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Censure

Presse guinéenne : Entre le brodequin et la cisaille ?

Ces derniers temps, la presse guinéenne se retrouve plongée dans les ténèbres les plus profondes de son existence. Les patrons de presse, visiblement épuisés des coups de pied dans leurs « principes », ont décidé de courber l’échine devant les autorités. Peut-être devrions-nous les comprendre car, après tout, qui ne chercherait pas à survivre dans un climat où la liberté d’expression est devenue une denrée rare ?

Cependant, la récente décision de ces patrons de presse de créer un organe d’autorégulation et de le soumettre aux autorités pour appréciation, suscite des inquiétudes.  En effet, l’autorégulation devrait être un mécanisme interne, libre de toute influence extérieure. Soumettre cet organe aux autorités pour approbation remet en question son indépendance et le transforme en une mascarade absurde.

Imaginez une souris demandant à un chat son avis sur la façon dont elle devrait se mettre à l’abri d’un prédateur !

Les autorités doivent se régaler de cette mascarade. Elles obtiennent ainsi un vernis de respectabilité pour leur mainmise sur la presse, en observant de loin le spectacle grotesque de ces patrons de presse qui se soumettent à leur bon vouloir.

Peut-être sommes-nous témoins de l’avènement d’un nouveau genre de journalisme : le journalisme auto-censuré, où les titres des journaux sont approuvés avant impression et les éditoriaux rédigés sous le regard bienveillant des censeurs officiels.

La liberté de la presse en Guinée est-elle devenue une blague ? Ou peut-être est-ce simplement une comédie grotesque, jouée par des acteurs désespérés sur un théâtre de l’absurde ?

Pendant ce temps, de nombreux Guinéens sont en quête d’un souffle d’air frais dans cette étouffante atmosphère de contrôle et de compromis, de suspicion et d’inquisition.

Pour tout dire, la tragédie de la presse guinéenne sous le régime de la Transition ne réside pas seulement dans les coups de godasses qu’elle reçoit, mais dans la perte de son âme, vendue au plus offrant. Ou au plus fort du moment.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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