Il y a cinq mois, Youssouf Touré, alias Joli, un des témoins au procès des événements du 28 septembre 2009, a formulé de graves accusations contre le capitaine Moussa Dadis Camara.
Lors de sa plaidoirie ce lundi, Me Almamy Samory Traoré s’est efforcé de démonter les accusations portées contre son client. Il a également contre-attaqué en rappelant le passé peu reluisant de l’accusateur et a annoncé que le barreau porterait plainte contre ce dernier pour des propos tenus à l’encontre des avocats, notamment Me Dinah Sampil. « Je reviens sur le témoignage d’un certain Youssouf Touré, alias Joli. J’ai évité de l’interroger, sinon, il aurait peut-être dit que Me Samory était là-bas aussi… Eh, 700 millions, moi, je vais donner ça à un témoin ? Donc nous sommes maudits ? Je vais vous dire deux choses sur lui : son métier, c’est la diffamation, la dénonciation calomnieuse et les injures publiques. Je parle de faits précis et on ne pourra pas me prouver le contraire, » a martelé l’avocat.
Il a ajouté : « Cet individu est venu à cette audience pour exprimer la haine qu’il nourrit depuis longtemps contre le capitaine Dadis, en méprisant son serment. Ce procès est public. On sait qu’un témoin ne doit pas suivre les débats avant sa déposition. Le procès est publié partout. Les gens colportent des choses, et on utilise des individus spécifiquement pour ça, pour détruire l’image et l’honorabilité des gens. Pourquoi je dis qu’il est haineux ? Quand on lui a posé la question, il a dit : ‘Moi, toute personne qui trahit Ousmane Conté, je vais régler son compte ; je vais dire tout ce que je sais de toi. Parce qu’avec Ousmane Conté et Dadis, on a scellé un pacte, on ne doit pas trahir les autres.’ Il aurait mis Ousmane Conté en prison. Monsieur le procureur, vous auriez dû trouver un autre témoin (…) Il (Joli) a été déclaré coupable de diffamation et d’injures publiques par voie de presse et n’a pas fait appel de cette décision. Quelqu’un qui a été condamné pour mensonge, peut-il dire la vérité devant une juridiction criminelle comme la vôtre ? Il ne comparaît pas devant vous en homme sincère. Il a été condamné par des juges comme vous. Sa déclaration vaut quoi ? Elle ne peut rien valoir pour moi. C’est pourquoi je me suis abstenu de l’interroger. Il n’en vaut pas la peine. »
Il a également annoncé des représailles : « Les accusations qu’il a portées contre nous, vous en entendrez parler. Parce que nous sommes un barreau sérieux. Le bâtonnier s’est saisi du contentieux. L’instruction est en cours. On va lui intenter un bon procès. Je serai heureux d’être partie civile ce jour-là pour rétablir l’honneur de nos confrères. »
Enfin, il a demandé au tribunal de faire preuve d’indulgence envers son client par rapport à certains comportements qu’il a eus à la barre : « Quand on est chef de l’État, beaucoup de choses peuvent être faites. Dans un pays où l’on règle des comptes, c’est pourquoi j’ai dit au capitaine Dadis qu’il doit rester calme. Je comprends son agacement. Du fait que vous vous levez souvent parce que vous n’êtes pas d’accord avec certains propos, on vous comprend, vous n’êtes pas habitué à la justice. Et c’est pourquoi je demande à monsieur le président et ses assesseurs de comprendre cette position. »
Abdou Lory Sylla pour guinee7.com