BANNIERE GUINEE MILLION VERSION
Censure

Lettre ouverte : De l’Espagne, Madiou Gobaye écrit au Gal Doumbouya et à Bah Oury

Son Excellence Président Mamadi Doumbouya, président de la transition,

Son Excellence Le Premier Ministre Amadou Oury BAH, chef du gouvernement guinéen,

en vos titres et honneurs respectifs,

Sauf votre respect,

Voici plus d’un mois que nos compatriotes SYLLA ‘’Foniké Menguè’’ Oumar et son collègue Mamadou Billo BAH, acteurs de la société civile tous domiciliés à Conakry ont été lâchement kidnappés à leurs domiciles et conduits vers des destinations inconnues à ce jour.

Est-il besoin de rappeler que la Guinée, notre chère patrie, a été à l’avant-garde de la quasi totalité des mouvements de libération du continent africain et de son peuple ?

Du nord (guerre d’indépendance de l’Algérie) au sud du continent (lutte anti apartheid en Afrique du sud), d’est en ouest, la Guinée n’avait ménagé aucun effort pour venir en aide à nos frères d’Algérie, aux indépendantistes de Gambie, du Cap Vert et de la Guinée Bissau, de l’Angola et aux leaders de l’A.N.C., mouvement de lutte de Mandela pendant les années de braise de la lutte contre la ségrégation raciale et j’en passe des meilleurs.

On peut donc affirmer sans risque de se tromper que la Guinée est le BERCEAU de la LIBÉRATION du continent. Autant dire que la Guinée et son peuple sont des entités LIBRES par essence et qu’à ce titre, aucun Guinéen (ou Guinéenne) ne devrait être inquiété de quelque manière que ce soit pour son opinion, son appartenance politique, idéologique ou confessionnelle…

LE GLORIEUX PEUPLE DE GUINÉE EST NATURELLEMENT UN PEUPLE LIBRE ET DIGNE.

L’enlèvement musclé de ces braves leaders d’opinion est une énième insulte aux luttes menées par le vaillant peuple de Guinée pour la liberté des peuples et la dignité humaine et une tache noire pour l’image de notre chère patrie.

En effet, Excellences, l’état de droit auquel nous aspirons et que nous appelons de tous nos vœux et dont vous êtes les fiers garants dispose de suffisamment d’instruments juridiques et de moyens humains et financiers permettant de traquer, de débusquer et de mettre hors d’état de nuire tout individu ou groupe d’individus troublant la quiétude sociale et l’ordre public dans le strict respect de leurs droits et sans violation aucune de leur intégrité physique; comme c’est le cas partout dans les pays respectueux des droits de l’homme et de la dignité humaine. De nobles valeurs si chères à nos croyances religieuses.

Qu’à cela ne tienne, des témoignages concordants et dignes de foi pointent du doigt des éléments des forces de défense et de sécurité et des Forces Spéciales de Guinée comme étant à l’origine de ces actes barbares.

Ces détentions arbitraires d’un autre âge sont toujours suivies par des actes de tortures et d’humiliations de toutes sortes, des traitements inhumains dégradants peu recommandables que condamnent vigoureusement nos coutumes et traditions, nos textes de lois et toutes les conventions auxquelles nous avons librement souscrit.

Des voix et non des moindres s’élèvent déjà et qui redoutent même que le pire ne leur soit arrivé.

Je ne vous apprends rien, Excellences, en rappelant que dans un état qui se veut démocratique, les divergences d’opinion sont normales et constituent même le carburant qui alimente les débats contradictoires propices à l’éclosion d’idées brillantes et novatrices à même d’impulser le changement et donc le progrès. C’est de ces perpétuelles contradictions que se nourrissent la démocratie et ses institutions.

Dès lors, gouverner revient juste à savoir prendre de la hauteur et se mettre à l’écoute de toutes ces voix discordantes afin d’en tirer le meilleur parti possible et prendre les décisions idoines et inclusives pour le bonheur de chacun et tous dans une transition apaisée et consensuelle.

C’est un sacerdoce. Une tâche ingrate, certes, mais à laquelle seuls, les Hommes d’état responsables et vertueux s’astreignent.

Excellence Monsieur le président de la transition,

Excellence Monsieur le Premier ministre,

En prêtant serment lors de vos différentes prises de fonction, vous avez solennellement juré devant Dieu et les Hommes de protéger la Guinée, son peuple et ses institutions républicaines.

Qu’il me soit donc permis de vous rappeler, humblement, ce serment sacré que vous avez librement prêté devant la nation à travers ce cri de cœur d’un citoyen qui croit encore à la réussite de la transition et à un dénouement pour le moins heureux de cette regrettable situation qui vous attriste tout autant que l’ensemble de nos compatriotes.

Il est de votre responsabilité politique, morale et historique de tout mettre en œuvre afin que lumière soit faite sur ce qui, manifestement, s’apparente à une disparition forcée de ces honnêtes citoyens aux fins de les localiser, les faire libérer et qu’ils soient présentés sains et saufs à leurs familles respectives dans les meilleurs délais.

En vous renouvelant mes vœux de réussite, je vous prie de bien vouloir agréer, Excellences, l’expression de mes salutations distinguées.

Dieu bénisse la Guinée et son glorieux peuple.

Madiou GOBAYE, Professeur d’écoles.

Murcia, Royaume d’Espagne, ce 19 août 2024.

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