Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) se tient du 22 février au 1er mars 2025 au Burkina Faso, sous le thème « Cinéma d’Afrique et Identités culturelles ». En prélude à ce rendez-vous culturel, nous vous proposons ce vendredi, un entretien exclusif avec Fatoumata Sagnane, présidente de la Fédération africaine de la critique cinématographique. Au cours de cet entrevue, nous évoquons la participation de la Guinée à cette messe du cinéma africain, ainsi que le rôle que joue son organisation dans cette dynamique culturelle.
Etant la première responsable de cette Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC), quelle sera l’implication de votre organisation durant la 29e édition du FESPACO qui se tiendra du 22 février au 1er mars 2025 à Ouagadougou au Burkina Faso ?
L’implication cette fois-ci de la Fédération africaine de la critique cinématographique ( FACC ) est une participation je dirais habituelle, cette fois-ci beaucoup plus relevée, à un niveau qui donne de la valeur à la critique cinématographique parce qu’avec l’initiative, parmi tant d’autres du FESPACO, nous allons célébrer la semaine de la critique cinématographique. Donc, cette semaine qui s’articulera autour des colloques, autour des masters class, autour des modérations, d’ailleurs, je serai une des modératrices d’un panel. Donc, cette 29e édition du FESPACO met un grand focus aussi sur la valeur de la critique cinématographique, pour moi, qui est une valeur incroyable dans l’écosystème cinématographique. Parce que sans la critique dans le cinéma, dans un cinéma, que ce soit un cinéma africain ou d’ailleurs, ce cinéma-là, pour moi, n’a pas sa raison d’exister. C’est très factuel. En général, notre vie est constituée de faits, de critiques. Et vraiment, l’autre particularité et l’importance de la participation, cette fois-ci encore, de la Fédération africaine de la critique cinématographique, parce qu’au sein même de la facc, nous aurons des activités aussi, un atelier habituel que nous avons l’habitude de mettre en place, pour permettre aux jeunes journalistes culturels de venir goûter à la sauce de la critique cinématographique, leur apprendre, leur initier, parce qu’on peut être un journaliste culturel ou journaliste tout cours pour donner des informations sur des films. Mais c’est différent, par exemple, du regard d’une critique, parce qu’un journaliste simple donne des informations, en fait, à titre informatif, sur une œuvre cinématographique. Mais le regard d’une critique va en profondeur, fait des analyses, des commentaires et fait une autre proposition. Autre proposition, s’il le faut dire ainsi, par rapport à cette œuvre cinématographique qu’il a regardée, et qui permettra même à cette œuvre de traverser le temps, parce que même si un cinéphile n’a pas encore regardé ce film, à travers l’écrit qu’un journaliste, qu’un critique fera, nous donnera l’envie d’aller regarder ce film, de le découvrir dans toutes ses facettes. Donc, on aura cet atelier que nous allons organiser, et aussi une autre catégorie de participants, c’est-à-dire un renforcement de capacités. Et, il y aura aussi l’édition de bulletins que nous avons l’habitude d’éditer pour couvrir toutes les activités du FESPACO, mais aussi aller regarder des films, parce que ça, c’est notre domaine de prédilection primaire, aller dans les salles de projection pour mettre nos écritures à côté de ces films qu’on accompagne.
Bien, ceci dit, quelle est l’importance pour un pays, une entité cinématographique, de prendre part à un tel événement du moment où le FESPACO est considéré de nos jours comme l’un des plus importants sur le continent ?
Ça a tout son pesant d’or, en fait. Cet événement est le bébé de plusieurs pays dont la Guinée. À sa création, la Guinée était effectivement présente. À travers ses devanciers, je peux citer par exemple Tonton Kemo Diakité, et autres. C’est prendre part à cet événement qui a eu l’ampleur, qui a été entretenu par l’État burkinabé, mais par des partenaires aussi, qui sont présents depuis sur cet événement-là, qui ont créé cet événement. Je me dis que tous les pays ont envie de venir là, parce qu’ils savent que c’est un renouveau incontournable pour nos cinémas d’Afrique. Cela permet à un pays qui parle de cinéma, qui veut que son cinéma se développe, qui permet à ce pays de venir s’inspirer de toutes les activités annexes, de tout le programme, le chronogramme du festival en soi, parce que c’est la rencontre des réseautages, c’est la rencontre de donner et de recevoir. Je viens prendre, je viens m’inspirer, et si par exemple je fais partie d’une programmation, je donne. Donc c’est non seulement la rencontre des humains et des professionnels, mais qui donne un sens et qui donne une raison à leur cinéma d’exister. Si un cinéma est en train de patauger à travers ce festival-là, cela permettra à ce pays-là de s’en inspirer et revenir faire mieux.
Donc, pour parler de la particularité de la Guinée, si on vient à ce festival, c’est pour ouvrir les yeux, pour ouvrir les oreilles, pour aller vers l’autre, échanger, comprendre réellement qu’est-ce qui nous manque chez nous en matière de cinéma, en matière d’évolution. Et, c’est aussi se permettre, si on a un bon chronogramme, mais si vous voulez aller à ce rendez-vous, vous n’avez pas le droit à l’échec. Cet échec, c’est quoi ? C’est aller faire du tourisme et revenir. Le Fespaco, c’est le travail, l’énergie de plusieurs hommes et de plusieurs femmes. Et, ils ne dorment pas sur leurs lauriers. Ils ont cru à la chose et les bailleurs ont cru en eux et ils sont venus investir. Donc je crois que la Guinée, si elle veut être présente, il faut qu’elle s’en inspire, de ses belles structurations et pour venir mieux faire les choses.
Notre pays sera-t-il représenté par ses créations cinématographiques dans la sélection officielle de la 29e édition du FESFACON ? Si oui, combien de films seront présents ?
Oui, la Guinée sera présente. Elle sera valablement représentée. Je le dis par connaissance des causes parce que cette fois-ci, on va avec cinq films d’école. Comme la précédente édition, on avait deux films. Un avait remporté un prix mondial. Et voilà, avec cinq films d’école, deux au niveau de l’Institut supérieur des arts Mory Kanté de Dubreka et aussi trois autres sous la coupe de ciné-talent Sabou. Je crois, « c’est comme ça » de Thierno Souleymane Diallo. La Guinée sera représentée parce que, non seulement, il y aura ces cinq films qui sont sélectionnés, mais pour son honneur cinématographique, elle va être présente à travers son ministère de tutelle à la tête M. Moussa Moïse, ministre de la culture, du tourisme et de l’artisanat et aussi avec LONACIG, qui est l’office guinéen du cinéma, de la vidéo et de la photo, qui est en train de se battre pour avoir une très belle fourchette des professionnels pour aller travailler pendant cette 29e édition. En tout cas, je crois que peut-être qu’on sera à une vingtaine, si tout se passe bien. Plus même, on a envie d’avoir plus sur la liste et que les médias en premier, après bien entendu les artistes, que les médias soient vraiment présents, c’est ce qui donnera de la visibilité à la Guinée carrément.
Est-ce que l’État guinéen offre un soutien à ceux qui se rendront à cette 29e édition du FESPACO, comme c’était le cas lors de la 28e édition ?
On espère, on espère fortement, parce que c’est pour cela que je dis que l’ONACIG se bat à travers le ministère de la Culture pour chercher les moyens auprès des bailleurs, auprès des partenaires du ministère de tutelle, mais nous sommes sûrs que le gouvernement de Mamadi Doumbouya est un gouvernement cinématographique et qu’il a les oreilles très tendues, ouvertes en ce moment pour entendre nos plaidoyers et que son gouvernement répondra d’ici 2 à 3 jours au maximum à l’appel pour que la Guinée soit honorée et qu’au retour nous soyons là avec des prix. Et, nous demanderons à son excellence le général Mamadi Doumbouya de commencer à mettre le paquet d’abord sur ce voyage là et qu’au retour qu’il puisse nous appeler et qu’on lui donne une vraie feuille de route pour le cinéma mais pour les médias qui accompagnent le cinéma.
Entretien réalisé par Thierno Abdoul Barry