Monsieur le Président de l’UFDG, Face à l’indignation que suscite votre alliance avec Moussa Dadis Camara, votre ligne de défense et celle de votre parti traduisent un désarroi et un cynisme affligeants.
Votre principal argument de défense est que Dadis n’ayant pas été «inculpé » il est fréquentable.
D’où venaient alors vos certitudes lorsque vous affirmiez sur le plateau de France 24 et les ondes de RFI que Dadis ne « peut pas dire qu’il n’est pas responsable » et « qu’il ne peut pas nous dire qu’il ne contrôle pas sa garde rapprochée et son aide de camp. Ceux-là même qui sont chargés de sa sécurité et qui sont ses hommes de confiance. Je pense qu’ils ne peuvent pas quitter le camp Alpha Yaya, venir au stade, sans son accord » ?
Comment se fait-il qu’aujourd’hui Dadis soit fréquentable alors qu’un mois après le massacre du 28 septembre, vous estimiez que « lorsque …(Dadis)…, organise un tel carnage, tue d’innocentes personnes, des citoyens de ce pays, avec tous les viols qu’il y a eut, vraiment, je pense que cette personne est disqualifiée pour conduire cette transition… »
Ainsi, dans votre logique, Dadis est disqualifié pour conduire une transition mais paradoxalement il est qualifié pour être président ou partager le pouvoir. A condition, bien entendu, que ce soit avec l’UFDG.
Dites-nous monsieur Cellou Dalein Diallo, si, comme vous le dites, vous pensez qu’il n’est pas possible aujourd’hui de désigner Dadis comme coupable des crimes du 28 septembre, alors qui pensez-vous être désigné comme tel ?
Vous vous érigez en garant de la présomption d’innocence de Dadis quand toutes les organisations de défense de droits de l’Homme épinglent la Guinée pour la lenteur de sa Justice (comme vous l’aviez fait l’année dernière) et exige qu’il « rende des comptes avant de pouvoir briguer la magistrature suprême » (Florent Gell Directeur Afrique de la FIDH le 21 juin dernier).
Vous allez jusqu’à dire qu’en ce qui vous concernent (Dadis et vous-même), il n’y a jamais eu de « problèmes majeurs ». La preuve en est qu’il a compati au décès de votre mère, il a donné une contribution de vingt millions, il a prêté même son hélicoptère. De plus, il vous a défendu contre le Comité d’audit qui voulait vous épingler pour certaines malversations. Que de gentillesses à votre égard ! Ah j’oubliais, lors du massacre du 28 septembre, ses sbires ne vous ont fêlé que quelques côtes au lieu de vous tuer (comme beaucoup d’autres). Faut-il être ingrat pour ne pas reconnaître tous ces bienfaits ?
En fait, votre égoïsme légendaire prend toute sa dimension avec cette manière de voir les choses et de réduire votre combat politique à votre seule personne !
Ce que vous venez de conclure n’est pas un pacte avec le diable. C’est la juste punition pour ceux qui attendaient quelque chose de vous. Ils continueront à vous défendre par dépit et parce que leur haine de vos adversaires est encore la seule chose qui vous unit. Mais soyez sûr d’une chose : plus personne ne croit en vous désormais. Wa Salam !
Mustapha Sylla, Québec, Canada