La récente diffusion d’une sextape mettant en scène une personnalité publique a secoué la Guinée. La police spécialisée dans la protection du genre, de l’enfance et des mœurs (OPROGEM) a réagi avec véhémence, exprimant son amertume face à la propagation des images obscènes sur les réseaux sociaux, déplorant l’atteinte à la dignité et à l’honneur des hauts cadres du pays. D’une fermeté, elle a annoncé l’ouverture d’enquêtes et rappelé la prohibition formelle de la diffusion de telles images sur le territoire guinéen, menaçant de sanctions pénales tout contrevenant. Démarche louable.
Cependant, derrière ce discours moralisateur et cette volonté affichée de protéger la réputation des élites, plane l’ombre troublante de l’hypocrisie et du silence ou de la réaction sélectif.ve. Alors que la police se précipite pour défendre l’intégrité du désormais ex ministre impliqué dans la sextape, elle est restée étrangement muette face à des accusations bien plus graves émanant d’une jeune femme à l’égard de celui-ci.
Pour rappel, la jeune dame avait accusé le tout puissant ministre de l’époque d’avoir eu des relations sexuelles avec elle alors qu’elle était mineure. Plus encore, lorsque cette courageuse femme ose réclamer justice et protection des droits de l’enfant auprès du ministre qui plus était celui des droits de l’homme, sa requête s’est transformée en cauchemar. Au lieu d’être entendue et soutenue, elle s’est retrouvée au gnouf, victime d’une réponse kafkaïenne de la part du puissant commis de l’Etat, illustrant ainsi le mépris de l’autorité envers des personnes modestes.
Alors question : pourquoi la police, si prompte à protéger l’honneur de ‘‘certains hauts cadres du pays’’, est-elle restée curieusement passive face aux allégations de crimes bien plus graves ? Ce n’est ni plus ni moins qu’une justice à géométrie variable selon le statut social et politique des individus.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com