Nous sommes réunis ici aujourd’hui parce que l’Armée Guinéenne a réussi un premier test important; le bataillon du Gangan a été certifié prêt à être déployé à l’opération de maintien de la paix des Nations Unies au Mali. Avec nos alliés français, nous nous sommes investis dans le succès du bataillon du Gangan tout comme nous nous sommes investis dans la réussite de nos objectifs communs de paix, d’unité et de réconciliation nationale au Mali.
C’est un vote de confiance aux soldats du bataillon, sa direction, et sa formation. Sur un plan plus large, c’est un vote de confiance au processus de réforme du secteur de la sécurité dirigé par le Président Condé et les dirigeants supérieurs civils et militaires des forces armées.
Le vrai test, cependant, réside dans l’avenir.
Comme pour le cas des grands-pères des soldats d’aujourd’hui que nous avons aidés à se déployer au Congo, et avec leurs pères que nous avons soutenus au Libéria et en Sierra Leone, nous envoyons des fils de la Guinée – et pour la première fois un certain nombre de ses filles – dans un conflit actif. Le bataillon du Gangan se déploiera dans un pays profondément attaché à la Guinée par des liens de la langue, la culture, la religion et la famille, un pays qui a récemment réaffirmé la qualité de la relation bilatérale en résistant à la fausse tentation de fermer ses frontières suite à des cas d’Ebola sur son territoire.
Au Mali, comme en Guinée, le succès de la mission du bataillon du Gangan dépendra de quelques facteurs clés:
- La population va-t-elle aller vers eux ou dans la direction opposée ?
- Est-ce que les civils maliens vont les considérer comme des amis ou des ennemis, des protecteurs ou des prédateurs?
La formation française et américaine peut préparer les soldats au combat, mais seule la culture de la Guinée peut préparer un soldat pour le côté non-combattant de ses fonctions. Chaque fois qu’un soldat est déployé parmi les civils, les mêmes questions s’appliquent qu’il s’agisse des Guinéens, Français ou Américains:
- Est-ce qu’il va les considérer comme des frères et sœurs à l’abri du danger, ou va- t- il les considérer comme une proie?
- Est-ce qu’il va se considérer comme leur serviteur ou comme leur maître?
- Est-ce qu’il va protéger leurs moyens de subsistance ou se servir du fruit de leurs efforts?
- L’arme qu’il détient et l’uniforme qu’il porte lui donneront le pouvoir sur ses semblables, mais est-ce qu’il va utiliser ce pouvoir à son profit ou pour le leur?
Je crois que le gouvernement et le peuple de Guinée ont accompli la première étape importante de la réforme du secteur de la sécurité, en plaçant les forces armées sous l’autorité des institutions démocratiques élues de l’Etat et en réorientant leur mission vers les défis de sécurité internes et externes légitimes qui se posent au pays.
Permettez-moi d’être clair à cent pour cent… notre implication avec le bataillon du Gangan n’aurait pas été possible sans la réforme du secteur de la sécurité des trois dernières années. Nous avons besoin de fournisseurs de troupes au Mali – ainsi qu’au Congo et au Soudan – mais nous ne nous serions pas tournés vers la Guinée si nous n’avions pas foi en ses soldats et leurs dirigeants, militaires et civils.
Notre objectif commun au Mali et en Guinée, est de créer une situation où les civils s’éloignent des bandits, des criminels et des terroristes … et vont vers les militaires, les policiers et les gendarmes. Qu’il s’agisse du Mali, de la Guinée, de l’Irak ou de l’Afghanistan, nous ne pouvons réussir que si nous sommes considérés comme le côté qui protège et sert.
La réforme du secteur de la sécurité est un travail en cours … le peuple de Guinée n’a pas besoin d’un ambassadeur américain pour leur dire ce qu’ils savent déjà. Aujourd’hui, cependant, je suis heureux d’annoncer à mon propre gouvernement que la Guinée est bien sur le chemin; la distance à parcourir ne doit pas occulter celle déjà parcourue.
Aujourd’hui, nous disons au revoir à l’équipement que vous voyez ici; bientôt nous allons dire au revoir aux hommes et aux femmes qui seront déployés au Mali. Nous allons garder nos prières et nos vœux pour les soldats.
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