Censure

Des avocats de Dadis et de Toumba dénoncent l’immixtion du procureur de la CPI dans le procès 28 septembre

Trois avocats de la défense dans le procès des évènements du 28 Septembre, Me Pépé Antoine Lama, Me Lancinet Sylla et Me Salifou Beavogui, lors d’un point de presse à la Maison de la Presse, ont expliqué, jeudi 4 avril, les raisons qui les ont poussés à boycotter la dernière audience et d’annoncer leur retour. « La défense unanime sera présente à l’audience du lundi prochain pour poursuivre la défense des accusés qui se trouvent dans le box », a indiqué Me Pépé Antoine Lamah, l’un des avocats du Capitaine Moussa Dadis Camara.

Avant de revenir sur les raisons du boycott : « c’est donc par voie de presse et à travers le représentant du procureur de la CPI que nous apprenons que nos décisions auraient été rejetées. Nous sommes des professionnels ce n’est pas par voie de presse qu’on notifie une décision de justice aux avocats ou plaideurs il y a une forme administrative à la matière qu’on doit observer. »

Selon l’avocat, « aujourd’hui il y a quand-même des inquiétudes qui animent la défense, entre autres, c’est pourquoi le procureur de la CPI s’est précipité aussitôt le lendemain de la décision de statuer à Conakry ? Pourquoi c’est lui qui nous informe à travers la presse que notre recours a été rejeté ? Pourquoi c’est seulement au lendemain de son arrivée que la décision dont on parle que d’ailleurs tous les avocats n’ont pas encore reçu est intervenue ? Ce sont donc des situations qui amènent la défense à s’inquiéter par rapport au respect des droits des personnes dont nous avons la charge de défendre. Cette façon de procéder donne l’impression que tout ce qui se décide dans cette procédure ne vient pas de la Guinée. Dans cette affaire, nous étions en train de discuter de crimes de droit commun, d’un seul coup, le ministère public nous jette à la figure des réquisitions aux fins de requalifications. Le tribunal n’a pas tranché la question, l’affaire est transmise en appel, c’est le procureur de la CPI qui envoie une délégation. En vertu de quelles dispositions légales ? En vertu de quel pouvoir ? Je ne parle pas de la CPI, mais je parle du procureur de la CPI qui doit continuer à avoir un regard vaillant sur le déroulement de ce procès. Au nom du principe de la subsidiarité à partir du moment où l’affaire est traitée par les juridictions guinéennes, dans les conditions normales il n’a plus rien à avoir sur ce qui se déroule dans cette procédure. Nous comprenons qu’ils ont encore une grande influence dans cette affaire », a-t-il dénoncé.

Enfin, il a tenu à préciser que dans ce dossier :  » nous ne cherchons pas la clémence de qui que ce soit en tout cas à ce stade de la procédure. Chaque accusé en tout cas en ce qui le concerne a sa ligne de défense. Mais tout ce qu’on peut demander et d’ailleurs exiger c’est que les conditions minimales de la tenue d’un procès juste et équitable soit réunies. »

Quant à Me Lancinet Sylla, l’un des avocats de Toumba Diakité, il a fait savoir que « les avocats usent de plusieurs méthodes pour se faire entendre. Soit les avocats boycottent l’audience comme nous l’avons fait le mardi passé ; soit les avocats organisent un point de presse comme nous le faisons maintenant ; soit les avocats quittent carrément le dossier de la procédure, ce qui n’est pas encore à l’ordre du jour », a-t-il informé.

Avant de rassurer par ailleurs qu’ils ne baisseront pas les bras : « c’est pour éviter que nous apparaissions comme des cautions à une parodie de justice. Nous continuerons à assumer notre rôle régalien qui est celui de défendre nos clients. Tant que le besoin se fera sentir, nous réagirons et nous prendrons toutes nos responsabilités. Il ne faut même pas en douter. Cela, nous le ferons jusqu’à ce qu’une décision définitive et irrévocable intervienne dans cette affaire. »

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

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