Prévue le 10 décembre dernier, l’audience finale de BSGR devant le Comité Technique de Revue des Titres et Conventions Miniers (CTRTCM), a été renvoyée pour ce lundi 16 décembre avec un détail de taille : Vale remplacera BSGR à cette audience.
Le comité au cours de l’audience demandera à Vale de clarifier les réponses de BSGR aux allégations selon lesquelles les paiements et les cadeaux ont été remis à des responsables gouvernementaux et militaires à partir de 2005 pour l’aider à obtenir les blocs 1 et 2 de Simandou. On sait que BSGR a toujours nié ces allégations arguant d’ailleurs que l’enquête engagée par le gouvernement guinéen est une tentative de l’ ‘‘exproprier illégalement’’ ses droits miniers.
La question : Comment Vale dont le deal avec BSGR est postérieur à l’acquisition des droits miniers par celui-ci peut-il répondre aux questions relatives à cette acquisition ?
Pour de nombreux observateurs, cette démarche vise à trouver un terrain d’entente dans une affaire qui a fait couler encre et salive. Vale étant en bons termes avec le gouvernement guinéen est donc mieux placé pour discuter avec lui. Surtout que certaines informations font état de rachat par Vale de la participation de BSGR dans la joint-venture VBG (Vale/BSGR).
Comme pour montrer le rapprochement Guinée/BSGR via Vale, le président guinéen récemment au Brésil n’a-t-il pas rencontré Rafael Benke, un haut cadre de Vale pour discuter du dossier Simandou ?
Cependant questions : Faut-il avaliser le rachat des actions de BSGR par Vale et donc tacitement blanchir Beny Steinmetz dans l’affaire de corruption ? Ou déposséder la société du milliardaire israélien si les faits de corruption contre elle sont avérés et le cas échéant procéder à un appel d’offres comme le prévoit le code minier ?
Le gouvernement qui veut protéger les investissements de Vale pourrait dans ce cas lui arranger un espace propice à la récupération de l’affaire. En un mot ou en mille, la tâche ne sera pas comme du beurre à couper pour les négociateurs dans l’affaire des blocs 1 et 2 de Simandou.
Pour rappel, en 2010, Vale, société minière brésilienne, avait acquis des actifs de minerai de fer des blocs 1 et 2 du Simandou en rachetant 51% du capital de BSGR Guinée pour un montant total de 2,5 milliards de dollars, dont 500 millions avaient été payés immédiatement. Après l’élection d’Alpha Condé qui a juré de lutter contre la corruption dans les mines guinéennes, les enquêtes ouvertes sur le mode d’acquisition des droits miniers par BSGR à Simandou ont révélé des pistes de corruption. Les enquêtes sont ouvertes en Guinée, en Grande Bretagne, en Suisse, aux USA, notamment. Il faut noter qu’un éventuel arrangement entre la Guinée et BSGR via Vale n’absout pas ces enquêtes criminelles.
Ibrahima S. Traoré