Des citoyens de Landréyah ont barricadé la route dans l’après-midi du jeudi 6 juin. Femmes, jeunes et enfants sont descendus dans la rue pour réclamer le retour de l’électricité et demander le remplacement d’Abdoulaye Camara, leur chef de quartier, accusé de partialité.
Selon la population, cette autorité locale favorise d’autres secteurs, négligeant le leur, surtout en matière de distribution électrique.
La police, venue disperser la manifestation avec des gaz lacrymogènes, a exacerbé la colère des habitants.
Elhaj Alhassane Camara, un citoyen, raconte : « Je dormais quand j’ai entendu les tirs de gaz lacrymogènes. Les étuis sont tombés devant ma porte. En me réveillant, je me suis retrouvé entouré de fumée, m’empêchant de respirer. Mes petits-fils ont été affectés par le gaz et je les ai pris avec moi. La police était déjà passée, mais est revenue et est entrée dans ma concession. Je leur ai dit de sortir, mais ils cherchaient les manifestants. Finalement, je les ai convaincus de partir, » a-t-il expliqué.
Il a ajouté que le courant électrique est instable depuis plusieurs mois. « Cela fait trois jours consécutifs sans électricité chez nous. Le problème a commencé pendant le Ramadan. On nous dit que le transformateur est insuffisant et doit être changé. Les gens ne peuvent plus travailler, les soudeurs et ouvriers sont au chômage. Mon téléphone est déchargé et nous prions parfois dans l’obscurité, » a-t-il déploré.
Très remonté, Bafodé Camara a attribué la violence policière au chef de quartier. « Nous subissons constamment des pertes matérielles. Le courant ne tient même pas 30 minutes. D’un côté du quartier il y a de l’électricité, de l’autre non. Nous n’avons pas l’habitude de manifester, mais comment se fait-il que la police intervienne sans ordre ? Comment notre chef de quartier peut-il envoyer des policiers contre nous ? Nous ne faisons que réclamer nos droits. La situation est devenue insupportable, au point que des enfants ont dû être envoyés à l’hôpital, » a-t-il relaté.
Maciré Camara a dénoncé une autre situation : malgré l’absence de courant, les factures continuent d’arriver, atteignant parfois 3 ou 4 millions de francs guinéens. « Si tu ne payes pas, le chef de zone vient couper ton fil, » a-t-elle accusé.
Son domicile n’a pas échappé aux tirs de gaz lacrymogènes. Un bébé a été particulièrement affecté. « Le bébé, qui n’a même pas un mois, était avec sa mère. Quand le gaz a été tiré, j’ai dit à sa mère de se réfugier dans ma chambre, mais l’enfant ne pouvait pas supporter. Nous avons dû verser de l’eau sur lui, surtout qu’il est déjà malade. »
Abdoulaye Camara, président du conseil de quartier Landréyah et coordinateur des chefs de quartier de Dixinn, a tenté d’apaiser les tensions. « Informé de la situation, je suis allé sur place et j’ai demandé aux familles de retirer les barricades pour qu’on puisse discuter. Mais la situation était déjà tendue (…). La police est intervenue et a commencé à tirer des gaz. J’ai été insulté et un bouton de ma chemise a été arraché. J’étais en colère et ai demandé l’arrestation d’un jeune. Le gaz m’a forcé à partir, mais je suis revenu pour discuter », a-t-il relaté.
Concernant les accusations de partialité, il a répondu : « Ils disent que je favorise certains secteurs, mais ce n’est pas vrai. Ce que je fais avec EDG aujourd’hui est transparent. Si je bénéficie du courant et que les autres n’en ont pas, je suis prêt à en assumer les conséquences. Nous avons une ligne dédiée pour le président. J’ai demandé à EDG de venir sur place pour résoudre le problème. Cela fait trois jours sans courant pour eux, et une semaine pour moi. J’essaie de sensibiliser les familles, les jeunes et les imams pour qu’ils acceptent cette situation temporaire. »
Enfin, le chef de la délégation spéciale s’est engagé à négocier pour résoudre cette crise. « Je comprends leur colère et j’assume mes responsabilités. Il est important de rester à l’écoute et de chercher des solutions pour éviter d’autres problèmes. En tant que chef, il faut savoir faire preuve de patience et de compréhension, même face aux insultes. Ma priorité est d’aider cette population qui souffre, » a-t-il indiqué.
Abdou Lory Sylla pour guinee7.com