Quand il y a eu le coup d’état au Niger, la France a demandé ‘‘le retour sans délai à l’ordre constitutionnel nigérien, autour du président Mohamed Bazoum, élu par les Nigériens » (sic). Ce ne fut pas la même fermeté à propos de la Guinée, le 5 septembre 2021. Elle s’était contentée de condamner ‘‘la tentative de prise de pouvoir par la force » et appelé à « la libération immédiate et sans condition du président Alpha Condé ». Ce n’est non plus pas la même fermeté à l’égard des Putschistes gabonais qui ont eu droit au juste principe de condamnation.
Le point commun entre Alpha Condé et Aly Bongo est que tous les deux ne peuvent pas se voir en peinture avec Emmanuel Macron, le président français…
Avec une condamnation subtilement nuancée du putsch au Gabon, les médias français prouvent une fois de plus leur capacité à jongler avec les émotions et les réalités politiques. Ils se sont découverts une affection soudaine pour les putschistes -pourtant membres de la nomenklatura gabonaise-, les présentant comme les courageux héros ayant mis fin à une supposée ‘‘dynastie’’ bongoïste.
Pendant ce temps, le menu diplomatique français se décline en plusieurs plats : du soutien fort contre les putschistes au Mali, au Niger et au Burkina Faso, à la délicatesse d’un soufflé diplomatique en Guinée et au Gabon. Une diplomatie aux saveurs multiples, où les ingrédients sont soigneusement choisis en fonction des relations du moment et des intérêts en jeu.
Le dessert de ce banquet diplomatique ne peut être que le ressentiment grandissant en Afrique envers la France. Une ‘‘diplomatie à deux poids, deux mesures’’ qui peut sembler amusante à certains, mais qui laisse un arrière-goût amer chez d’autres. À l’heure où l’Afrique cherche à écrire son propre avenir politique, la France doit jongler avec les attentes légitimes des nations souveraines et les responsabilités historiques qu’elle porte.
Et surtout ne pas toujours faire croire qu’un processus électoral n’est ‘‘libre et transparent’’ que quand il est validé par les observateurs occidentaux. Pour ne pas dire, français…
En définitive, la France fait bien preuve de sa passion pour la démocratie en soutenant à visage découvert, des putschistes africains contre des présidents qui ont osé la défier.
Pour rappel, Alpha Condé avait juré de ‘‘couper le cordon ombilical’’ avec la France. Et donna du coup à certains cordonniers français la préférence de nouer des lacets plus amicaux avec ses tombeurs.
N’est-ce pas le cas de Bongo fils qui, contrairement à son père, avait pris une feuille de route différente en matière de relations internationales. En effet, il a décidé de tourner le dos à la France, pour se tourner vers des pays le Commonwealth, les États-Unis et les contrées mystérieuses d’Asie.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com