Censure

La Guinée, le ‘‘Paradis’’, se vide de ses bienheureux

Le 11 octobre dernier, l’ambassade de la Guinée aux USA a annoncé le décès tragique d’une compatriote dans l’état de San Diego California, tout en publiant sa photo pour qu’elle soit reconnue par les siens. Selon une source proche de sa famille, la jeune femme n’a pas survécu au long périple du ‘‘réseau de Nicaragua’’.

Comme elle, nombreux sont les Guinéens qui s’inscrivent dans ce réseau pour rallier clandestinement les USA en payant pour la plupart, 10 mille dollars (un peu moins de 100 millions GNF) aux passeurs ! Le phénomène prend tellement d’ampleur que le parti de Cellou Dalein, l’UFDG, en a fait un jour un de ses thèmes à débattre lors d’une assemblée générale. Et a dissuadé ses militants à s’y mettre.

La Guinée que les artistes financés par les autorités militaires au pouvoir qualifient de paradis, se vide comme un fût percé. Y a qu’à voir la foule qui demande le passeport dans la cour du ministère de la Sécurité ! Ici la chanson ‘‘la Guinée notre paradis’’ avec des refrains qui décrivent ce pays d’Afrique de l’Ouest comme un endroit idyllique, où tous les rêves se réalisent, sonne comme un triste mensonge, une symphonie d’aspirations brisées.

Sous un soleil brûlant, des milliers de jeunes -le plus souvent des chômeurs- tentent de trouver un sens à leur existence, et se lancent dans un voyage périlleux à travers l’océan, espérant trouver un véritable paradis de l’autre côté. Ils empruntent des voies clandestines, risquant leur vie pour échapper à la misère économique qui les étouffe. La Guinée, un ‘‘Paradis’’ où il n’y a pas de route pour un avenir stable.

Dans le château d’eau de l’Afrique occidentale, l’accès à l’eau potable est un défi pour de nombreux citoyens. Les robinets ne coulent pas de la même manière pour tout le monde. Vous pouvez trouver de l’eau, mais cela dépend de votre statut, de votre proximité avec les nantis, et de la chance. Un ‘‘Paradis’’ on ne peut plus assoiffé.

L’électricité, censée être un luxe banal, est un autre privilège réservé à une minorité, tandis que d’autres se débattent dans l’obscurité. Dans ce « Paradis » électrique, le pouvoir ne brille que pour quelques-uns, laissant la majorité dans le noir.

Ainsi, le pays ‘‘béni’’ reste un lieu paradoxal, où la musique politique tisse un voile d’illusion sur une réalité sociale étouffante. Car, dans ce ‘‘Paradis’’ où la rhétorique s’oppose à la réalité, le refrain est clair : les rêves se noient et le vrai paradis reste introuvable.

Par Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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