Les violences dans les stades persistent. Dernier épisode en date, la colère des supporters du club Guinée-Foot Elite contre le quatuor arbitral dans un match qui les opposait au Milo {2-2}. Une flambée de violence qui ne laisse pas de marbre Lucien Bendou Guilao. Au micro de guinee7, le président de la Ligue guinéenne de football professionnel a évoqué les causes de cette pratique devenue récurrente et les dispositions prises par la LGFP pour mettre fin à sa propagation dans les gradins.
Bonjour Président, Á Chaque fois que l’occasion se présente, on l’évoque : c’est la montée des violences dans les stades. Le dernier cas en date, c’est au stade de Coleyah.
Bonjour Abdoul, C’est malheureux, il faut que les clubs s’y mettent. La Ligue toute seule, comme je l’ai toujours dit, ne peut pas lutter contre les violences dans les stades. Nous avons le cadre légal, nous avons les stades qui sont à leur disposition, il y a le règlement du championnat qui existe et tous les cas de figure sont dans le règlement. Aujourd’hui, on voit que non seulement les joueurs ou les supporters, ça ne les intéresse pas, ces aspects violents. Ils prennent le mauvais exemple de ce qu’ils voient à la télé. Et pour ça, pour les éduquer, pour les sensibiliser, il n’y a pas mieux que les dirigeants de club. C’est pourquoi nous avons demandé aux dirigeants de clubs de nommer chacun dans leur club un responsable en charge de la sécurité. Ce n’est pas quelque chose dans le vent, c’est lui qui doit faire à chaque match les plans de sécurité et de sureté et travailler pour qu’on ne tombe pas dans les excès. Une erreur d’arbitrage, comme ça, ne peut pas expliquer ces violences. Les arbitres sont des êtres humains, ils font des erreurs. Il n’y a pas de championnat où il n’y a pas d’erreur d’arbitrage. Aujourd’hui, ça peut se jouer contre un club et demain en faveur du même club. Donc, au cours de la saison, comme j’ai l’habitude de dire, c’est des choses qui s’équilibrent. Nous avons fait une réunion avec les clubs ici. Ils ont tous reconnu que les erreurs d’arbitrage sont là. Ça fait partie du jeu, mais nous devons faire en sorte qu’il y en ait de moins en moins. C’est ça, le beau discours. Aucun arbitre aujourd’hui, à ma connaissance ou même à la connaissance des clubs, ne joue pour Paul ou pour Pierre. Ils font des erreurs, ils sont peut-être mal formés, ou bien ils ont des problèmes de concentration, mais ça, ça devait s’arranger, puisque ce sont des êtres humains. Ça devait s’arranger avec la formation, le suivi et la sanction. Aujourd’hui, nous, nous sanctionnons, mais les clubs ne sanctionnent pas. Tant que les clubs ne sanctionneront pas, ça ne va pas changer. Malheureusement, on assiste à cela.
À votre avis, qu’est-ce qui pourrait expliquer cette montée de violence ?
Mais c’est la passion. C’est comme ça, le football, c’est la passion. Mais quand il y a passion, ça veut dire qu’on aime, on adore, mais de toute façon, il n’y a pas de frontière entre l’amour et la violence, entre l’amour et la haine. C’est la passion. Mais bon, ceci encore, on ne peut pas dire qu’on est plus passionné que les autres. Il y a des moments où, malgré la passion, on se tranquillise, on garde ses nerfs et on ne fait pas de bêtises. Mais nous, nous allons sanctionner. Le seul moyen que nous avons pour que ça baisse, c’est la sanction. Puisque les clubs ne veulent pas sanctionner avec nous, nous allons sanctionner fort. On va continuer à sensibiliser, comme vous le faites. Nous comptons sur les journalistes qui tirent la sonnette d’alarme à chaque fois. Mais aller au-delà de ça et faire en sorte que les gens prennent conscience que ce n’est que du foot.
Est-ce que vous pensez que les sanctions pécuniaires seulement suffisent ? Est-ce que ce n’est pas ce qui explique aujourd’hui cette récidive ?
Non, on va utiliser tout ce que le règlement nous offre. Et si ce n’est pas suffisant, l’année prochaine, en élaborant le règlement, on ajoutera un autre palier. La porte est ouverte aussi au retrait des points. Ça, ce n’est pas exclu. Le retrait des points, les sanctions pécuniaires, les matchs à huis clos, les matchs délocalisés, ça existe. On va les utiliser.
Bien. Et ça tombe juste, la fédération a, dans ce même cadre, organisé les 19 et 20 mars 2025 une formation destinée aux responsables de sureté et de sécurité. Qu’est-ce que cette formation va apporter à la Ligue ?
Bon, normalement, c’est une très bonne chose. La fédération est dans son rôle. Il faut donner au club les outils qu’il faut. On ne peut pas à chaque fois demander au club : « Faites ceci, faites cela. » S’ils n’ont pas les compétences de le faire, c’est un problème. Donc, la fédération est dans son rôle. Elle apporte les outils, les compétences nécessaires pour que ces jeunes qui vont être formés l’appliquent. Maintenant, former, c’est bien, mais ensuite, il faut appliquer. Et je pense qu’on va être encore plus durs après la formation. Parce que là, nous savons maintenant qu’ils ont les outils, les compétences qu’il faut pour maintenir la sécurité dans leur stade.
Vous faites bien de le mentionner, parce qu’il y a les représentants des 14 clubs de Ligue 1, plus les responsables ou directeurs des stades. Est-ce que, derrière, ils auront des excuses après cette formation, à votre avis ?
Plus tu es formé, plus on est exigeant. On ne peut pas dire qu’il n’y aura pas d’excuses, mais il y aura la tolérance zéro, comme on dit. Parce qu’ils savent le faire, mais ils ne l’appliquent pas, c’est encore plus dangereux. Je ne sais pas faire, je ne peux pas l’appliquer. D’accord, on comprend, on essaie de t’apprendre sur le terrain, mais tu es compétent et tu refuses de l’appliquer. Ça, c’est intolérable, comme vous le savez. Mais nous allons veiller à ce qu’ils appliquent ce qu’ils ont appris. Quand tu reviens d’une formation de ce type, même si tu appliques 60 % de ce que tu as appris, c’est déjà gagné. On ne peut pas appliquer aussi 100 % de ce qu’on a appris. Donc, s’ils appliquent une petite partie de ce qu’on leur a appris lors de ces formations, ce sera déjà gagné à moitié.
Que dire du dispositif sécuritaire durant les matchs, parfois c’est jugé faible ?
Oui, c’est ça justement, c’est jugé faible. Il y a deux aspects. Il y a les aspects compétences et les aspects financiers, n’est-ce pas ? Donc les clubs imposent des dispositifs en fonction de leurs moyens. Généralement, quand les matchs sont à haut risque, la fédération vient en appui sur ce que les clubs font déjà.
Pour finir, un appel à l’endroit de ce public, mais aussi à ces clubs qui sont engagés dans les compétitions que vous organisez.
Bon, c’est juste de leur dire que nous allons bientôt entamer la deuxième phase du championnat. Grosso modo, la première phase s’est bien comportée, à l’exception de certains cas de violence. Ce que nous souhaitons, c’est qu’ils continuent sur la même lancée et que nous, au niveau de la Ligue, nous essaierons, comme nous l’avons dit en réunion, de faire en sorte que les clubs se portent bien, c’est-à-dire dans leur gestion quotidienne, dans la mobilisation des ressources, dans leur rapport avec le bureau de la Ligue, l’administration de la Ligue, dans nos rapports interpersonnels. Nous essaierons de faire en sorte que tout se passe bien, afin que le championnat se passe dans de bonnes conditions. Ce que nous disons, c’est que nous voulons que ce soit la vérité du terrain qui l’emporte.
Je vous remercie.
C’est à moi de remercier guinee7.com.
Thierno Abdoul Barry pour guinee7.com