La Guinée est un pays de paradoxes, où tout semble possible, même l’inimaginable. Il est difficile de concevoir qu’un chanteur puisse ordonner le licenciement d’un employé simplement parce que ce dernier a accompli son travail. Une telle situation soulève de sérieuses questions sur le respect des droits des citoyens et sur l’état de la société guinéenne.
Dans un pays où les droits des citoyens sont respectés, l’artiste Yama aurait dû être convoquée pour s’expliquer sur son comportement inapproprié. Il est inacceptable de provoquer un tapage inutile dans un service public en croyant que son statut d’artiste lui confère un pouvoir équivalent à celui d’un décret présidentiel. Son message adressé au directeur général de l’aéroport reflète non seulement un manque d’humilité, mais aussi une méconnaissance flagrante des principes d’égalité et de respect mutuel. Comment un simple citoyen pourrait-il se croire supérieur à un autre, simplement parce qu’il est connu ?
Cette situation met en lumière le niveau alarmant d’ignorance de certaines « personnalités publiques » en Guinée. Le fait que Yama ait osé jurer par tous les dieux de son imagination qu’elle ferait licencier une employée de l’aéroport montre à quel point l’absurdité peut atteindre des sommets dans ce pays. Il semble que pour certains, il suffise de prendre un micro, de chanter et de passer à la télévision pour se considérer comme une personnalité digne du respect dû à un roi. Il est grand temps de rappeler à ces prétendues célébrités qu’elles ne sont en rien supérieures à l’enseignant qui, dans le dernier village de Guinée, accomplit sa tâche avec dévouement.
Il est urgent que les autorités guinéennes prennent leurs responsabilités. L’artiste Yama Sega doit être rappelée à l’ordre, et si possible, sanctionnée de manière exemplaire pour sa conduite répréhensible. Il est impensable qu’une simple chanteuse, du fait de sa « notoriété », puisse se permettre de donner des ordres à un haut fonctionnaire de l’administration publique. Une telle injonction laisse à penser que c’est elle qui commande le pays, ce qui est évidemment absurde.
Dans un pays normal, Madame Traoré, la fonctionnaire visée par cette intimidation, mériterait une promotion. Son courage et sa détermination sont à saluer. Elle a refusé de céder au trafic d’influence et à l’intimidation, démontrant ainsi une intégrité exemplaire. Bravo à cette femme honorable qui, par son attitude, a prouvé que la dignité et le professionnalisme existent encore en Guinée, malgré les tentatives de déstabilisation par des individus qui confondent « popularité » et pouvoir.
Cet incident est révélateur des dysfonctionnements qui minent la société guinéenne. Il est impératif que les autorités agissent pour rétablir l’ordre et rappeler à chacun ses limites. La Guinée ne peut pas se permettre de tolérer de tels excès, au risque de sombrer davantage dans le désordre et l’injustice. Le respect des lois et des institutions est le fondement de toute société civilisée, et il est temps que cela soit réaffirmé avec force dans notre pays.
Abdoulaye DABO