Censure

Lumières éteintes, vérité cachée : Les démêlés énergétiques de la Junte guinéenne

Le porte-parole du gouvernement de la junte en Guinée, Ousmane Gaoual Diallo a, vendredi, affirmé qu’il était ‘‘injuste de mettre sur le compte du CNRD et du gouvernement actuel les difficultés d’électricité que nous connaissons dans notre pays. Cette question n’a jamais été réglée en Guinée depuis l’indépendance’’. Et voilà, mesdames et messieurs, un exemple éblouissant de l’art guinéen de la dissimulation !

C’est de notoriété publique : Les intellectuels guinéens ont souvent une relation complexe avec la vérité et la bonne foi. Mais quand le ministre Gaoual parle, il ne s’agit plus de complexité, mais de génie pur. En effet, qui aurait pu imaginer que la lumière -ou plutôt l’absence de celle-ci- pourrait être si habilement utilisée pour éclairer les torts d’autrui ?

Rappelons, pour ceux qui auraient la mémoire aussi défaillante que la desserte actuelle en électricité, que lors du coup d’État qui a porté le régime actuel au pouvoir, des Guinéens étaient sortis des ténèbres, grâce aux milliards de dollars investis par le régime défunt et ses partenaires dans les barrages, le thermique et l’interconnexion. Ce n’est pas moins de 2 milliards de dollars ! Mais chut ! Le ministre Gaoual préfère garder cela dans l’obscurité.

Il serait un manque de droiture de ne pas reconnaître les efforts du passé. Depuis les premières heures de l’indépendance, les études convergent vers une vérité éclatante : l’indépendance énergétique de la Guinée dépend en grande partie de la construction des barrages sur le Konkouré. Un héritage débuté par le régime de Conté avec Garafiri (446 millions de dollars US), poursuivi par Alpha Condé avec Kaleta (400 millions de dollars US), Souapiti (1milliard 75 millions de dollars US) et Amaria (toujours en construction). Le ministre Gaoual préfère ignorer ces acquis et se concentrer sur l’ombre projetée par les besoins croissants de la démographie galopante et des ménages.

Alors, pendant que nous sommes plongés dans cette pénombre créative, la question reste: quelle solution propose la junte depuis son avènement il y a trois ans? Eh bien, apparemment, celle-là est simple: continuer à blâmer l’obscurité passée tout en restant confortablement assis dans le noir présent.

Et ainsi, chers compatriotes, nous continuons à naviguer dans cette mer de ténèbres illuminée par les éclairs de génie de notre gouvernement. Peut-être qu’un jour, une étincelle de vérité jaillira et éclairera notre chemin vers une véritable indépendance énergétique. En attendant, restons dans le noir, en abusant de (la) sémantique et figures de… style.

Par Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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