Censure

Cour d’appel. Ouverture du procès en appel de Aliou Bah

Mamadou Aliou Bah s’est présenté ce mercredi devant la cour d’appel de Conakry pour revendiquer l’annulation de sa condamnation en première instance. Il est poursuivi pour « offense » et « diffamation » contre le chef de l’État par le biais d’un système informatique.

À l’ouverture de l’audience, un débat houleux a eu lieu sur la constitution ou non du chef de l’État comme partie civile dans cette affaire.

Mᵉ Pépé Antoine Lamah a demandé à la présidente de la cour « si le chef de l’État s’est constitué comme partie civile ? ».

Ce à quoi le procureur général, Fallou Doumbouya, a rétorqué. « C’est l’action publique que nous poursuivons. Nous avons usé de nos prérogatives et nous allons les assumer jusqu’à la fin de ce procès », a-t-il martelé.

Visiblement en colère, l’avocat est revenu à la charge en faisant des suggestions au parquet : « C’est votre droit. Mais ne mêlez pas le chef de l’État dans votre débat. Ne faites pas comme si c’était lui qui vous téléguidait. Assumez. Ce n’est pas au ministère public de faire l’avocat du Président. Il faut arrêter l’intimidation », s’insurge-t-il.

Par rapport aux motifs de leur appel, Me Pépé Antoine Lamah a indiqué qu’il n’y a aucun propos « malveillant, injurieux » dans le discours politique de leur client. Il a aussi indiqué que ce dernier aurait dû être jugé sur la base de la loi sur la liberté de la presse, vu que les preuves utilisées par le parquet d’instance sont tirées d’éléments de reportages.

Me Rafi Raja, un autre avocat du prévenu, en prenant la parole, a tenu à relever ce qu’il qualifie d’incohérence dans la décision rendue par le TPI de Kaloum. « Il a été condamné pour diffamation à l’endroit du Président de la République. Dans l’état actuel de l’ordre constitutionnel, on n’a pas de président de la République. Nous avons un chef de l’État. Donc, il ne peut y avoir infraction. Alors qu’il avait été condamné pour avoir diffamé un président de la République. Lequel ?» s’interroge-t-il.

Quant aux motifs d’appel du parquet, ce dernier a indiqué, entre autres, le fait que le juge d’instance est parti en deçà du minimum légal.

En réponse à Me Rafi Raja, il a affirmé : « Le général Mamadi Doumbouya est président de la République de Guinée, parce que l’acte a été publié au Journal officiel. »

À la suite de cela, la juge a décidé d’ouvrir les débats au fond.

Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com

Obtenez des mises à jour en temps réel directement sur votre appareil, abonnez-vous maintenant.