Mamadi Sinkoun Kaba, ancien directeur du protocole d’État d’Alpha Condé, a rejoint sa dernière demeure ce jeudi au cimetière de Cameroun. Avant son inhumation, un symposium a été organisé à l’occasion de la levée du corps à l’hôpital Sinoguinéen de Kipé.
Les témoignages se sont alors multipliés. Naby Kiridi Bangoura, ancien secrétaire général de la présidence, a expliqué comment cet homme qui, dit-on, « murmurait aux oreilles d’Alpha Condé », a occupé ce poste.
Il lui faut quelqu’un qui n’hésite pas
« En 2015, nous nous sommes interrogés, comment suppléer à la fonction de directeur du protocole d’État, l’occupant étant appelé à d’autres fonctions? Et on s’est consulté avec Monsieur Kaba ici présent. Je dis, tu sais mon petit frère docteur Kaba, il faut qu’on trouve quelqu’un pour le président qu’il peut insulter, qu’il peut chasser sans qu’on ait des problèmes. Faut qu’on lui trouve un fils, quelqu’un qui le connaît, qui l’aime. Cela va nous soulager tous. Parce que le directeur du protocole, quoi qu’on fasse dans une administration, reste la dernière instance qui ferme ou ouvre une porte ; qui passe ou pas un message et le président vu son tempérament et son grand caractère. Il lui faut quelqu’un qui n’hésite pas, qu’il peut renvoyer 1000 fois et qui peut revenir 1000 fois. Je vous propose qu’on réfléchisse au cas de Kaba. C’est ainsi que Kaba, après consultation de tout le cabinet, a été proposé au président de la République ».
il a été le fils du président et le président a été un père bienveillant
« Kaba ne voulait pas être directeur du protocole, il voulait aller à l’ambassade au Canada. Il dit non grand, toi tu ris comme ça. Moi, laisse-moi tranquille, moi je ne veux pas aller à la présidence, tu as vu comment vous êtes malheureux là-bas ? Vous êtes toujours enfermé. Moi, je veux aller au Canada. Yandi, aidez-moi à aller au Canada. Je suis à l’élevage là comme conseiller économique, enlevez-moi là-bas, envoyez-moi au Canada. Il venait de se marier avec Hadja et je dis : c’est la position de Hadja. Il dit : oui, c’est la position de Hadja. J’ai dit : si Hadja est d’accord pour que tu restes, tu peux accepter ? Il a dit oui. Un soir j’ai appelé Hadja, je lui ai fait part de notre proposition, de notre souci. Elle m’a dit, mais grand frère, il peut le faire. J’ai dit oui, il peut le faire. Il a accepté et sincèrement, il a été le fils du président et le président a été un père bienveillant pour lui et tout ce qui était compliqué avant, devenait simple parce que de toute façon on disait à Sinkoun : dès que le président est prêt, informe-nous, dès que le président est debout, donne-lui ce dossier. Il y a tel qui veut voir le président. Je voulais dire cela. Il a rendu le travail du cabinet 50 fois plus facile qu’il n’était avant son arrivée à ce poste ».
Sinkoun a été vraiment le facilitateur, le soutien et le protecteur de la fonction présidentielle
« Il n’a pas été que le chargé du protocole. Parce qu’en Guinée, on a tendance à mépriser cette fonction… Sinkoun a été vraiment le facilitateur, le soutien et le protecteur de la fonction présidentielle pendant tout le temps qu’il a passé à cela.
Je voulais aussi insister sur un fait, parce qu’on ne peut pas fuir son destin. Voilà un jeune homme qui avait tout pour faire un grand diplomate, tout pour faire un grand directeur du protocole qu’il a fallu prier pour accepter le travail dans lequel il a excellé plus que tous ».
il n’a jamais hésité à plaider une bonne cause
« Nous avons recruté Sinkoun à l’époque en pensant qu’il va nous aider à gérer le président. Il va nous aider à ce que le président puisse passer ses messages sans trop de frottement avec les uns et les autres. Il l’a fait quand le président était en colère et souvent de façon justifiée. Il essayait d’amener le président au calme avant de recevoir les cadres. Je voulais ici lui rendre cet hommage-là et vous dire que tous ses collaborateurs de la présidence, retiennent de lui une chose extraordinaire : il n’a jamais hésité à plaider une bonne cause. Il est à la fois un talent individuel excellent et un esprit d’équipe extraordinaire ».
Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com