La capitale était paralysée lundi dernier suite à l’appel à manifester lancé par l’opposition, qui avait invité ses militants à prendre d’assaut les 5 mairies de la capitale, pour protester contre la situation d’insécurité qui sévit dans la cité. De violents heurts ont émaillé cette manifestation de l’opposition, qui se dit toutefois déterminée à poursuivre son mouvement de revendication, ce malgré la répression dont les militants ont été victimes de la part d’agents de sécurité.
La journée du lundi a été émaillée d’incidents dans la capitale, où manifestants et forces de l’ordre se sont affrontés durant de longues heures. Les services de sécurité avaient quadrillé les points stratégiques de la ville, afin d’empêcher tout regroupement des militants de l’opposition. Ceux-ci on le sait avaient reçu la consigne de leurs leaders de prendre d’assaut les mairies, pour dénoncer la situation d’insécurité qui sévit dans le pays. Cette fois la manifestation s’est étendue à toutes les 5 communes de la capitale.
Ce qui a donné lieu à de vives altercations dans maints endroits de la cité. Des hommes en uniforme ont investi très tôt le siège de l’Union des forces républicaines (UFR) de Sidya Touré, situé dans la commune de Matam, pour y répandre du gaz lacrymogène et molester des militants.
Cellou Dalein, chef de file de l’opposition qui tentait de rallier la commune de Dixinn fut aussi empêché avec son cortège, par des agents de sécurité, qui l’ont contraint à rebrousser chemin. Comme réaction sur ces incidents du lundi, Dalein a déploré «une répression sauvage qui s’est abattue sur les marcheurs de Matam. Ils ont pulvérisé le siège de l’UFR de gaz lacrymogène, il y a une répression sauvage comme d’habitude sur le terrain », a-t-il expliqué. Avant d’ajouter que « les forces de l’ordre ont tiré sur un jeune au niveau du ventre.
Les gendarmes n’ont pas voulu que les marcheurs reprennent la victime pour l’envoyer à l’hôpital. Ce sont eux-mêmes qui se sont chargés du transport de la victime. On ne sait pas si le jeune est vivant ou mort », a-t-il révélé.
On apprendra plus tard le décès de ce militant du nom de Souleymane Bah, dont le corps fut transporté à l’hôpital sino-guinéen de Kipé par le professeur I. Baldé de la clinique Mère et enfants, où il a succombé à ses blessures.
Suite à ces violences qui se sont répandues dans plusieurs quartiers de la capitale, l’opposition républicaine va publier dans la soirée du lundi une déclaration dans laquelle, elle « félicite et remercie ses militants et sympathisants ainsi que l’ensemble des populations de la capitale pour leur mobilisation impressionnante lors de la manifestation du lundi 13 avril 2015. »
Soulignant que « par leur engagement et leur respect du mot d’ordre de marche pacifique de l’opposition, ils ont confirmé leur attachement à la Démocratie et à l’Etat de droit et leur refus de l’insécurité, de l’impunité et de la malgouvernance exercée ces dernières années en Guinée. »
L’opposition a cependant déploré qu’en dépit de ses appels répétés, les forces de l’ordre se soient livrées, comme à l’accoutumée, « à des exactions sur des manifestants désarmés jouissant de leurs droits constitutionnels. » Dans un bilan provisoire de la répression qui s’est abattue sur les populations à l’occasion de cette journée, elle fait cas « d’une trentaine de blessés dont sept, par balle réelle et un, dans un état critique. »
L’opposition avait dans la foulée appelé les populations de Conakry à poursuivre leurs marches pour le mardi 14 avril 2015, et à maintenir « cette pression jusqu’à la satisfaction totale de ses revendications destinées à empêcher l’instauration en Guinée d’un régime autocratique ignorant les principes démocratiques et les règles de l’Etat de droit. »
Il conviendrait de rappeler qu’à la veille de cette manifestation, le gouverneur de la ville de Conakry, Soriba Sorel Camara, avait dans une déclaration faite sur les antennes des médias d’Etat, déploré que l’opposition n’ait pas suivi la procédure en matière d’organisation des manifestations. Parlant de « défiance » vis-à-vis des autorités des 5 communes de la capitale.
Il avait lancé crument « qu’autant on ignore la loi, autant elle se montre à nous dans toute sa rigueur. »
La journée du mardi, elle aussi fut émaillée d’incidents, dans la banlieue de Conakry, où des blessés et des interpellations furent enregistrés.
La tension était encore palpable dans la cité, au moment où nous allions sous presse. Bien que l’opposition ait appelé à une suspension des manifestations, jusqu’au lundi.
Cela coïncidera au retour du président Alpha Condé en Guinée. Quant à l’appel au dialogue lancé par le gouvernement, à travers son porte-parole, Albert Damantang Camara, cela semble tomber dans des oreilles de sourds. Etant donné que l’opposition ne croit plus en la bonne foi du pouvoir, qui a appris à rouler les gens dans la farine.
Certains observateurs pensent que ces agitations, qui paralysent les activités depuis lundi dernier dans la capitale, ne seraient qu’une escarmouche préliminaire à la grande bataille, pour l’alternance, que Cellou Dalein Diallo et ses pairs voudraient arracher à tout prix pour cette année 2015, à l’issue de la présidentielle.
Mamady Kéita (Le Démocrate)