Poursuivi pour « injures et diffamation » par Tidiane Sylla, époux de Hadja Saran Fofana, l’une de ses collaboratrices, Salif Camara du FSPE a été entendu au tribunal de première instance de Mafanco ce jeudi 24 avril 2024.
À la barre, le prévenu a rendu grâce à Dieu avant de faire son mea culpa. « Je reconnais les faits et je demande pardon. Ma famille et moi avons procédé à plusieurs démarches, notamment chez le Kountigui de la basse côte, pour demander pardon. J’ai sollicité le premier imam pour demander pardon. Ma famille aussi. Ma mère est allée se coucher sur son ventre pour prendre ses pieds. En retirant même ses pieds, sa jambe a touché la bouche de ma mère, le sang est sorti. Ma maman a dit que tout ce que j’ai dit, je l’ai dit à elle et à mon père… », a déclaré le prévenu à la barre.
Il explique que cette affaire a débuté par un compte bancaire à certifier. Une histoire qu’il devait régler avec Hadja Saran Fofana, trésorière de la structure syndicale. « Quand je l’ai appelée, elle n’a pas répondu. J’ai un peu insisté. Elle a répondu. Je lui ai demandé par rapport au compte. Elle m’a dit qu’elle allait me revenir (…) Comme c’était urgent, l’autre dame m’appelait, je l’ai encore rappelée. Ma femme a pris le téléphone et l’a jeté sur le lit pensant que c’était coupé, et moi aussi j’ai pensé la même chose. Mais c’était pas le cas, elle [Hadja Saran Fofana ndlr] écoutait et enregistrait. Ma femme m’a dit que souvent tu appelles la dame, je ne sais pas ce qu’il y a entre vous. Je lui ai dit qu’il n’y avait rien. C’est juste une collaboratrice. Je lui ai dit que, lors de mon congrès, elle a usé de tous les moyens pour m’évincer. Moi, je suis ouvert avec elle. Le contraire, c’est chez elle, parce qu’elle n’est pas ouverte avec moi. Elle m’a demandé, et son mari ? Je lui ai dit qu’il est aux pieds de sa femme comme un chien. J’ai dit qu’elle n’est pas gentille avec moi, je ne serai pas gentille avec elle », a-t-il relaté.
Et de poursuivre : « Elle m’a appelé pour me dire que je suis un ingrat et que c’est pour cela que ma femme m’a quitté. J’ai coupé et j’ai appelé son mari pour lui dire que je veux te voir, grand-frère. Ce dernier m’a donné un rendez-vous et, après, il m’a dit qu’il avait quelque chose à faire. »
À ce moment, Salif Camara soutient avoir mené assez de démarches afin de se faire pardonner. Il n’a pas manqué de réitérer encore ses excuses. « Monsieur le juge, je suis vraiment désolé, je suis navré. Un tel cas ne m’est jamais arrivé. Je n’ai jamais insulté une femme. Je demande des excuses. Tout le monde s’est impliqué. Mais Dieu a fait ce qu’il a voulu faire. (…) Ce jour-là, je ne me retrouvais pas. Je me demande si ce jour-là existait. Il arrive des moments où l’homme n’arrive pas à réfléchir et à avoir de la clairvoyance. »
La partie civile, à travers son avocat, a indiqué qu’elle n’a « aucune dent contre ce monsieur. Mais contre ses actes. Nous nous mettons à votre place. Je pense qu’en tant qu’éducateur, on doit tourner la langue dans la bouche avant de parler. »
Ensuite, la parole a été donnée au plaignant. Tidiane Sylla a tout d’abord rappelé la genèse de sa rencontre avec le prévenu. « C’est ma première fois de venir à la barre. » C’est difficilement qu’elle [son épouse, NDLR] m’a fait écouter l’enregistrement parce qu’elle connaît ma réaction. J’ai dit : est-ce que je mérite ça ? Ce monsieur, je l’ai présenté à ma femme en 1996 lors d’une élection syndicale. Je l’ai vu faire une campagne pour quelqu’un. Son acte m’a plu (…) Quand je l’entends dire que c’est ma femme qui me dirige (…) »
« Tout ce bonheur qu’il a eu, qu’il le reconnaisse ou pas, c’est grâce à moi. Je ne suis pas contre lui. Étant un encadreur, il ne devrait pas tenir ce genre de propos. « Il parlait de ma femme depuis longtemps, les gens venaient me le dire, qu’elle sortait avec telle ou telle personne », a laissé entendre Tidiane Sylla.
À la question de savoir ce qu’il veut ? Le plaignant a dit : « Je ne veux pas que cela se répète maintenant. » Je veux qu’il sache que la loi condamne ce genre de chose. J’accepte les excuses. Je lui pardonne. Nous sommes des êtres humains. Moi, je suis musulman.
Dans la phase des plaidoiries, l’avocat de la partie civile a souhaité que le tribunal condamne le prévenu au paiement d’« un franc symbolique à titre de réparation ».
Le parquet, quant à lui, a sollicité qu’il soit condamné à « 3 mois avec sursis et au paiement d’une amende d’un million de francs guinéens ».
Pour son dernier mot, Salif Camara a affirmé : « c’est une épreuve de la vie. » 7 jours de prison, ça donne énormément de leçons. Je demande pardon à monsieur Sylla et à son épouse. »
Le juge a renvoyé l’affaire au 8 mai 2025 pour rendre la décision.
Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com