis.
Un vrai spectacle comique, mais involontaire ! Il n’a même pas eu besoin de forcer son talent.
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Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com