En Guinée où le mérite se mesure parfois à la décibelisation des calomnies, un nouveau héros est né. Jean-Marie Soriba Koumbassa, alias ‘‘Jannot Koumbassa’’, a gravi les échelons grâce à une compétence rare : l’art de la destruction verbale sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, il est nommé directeur adjoint de l’Office guinéen de publicité (OGP), une régie financière stratégique. Et tout le monde se demande : quelle est sa vraie spécialité ? Le décret le nommant dit qu’il est un consultant en ressources humaines. Pince sans rire.
Un diplôme mystérieux, mais un talent évident
Les curieux ont fouillé, enquêté et même spéculé sur les études de M. Koumbassa. Rien. Pas de trace d’un quelconque diplôme. Mais qu’importe, car sa vraie expertise se lit dans ses posts incendiaires. Son téléphone est une arme redoutable, et personne n’échappe à sa fureur numérique, pas même les autorités préfectorales de Fria, victimes régulières de ses pamphlets en ligne.
Un modèle de courage… sélectif
Quand il commençait à désespérer, dans une vidéo qui a fait le tour des réseaux, il n’y a pas longtemps, notre nouveau deuxième dirlo de l’OGP a tenu des propos édifiants. Alors qu’il sermonnait un vlogueur tenté de défendre le Général Mamadi Doumbouya, il a rappelé qu’il n’était pas question de prendre des risques inutiles :
‘‘Je me bats pour ma femme, mon enfant, je peux défendre mon pays sans jamais prendre de risque’’ (voir en dessous un extrait de la vidéo).
Voilà donc un homme de principes, surtout lorsqu’il s’agit de s’épargner tout inconfort personnel. Ironie du sort, c’est ce même homme qui se retrouve aujourd’hui à gérer une institution aussi cruciale que l’OGP. Avec lui, on peut être certain que les intérêts de la nation passeront… après les siens.
Calomniateur en chef
Ses fidèles sur les réseaux sociaux le décrivent comme un ‘‘leader d’opinion’’, un expert en ‘‘management de perception publique’’ (comprenez : dénigrement ciblé). Avec une particularité : contrairement aux autres vlogueurs, lui ne s’attaque pas qu’aux adversaires du Général Doumbouya -d’ailleurs dans l’extrait qu’on vous propose en bas, il dit clairement qu’il défend ses intérêts-, il calomnie et invective tous ceux qu’il pense lui faire de l’ombre. C’est dommage que son parcours prouve que dans la Guinée actuelle, le talent pour le scandale virtuel vaut parfois plus que l’expérience professionnelle ou le mérite académique. D’ailleurs pourquoi se tuer à la tâche pour un diplôme quand une série de vidéos bien ciselées suffit à décrocher un poste prestigieux ?
L’avenir de l’OGP entre de bonnes mains ?
Aladji Cellou est nommé directeur. Quoi qu’on dise de lui, il est évident qu’il est un journaliste. Il a des repères professionnels. On ne peut malheureusement pas en dire autant à propos de son adjoint. ce qu’il faut pour ce dernier, c’est sans doute lui créer un département spécial pour les campagnes de diffamation sponsorisées, ou un service d’influence numérique basé sur des clashs stratégiques. Sinon la publicité guinéenne risque de devenir aussi sulfureuse que ses publications Facebook.
Pour tout dire, en nommant Jannot Koumbassa au poste de directeur adjoint de l’OGP, les autorités envoient un message fort : l’ère du mérite est révolue, vive l’ère des influenceurs, des propagandistes émotionnels.
Ci-dessous l’extrait d’une de ses vidéos pour certainement faire du chantage qui, à bien des égards, a payé.
Décryptage: Ne mène aucun combat qui restreigne ta liberté. Je suis du CNRD, je défends le CNRD, mais je suis contre cette manière de faire. Ça ne te protège pas, ça ne t’envoie nulle part. Ne le refais plus pour eux, même pour Mamadi. Si Mamadi laisse les gens dire des insanités sur ses parents, sans limoger ceux qui doivent faire le boulot, tu n’es ni le procureur, ni le juge, encore moins le garde de corps de Mamadi. Tu te bats pour protéger Mamadi, mais toi qui te protège ? Qui t’aide ? Certains diront que tu es maudit. Tu n’aimes pas Mamadi mieux que moi. Mais moi je ne vais jamais prendre de risques pour personne. Je me bats pour ma femme, mon enfant, je peux défendre mon pays sans jamais prendre de risque.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com