Censure

Déguerpissement, Jeux Olympiques, pratique du tir à l’arc : le Directeur Technique National passe en revue sa discipline.

Dans un entretien exclusif accordé à un journaliste de guinée7.com, le directeur technique national et secrétaire général par intérim de la fédération guinéenne de tir à l’arc, Saa Français Hamza Komano, a évoqué de pratique de la discipline mais aussi le déguerpissement dont la fédération est victime à cause des travaux de renovations du stade 28 septembre.  

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Comment se porte aujourd’hui le tir á l’arc ?

Alors là, je dirais très mal. Je ne souhaiterais pas commencer par ça, sinon l’année a été vraiment rose pour nous, mais avec la rénovation du stade du 28 septembre, le tir à l’arc risque de disparaître. Peut-être que c’est un autre dossier, parce que vous n’êtes pas sans savoir que le ministère nous a demandé de déguerpir le stade du 28 septembre et jusqu’à présent nous n’avons pas de point de chute. Nous avons été orientés vers le stade de Coleyah, mais malheureusement avec les dirigeants de ce stade, nous ne nous sommes pas entendus. Donc, les discussions sont en cours avec le ministère pour trouver les solutions. Le département est engagé quand même à maintenir la pratique de cette discipline, comme ça se doit, en nous trouvant un autre espace. Nous avons eu moins de trois rencontres la semaine dernière et ça va continuer encore cette semaine. Ils ont déjà localisé un espace. On n’a pas d’autre solution, il faut accepter l’espace, mais à condition que l’espace soit sécurisé, clôturé, et avec les autorités de Coleyah, notamment l’ancien international guinéen Fodé Mansaré, l’administrateur qui refuse catégoriquement à ce que la clôture soit mise là-bas pour mettre à la disposition de la fédération du Tir á l’arc.

Alors qu’est-ce qu’on peut retenir de façon brève comme réalisation au sein de la Fédération ?

C’est la participation du Tir á l’arc aux Jeux Olympiques de Paris 2024. C’est la première fois que le Tir á l’arc participe à un événement majeur comme les Jeux Olympiques et c’est un objectif de plusieurs années qui s’est concrétisé à Paris pendant ces Jeux. L’aspect le plus positif de notre fédération pour 2024, c’était cette participation, et ce n’était pas une participation juste pour figurer aussi. La Guinée a été témoin de ce que notre représentante a fait, donc déjà ça a été un espoir.

Sur le plan pratique, 2024 a été vraiment une année de performance chez nous. Nous avons participé au championnat du monde, nous avons participé à la Coupe du monde et nous avons participé au championnat d’Afrique également. Aujourd’hui, la Guinée détient le record de l’Afrique chez les femmes en termes de performance et c’est détenu par notre athlète Fatoumata Sylla. Donc aujourd’hui, la Guinée, sur le plan de performance, chez les dames, elle figure en première place. Déjà, le score réalisé depuis que le tir à l’arc est rentré en Afrique, le score que notre archère a réalisé n’a jamais été réalisé en Afrique. Donc déjà, aujourd’hui, c’est ce résultat-là qui place la Guinée au devant de la scène. Et lors des Jeux Olympiques également, vous avez vu, elle était la seule Africaine à sortir de l’eau. C’est une fierté pour le continent africain. Donc, c’est vraiment un résultat qui a été salué par la Fédération internationale qui n’a pas manqué à faire des publications sur le niveau du tir à l’arc Guinéen.

Et sur le plan local ?

Nous nous battons toujours à tenir l’élan de développement du tir à lac. Et tant bien que mal, nous continuons à maintenir la pratique de ce sport, bien que nous ayons des problèmes ou des difficultés pour les espaces. C’est d’ailleurs ça, qui a été mon introduction. Donc le tir à lac aujourd’hui, son développement est freiné par deux facteurs. Le premier facteur c’est l’espace. Nous n’avons pas beaucoup d’espace en Guinée. Même dans les préfectures, nous avons du mal à se trouver de l’espace parce que déjà avec les autorités, certains ne voient pas le tir à l’arc en tant que sport, mais certains voient le tir à l’arc dans une autre brochette qui ne nous convient pas et qui ne favorise pas aussi son développement. La deuxième chose c’est l’acquisition du matériel. Comme vous le savez, on ne fait pas le matériel du tir à l’arc en Guinée. Et on ne peut pas l’avoir n’importe où sur le marché. Donc ça aussi c’est un problème. Mais malgré tout ça, nous parvenons à organiser notre championnat. Le championnat a été organisé en 2024 déjà. Et ça, c’est déjà quelque chose de positif. Parce qu’une fédération qui n’organise pas de compétition sur le plan national n’est pas une fédération. Parce que pour aller se mesurer aux athlètes à l’international, il faut d’abord sur le plan national que vous fassiez votre propre sélection et prendre les meilleurs. Et moi, je pense que nos résultats à l’international reflètent le travail qu’il y a sur le plan local.

Á date On dénombre combien de licenciés ou pratiquants du tir à l’arc en Guinée ?

Selon le dernier championnat, nous avons plus de 300 licenciés enregistrés en 2024. Comme je vous l’ai déjà dit, ce n’est pas un sport comme les autres disciplines. Chez nous, le matériel est personnalisé et unique. Chaque individu est unique donc, le matériel aussi est unique. Le matériel ne se produit pas en Guinée. Nous ne pouvons pas aller en pratique de masse comme les autres disciplines. Mais ce résultat-là aujourd’hui est reconnu au niveau international. Parce que même au niveau international, ce ne sont pas beaucoup de pays qui ont mille et quelques licenciés. Même dans les grands pays. Parce que le tir á l’arc est le deuxième sport le plus cher après le golf. Donc, nous, notre pays, nous le savons, c’est un pays pauvre. Les gens sont pauvres. Aucun parent ne peut mettre 6 ou 7 mille euros pour le matériel. Le ministère des sports, sait ce qu’ils ont déboursé pour acheter l’équipement de Fatoumata Sylla pour aller au JO. C’est près de 7000 $. Voilà, 7000 $ pour son équipement. Qui peut ?

Quelles sont les perspectives pour l’année 2025 ?

Bon, les perspectives, effectivement, il y en a. Mais avec la reconstruction du stade du 28 septembre, cela vient bousiller notre calendrier total. Parce que les priorités vont changer. Dans notre plan d’action, figurent bel et bien toujours la formation des athlètes, des entraîneurs, des arbitres, etc. Et nous avons aussi prévu dans notre plan d’action la vulgarisation vers d’autres préfectures qui n’ont jamais connu le tir à l’arc. Sans compter les compétitions sur le plan local. Mais ce calendrier-là aujourd’hui risque d’être revu parce qu’une autre priorité se fixe, celle d’avoir d’abord un champ de tir national. Pour préparer nos athlètes, ils ont besoin de travailler dans un espace sécurisé propre. Donc ça, c’est un problème déjà.

Sur le plan international, nous avons les camps d’entraînement qui sont en vue. Camp d’entraînement international, parce que si nous sommes partis avec un seul athlète à Paris, mais pour Los Angeles, au moins nous voulons partir avec une paire. Donc pour cela, il faut commencer à habituer nos athlètes à des grandes compétitions. Et à Los Angeles, notre objectif, c’est d’aller sur le podium. Et pour aller sur le podium, il faut commencer dès maintenant à être plus près des potentiels adversaires. Donc, c’est pour ça que dans notre plan d’action cette année, nous avons les deux camps d’entraînement qui sont prévus. Et nous avons la Coupe du Monde. Pour la première fois, nous souhaitons participer aussi à cette Coupe du Monde. Et nous avons aussi le Championnat du Monde qui est prévu au mois de septembre. Dans le camp d’entraînement, le premier camp d’entraînement sera au mois de mars. Et la Coupe du Monde, c’est au mois d’avril, c’est-à-dire 20 jours avant la Coupe du Monde. Il faut que nos athlètes fassent un camp d’entraînement, se préparer dans des espaces vraiment sécurisés, afin d’affronter les meilleurs archers et nous préparer à sortir un autre planning, nous permettant de nous rapprocher de l’objectif de 2028 déjà. Sur le plan africain, également aussi, les compétitions sont programmées. Et éventuellement, notre compétition régionale, qu’on appelle le Tizocata, qui est connue de tous, c’est un événement qu’on ne peut pas rater parce que la Guinée est membre fondatrice de cette organisation.

Quelles sont les nouvelles de Fatoumata Sylla ?

Fatoumata va bien. Physiquement, elle va bien, elle a une bonne santé. Mais mentalement, aujourd’hui, cette fille, elle est affectée parce qu’elle est là en Guinée et son programme d’entraînement est bouleversé à travers le déguerpissement du stade. La fédération, par le biais du comité olympique, nous sommes en train de nous préparer pour l’amener encore dans un centre international, pour se préparer, pour aller faire au moins les quatre années là-bas au mieux, pour être dans les meilleures conditions pour nous remporter des médailles africaines et internationales. Elle se porte très bien physiquement, mais mentalement, c’est une fille aujourd’hui qui est abattue.

Alors, vos espoirs désormais, c’est sur quoi ? Quel est l’appel que vous avez à lancer au ministère des Sports ?

Au ministère des Sports, c’est de nous aider à avoir, dans les brefs délais, le stade de Coleah, comme ils l’ont promis. Mais un stade sécurisé, qui nous aide à mettre la clôture, peut-être d’ici fin février ou d’ici mi-février, que ça se trouve que ce stade est déjà sécurisé, et que les athlètes puissent commencer les entraînements là-bas sans risque. Parce que le camp d’entraînement doit commencer normalement le 10 mars, et la Coupe du Monde commence le 8 avril. Donc, vous avez vu, ce sont ces deux événements internationaux, où nos athlètes doivent aller, et non pas pour aller se promener, mais pour aller faire des résultats permettant d’engranger des points pour la qualification à Los Angeles à 2028.

Thierno Abdoul Barry pour Guinee7.com

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