Censure

Le réalisme politique de Bah Oury

Mercredi, le Premier ministre du gouvernement de la Transition Bah Oury a franchi un pas que seuls les naïfs ne voyaient pas venir : il a déclaré qu’il soutiendrait le général Mamadi Doumbouya si ce dernier décidait de briguer la présidence. Un aveu qui n’étonne guère ceux qui connaissent les rouages de la politique guinéenne et ses compromis nécessaires pour la survie politique.

Le poste de Premier ministre, en Guinée, n’a jamais été un siège autonome de pouvoir. C’est un strapontin, un poste soumis à la volonté du maître du moment. Bah Oury, naguère chantre du combat démocratique, n’échappe pas à la règle. S’il veut rester en place, il doit donner des gages de loyauté à la junte, quitte à sacrifier ce qui lui restait d’indépendance politique. Sa déclaration n’est donc pas un soutien sincère, mais une nécessité stratégique : un Premier ministre de transition qui ambitionne de durer doit prouver son alignement sans réserve.

Certains observateurs s’offusquent, rappelant que Bah Oury fut, en 2009, le président du comité d’organisation de la manifestation contre la candidature du capitaine Moussa Dadis Camara, arrivé lui aussi par un coup d’État. Mais ils oublient une différence essentielle : à l’époque, Bah Oury n’était pas Premier ministre. Il était un opposant, libre de ses critiques. Aujourd’hui, il est en fonction et son avenir dépend de la volonté du général Doumbouya.

Cette sortie publique marque donc la fin d’un suspense factice. Bah Oury sait que son poste est conditionné à son obéissance. Et si la seule parole ne suffit pas, il lui faudra sans doute poser des actes plus concrets pour prouver sa fidélité. Car en Guinée, le pouvoir ne se partage pas : il s’épouse ou il se combat. Et Bah Oury a visiblement choisi son camp.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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