Censure

L’amateurisme persistant à la Banque centrale de Guinée

On ne saurait trop insister sur l’amateurisme dont fait preuve la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG) sous la gouvernance de Karamo Kaba. Dernier épisode en date : l’annonce hasardeuse de la rocambolesque affaire de vol portant sur 21 milliards de francs guinéens appartenant à un particulier.

Là où la prudence et la rigueur imposaient la discrétion, notamment par une transmission ciblée des numéros de série aux enquêteurs, la BCRG a choisi de divulguer au grand public que les billets subtilisés étaient tous neufs et d’une même coupure de 20 000 GNF. Cette erreur manifeste de communication n’a pas tardé à produire ses effets délétères : une méfiance généralisée s’est installée parmi les citoyens, incapables de distinguer les supposés ‘‘billets volés’’ des autres en circulation.

Face à l’emballement populaire et à l’érosion progressive de la confiance, la Banque centrale a tenté de rectifier le tir en diffusant, ce dimanche, un communiqué de presse. Elle y affirme que les nouvelles séries de la coupure de 20 000 GNF ‘‘ont toutes cours légal et pouvoir libératoire’’ sur l’ensemble du territoire national. La BCRG précise que ces billets ‘‘continueront à circuler librement sans restriction de quelque nature que ce soit’’, tout en qualifiant de ‘‘infondées’’ les rumeurs faisant état d’une possible démonétisation.

Dans son adresse, l’institution enjoint les populations ainsi que les acteurs économiques et financiers à ne pas ‘‘céder aux rumeurs infondées et injustifiées’’.

Reste à savoir si cette tentative de rattrapage suffira à enrayer la défiance qui s’installe. À défaut, la Banque centrale ne pourra s’en prendre qu’à elle-même pour l’échec éventuel de la circulation des billets de 20 000 GNF, ternissant encore davantage son image déjà sérieusement écornée.

Par Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com