Censure

Exclusif : « L’ANAD va demander à ses représentants de quitter le CNT » (Dr Edouard)

Après la démission de Me Mohamed Traoré du conseil national de la transition (CNT), l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (ANAD) annonce qu’elle va à son tour demander à ses représentants de quitter le navire. C’est ce qu’a déclaré ce mardi, Dr Edouard Zotomou Kpoghomou, vice-président de l’ANAD, lors d’un entretien qu’il a accordé à Guinee7.com. Il estime que la démission du représentant du barreau de Guinée au CNT est un acte citoyen. Lisez !

Guinee7.com : Maître Mohamed Traoré, représentant du barreau au conseil national de la transition (CNT) vient de démissionner arguant que sa mission est arrivée à terme. Comment réagissez-vous à cette annonce ?

Dr Edouard Zotomou Kpoghomou : Je trouve que l’acte posé par Me Traoré est un acte citoyen, un acte salutaire. Parce que vous ne pouvez pas rester dans un organe dont la durée de vie n’est plus valable. Parce que le CNT a été mis sur pied pour une période de 36 mois. Et la lettre où le décret de nomination de Me Traoré a été proposé par le barreau de Guinée, où on délimite carrément le temps qui était là, le CNT avait cette période de durée de vie de 36 mois. Et les 36 mois sont venus à terme.

Moi, je trouve qu’il a posé un acte salutaire. Je n’ai même pas hésité pour prendre le téléphone, l’appeler et le féliciter. C’est un acte qui doit être, disons, dupliqué, si vous voulez. Tous ceux qui sont au CNT devrait faire la même chose.

Au sein de l’ANAD, vous avez des représentants au CNT. Est-ce que vous allez leur demander de démissionner ?

Mais bien sûr, la question ne se posera pas. Nous, en tout cas au niveau de l’ANAD, il ne faut pas que l’on soit en contradiction avec les principes que nous sommes supposés, à l’ANAD en tout cas, défendre. Vous ne pouvez pas dire que vous ne reconnaissez pas l’autorité d’une gouvernance et que vous continuez à supporter justement les installations, les institutions de cette gouvernance avec votre participation. Nous trouvons que c’est contradictoire.

Non seulement au niveau de l’ANAD, nous avons même demandé à tous ceux qui sont des forces vives et qui ont des représentants au niveau du CNT, de faire la même chose. Sinon, c’est comme si on était en train de perdre la salive. Donc, nous trouvons, moi je trouve que c’est un acte salutaire et tous ceux qui sont des représentants de l’ANAD, des formations politiques qui sont là, qui sont membres justement des coalitions, qui se retrouvent dans les forces vives, devraient faire la même chose. Parce que non pas l’efficacité du pouvoir, c’est la seule façon de concrétiser effectivement la position que nous avons prise par rapport à la fin de la transition.

Récemment, le ministre porte-parole du gouvernement a annoncé sur RFI que le référendum aura lieu au premier semestre 2025, avant le 30 juin. Est-ce que ça vous rassure ?

Ecoutez, nous avons dit, d’abord nous avions dit, en réaction au discours de l’ex-président de la transition ou de l’ex-transition, nous avions dit que nous ne croyions en aucun mot de ce qu’il avait dit. Parce que, ce n’est pas la première fois qu’on promettait des choses aux Guinéens. D’abord, il y a une contradiction. Le président de la transition a parlé du premier trimestre, mais c’est M. Gaoual qui est venu parler d’un trimestre. Alors on ne sait pas qui dit quoi, qui dit vrai. C’est écrit, vous avez les dossiers, vous pouvez les vérifier. Ça a été dit comme ça. Nous ne croyons pas en cela et nous pensons que ce n’est pas la peine qu’on cherche encore à amuser la galerie. Nous ne sommes pas prêts à aller pour quoi que ce soit d’autre, si ce n’est de dire voilà, nous sommes venus à terme et nous nous dégageons pour qu’on trouve la voie. C’est la voie du salut. La voie du salut, c’est la fin de la transition. Maintenant, si elle arrivait, cette fin de transition, si elle était exécutive, ça nous aiderait tous.

Hier, on a suivi sur les canaux de communication du gouvernement, la rencontre entre le premier ministre et certains de ses prédécesseurs, est-ce que cela augure de l’espoir en vue de l’ouverture d’un nouveau cadre de dialogue ?

Non. En tout cas, nous, nous avons dit une chose au moment où nous parlons. Il n’y a plus de dialogue à faire, comme il y en a eu pendant trois ans. Le dialogue qu’on a pas pu tenir pendant trois ans en cherchant justement à mettre sur pied, que ce soit avec le « dialogue » inter guinéens que ce soit des consultations, que ce soit avec les facilitatrices. On a tout vu. Rien n’est abouti parce qu’il n’y avait pas cette volonté politique pour faire un dialogue réel, un dialogue, disons, inclusif, un dialogue transparent et un dialogue basé effectivement sur la parité dans la participation et justement, qu’il n’est pas de parti pris.

Mais en réalité, c’était des opérations simplement pour gagner du temps. On l’a toujours dit. Ce n’est pas aujourd’hui qu’on va se taire pour le dire. Donc, il ne s’agit pas de créer un autre cadre de dialogue parce que ce dialogue-là n’arrivera nulle part. Vous pouvez amener le secrétaire général des Nations unies, M. Guterres, pour lui dire de faire un dialogue tant que cette volonté-là n’est pas partagée au niveau national, ici par les autorités, ce dialogue n’ira nulle part. Donc, nous ne voyons pas dans quelle mesure, en tout cas nous au niveau de notre formation politique, nous ne voyons pas dans quelle mesure nous allons participer à un dialogue, même à travers notre coalition. Donc, chez nous, il n’est pas question de faire un dialogue, quel que soit les efforts qu’on est en train de déployer ici et là.

 

Entretien réalisé par Bhoye Barry pour guinee7.com

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