À l’occasion de la prise de fonction du nouveau président de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) ce mercredi ; Alphonse Charles Wright, ministre de la Justice a dit ses ‘‘vérités’’ aux magistrats de cette juridiction chargée de veiller sur la moralisation de la chose publique.
Réagissant au discours tenu par Noël Kolomou, président sortant de la CRIEF, Alphonse Charles Wright a dit qu’au ‘‘au fond de moi, j’aurais préféré que le bilan soit élogieux au regard des enjeux liés à la création de cette cour. Vous dites à quelqu’un allons à la CRIEF, il dit mais allons rapidement ; aucune crainte. Certains dossiers rentrent et peu de temps les décisions sortent, d’autres sont là ça fait combien de temps ? Ce qui est important à rappeler ce qui constitue d’ailleurs une déception totale du peuple de Guinée qui d’ailleurs est allé jusqu’à dire à quoi sert la CRIEF aujourd’hui? Cette question est posée par le peuple de Guinée. Cette CRIEF là, elle sert à quoi ? J’ai dit aucune institution judiciaire ne peut être un instrument de chasse aux sorcières. Non ! Pourquoi ? Parce que les magistrats qui animent ces institutions judiciaires sont sous serment (…) Parce que le bréviaire du magistrat c’est la loi. Mais la chose qui influence beaucoup plus c’est l’argent. Quand vous luttez contre la corruption, on viendra vous proposer tout. Aujourd’hui tout le monde est déçu de la CRIEF. C’est ça la vérité », a-t-il dénoncé.
Combien de fois j’ai été saisi pour me dire de vous (Aly Touré) suspendre ?
Avant d’inviter le procureur spécial à ne pas faire de favoritisme dans la gestion des dossiers. « Monsieur Aly ne faites pas la différence entre ce que le régime d’Alpha Condé a fait et ce que le CNRD est en train de faire. Qui que ce soit aujourd’hui en fonction. Il faut que le peuple sache que vous travaillez dans la neutralité. Qu’on ne donne pas le sentiment que c’est seulement les gens du régime d’Alpha Condé qui doivent être poursuivis. Non ! Je parle de tous les délinquants financiers qui qu’ils soient. Même nous les magistrats; j’ai dit qui qu’il soit. Monsieur le procureur la CRIEF n’est pas faite pour une catégorie sociale, il faut le traitement équitable de tous les dossiers de toutes les personnes qui comparaissent par devant cette juridiction. C’est ça la bonne administration de la justice. Mais ici on voit certains dossiers qui montent aux escaliers et d’autres montent l’ascenseur, du deux poids deux mesures. Un comptable poursuivi, l’ordonnateur principal est où ? Où se trouve la cohérence. Des dossiers introduits le même jour, d’autres sortent. Où sont passés les autres dossiers ? Il faut la gestion des dossiers dans leur délai raisonnable… quand le peuple est déçu de son institution financière, le peuple devient violent, critique », a-t-il fait remarquer.
Avant de rappeler : ‘‘Monsieur le procureur spécial, combien de fois j’ai été saisi pour me dire de vous suspendre. Quand je vous regarde M. Aly Touré quand vous faillissez (sic), au regard de la loi je ne vous tolérerai pas. Mais tant que vous continuez vous avez tout mon soutien. Vous savez que moi je fais pas la langue de bois.’’
Pour finir, ‘‘je vais vous instruire dans les jours à venir, tous les DAAF des départements ministériels auxquels les mesures conservatoires ont été prises de demander de déposer (faire des dépositions, ndlr) à commencer par le garde des Sceaux ministre de la Justice. On ne peut pas corriger l’opinion en faisant ombrage à la loi parce que c’est nous. Ça ramènera à trahir ce que le peuple attend de nous. Beaucoup étaient poursuivis pour les infractions économiques et financières. Comment ils sont sortis de ce pays? Et aujourd’hui se trouvent à l’étranger. Ça devient très compliqué », a affirmé Charles Wright.
Abdou Lory Sylla pour guinee7.com