L’annonce de la candidature du capitaine Moussa Dadis Camara à la présidentielle de 2015 continue de susciter des vagues dans la cité. Et contrairement aux rumeurs qui voient dans cette démarche de l’ex-chef de la junte, une manœuvre du président Alpha Condé, il ya lieu de dire qu’entre les deux hommes, ce n’est plus le parfait amour. C’est d’ailleurs cette dissension qui aurait amené Dadis à se lancer dans le marigot politique.
Depuis l’annonce de sa candidature à la prochaine présidentielle, sous les couleurs du parti dénommé Forces patriotiques pour la démocratie et le développement (FPDD), l’ex-chef de la junte Moussa Dadis Camara focalise l’attention de l’opinion. Et les conjectures vont bon train sur ce qui aurait poussé Dadis Camara à endosser le costume de leader politique voire d’opposant au régime en place. Même s’il se garde pour le moment d’afficher les couleurs politiques de son parti, le FPDD. Certaines rumeurs font croire toutefois que la candidature de l’ex-putschiste ne serait qu’une manœuvre orchestrée par le président de la République, pour des fins inavouées. Le sujet fait débat dans la cité, et alimente la chronique même au niveau de certaines tribunes médiatiques. Pourtant dans un entretien accordé à nos confrères de la BBC, au lendemain de l’annonce de sa candidature, Dadis Camara répondant à une question relative à sa « position dans le paysage politique guinéen », dit « n’être avec personne. Je suis avec tous les Guinéens. Je suis avec mon parti politique, ma famille politique », a-t-il souligné. Sur ses relations actuelles avec le président Alpha Condé, l’ex-chef de la junte dit ceci : « elles sont très saines et même s’il y avait d’autres relations de nature, je ne sais comment, c’est un frère à moi et avant tout c’est un Président. S’il y avait des problèmes, ça serait entre frères et frères, entre Guinéen et Guinéen. »
Langue de bois
On voit dans cette réponse, Dadis Camara faire dans la langue de bois, en tentant de ménager la susceptibilité du chef de l’Etat. Car contrairement à ce qu’il déclare, entre le président Condé et Dadis Camara les relations seraient devenues tumultueuses depuis un certain temps. Sur les raisons de cette brouille, il y aurait surtout l’abandon de l’ex-chef de la junte à son sort, dans son exil au Burkina Faso. Ce, malgré des démarches menées par ses proches auprès des autorités guinéennes, afin de lui faire bénéficier des avantages liés à son rang d’ancien président de la République. Il convient de rappeler que dans un entretien accordé à notre rédaction, à la veille de la commémoration du massacre du 28 septembre en 2014, son avocat Me Jean Baptiste Jocamey, avait clairement déclaré que son client dépendait de l’aide que lu apportait l’Etat burkinabè. « Je vous dis que concernant les conditions de vie de mon client, il ne bénéficie d’aucune aide de l’Etat guinéen. J’ose vous dire que s’il vit, c’est grâce aux maigres privilèges qui lui sont accordés par son statut de militaire, en tant que fonctionnaire de l’Etat. Il ne bénéficie que de cela. S’il a d’autres sources de revenus, ce sont bien les aides, les dons qui lui sont accordés par l’Etat burkinabè », avait révélé notre interlocuteur.
L’avocat avait cité dans la foulée, l’article 44 de la Constitution qui stipule que : « Les anciens présidents de la République prennent rend protocolaire immédiatement après le président de la République dans l’ordre d’ancienneté de leurs mandats, et avant le président de l’Assemblée nationale. Ils peuvent être chargés de mission spéciale par le président de la République. Ils bénéficient d’avantages matériels et d’une protection dans les conditions qu’une Loi Organique détermine. »
Les tentatives de Kory Kondiano et Kassory Fofana
Des démarches avaient été engagées auprès de l’Assemblée nationale et la présidence de la République afin de faire bénéficier à Dadis de ses droits. Mais en vain. Cela, bien que le président du parlement Kory Kondiano avait promis personnellement à Dadis, lors d’une entrevue à Ougadougou, de s’impliquer personnellement en vue de débloquer la situation.
Ibrahima Kassory Fofana, président du GPT, et ministre d’Etat à la présidence chargé des questions d’investissements et des partenariats publics privés, s’est aussi intéressé au dossier. Sans parvenir à des résultats escomptés, selon des sources bien informées. Cette indifférence affichée par l’exécutif à son égard, ajoutée au « non respect » de la promesse de faciliter son retour au pays, tenue, dit-on lors de la campagne présidentielle en 2010, constituent la somme de frustration, qui aurait contraint Dadis à « se jeter à l’eau ».
A présent, après avoir annoncé qu’il se portera candidat lors du scrutin d’octobre prochain, la question du retour de Dadis demeure dorénavant cruciale. Un retour au pays qui doit être imminent, vu que seuls 5 mois nous séparent de cette élection, qui avance à grands pas.
Aliou Sow in Le Démocrate