Le Palais Mohammed V à Conakry a été le théâtre d’une rencontre de haut niveau entre le Président de la Transition guinéenne, le Général Mamadi Doumbouya, et Aliko Dangote, magnat nigérian et première fortune d’Afrique. Cet entretien, accompagné par une importante délégation du groupe Dangote, s’inscrit, selon la Communication de la Présidence, dans une démarche visant à renforcer les relations d’affaires entre la Guinée et l’investisseur nigérian à travers des projets stratégiques dans les domaines des hydrocarbures, de l’agriculture, et des services financiers.
Les hydrocarbures au cœur des discussions ?
Si la sobriété de l’annonce officielle laisse planer un voile sur les détails précis des échanges, la présence de Lancinet Condé, directeur général de la Société nationale des pétroles (SONAP) à cette audience en dit long sur l’enjeu principal : le carburant. La Guinée fait face depuis plusieurs mois à des pénuries récurrentes à la pompe, une situation qui pèse lourdement sur l’économie et alimente le mécontentement populaire.
La venue d’Aliko Dangote dont la raffinerie est l’une des plus importantes d’Afrique, pourrait représenter une solution immédiate et durable à cette crise énergétique. En effet, la raffinerie Dangote, en pleine expansion depuis son lancement au Nigeria, a intensifié ses exportations de carburant vers d’autres pays africains, atteignant 100 000 barils par jour en mai dernier. Cette dynamique s’accompagne d’une stratégie agressive d’approvisionnement qui cible plusieurs États du continent.
Selon des informations publiées en novembre dernier, le groupe Dangote était déjà en négociation avec huit pays africains, dont l’Afrique du Sud, le Tchad et le Niger, pour établir des accords d’approvisionnement. Toutefois, le marché intérieur nigérian reste confronté à des difficultés d’écoulement de son carburant, en raison notamment de la régulation complexe des prix et de la saturation du marché local.
Ce qui fait dire à certains observateurs que la démarche de l’homme d’affaires vers des pays comme la Guinée, pourrait relever d’une tentative de trouver des débouchés pour un produit en surplus.
Une opportunité pour la Guinée ?
Pour Conakry, cet intérêt du groupe Dangote est une aubaine. Au-delà des hydrocarbures, la perspective d’investissements dans l’agriculture et les services financiers pourrait ouvrir la voie à une transformation structurelle de l’économie guinéenne. Cependant, le défi réside dans la capacité de l’État à négocier des partenariats équitables et à garantir une transparence dans la gestion des projets.
La rencontre entre le Président Doumbouya et Aliko Dangote marque donc un tournant potentiel dans les relations économiques entre Africains. Si les promesses se concrétisent, ce partenariat pourrait offrir une bouffée d’oxygène à une population guinéenne en quête de solutions aux défis quotidiens. Néanmoins, comme toujours, l’avenir de ces engagements dépendra des actes plus que des paroles.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com
