Le climat social se détériore de plus en plus dans la cité, avec des universités qui menacent de fermer faute de redevances, et des syndicats qui annoncent le déclenchement d’une grève à partir du 15 février prochain, face à l’échec des négociations tripartites autour de leur plateforme revendicative. Ce second mandat du président Alpha Condé pourrait ne pas être de tout repos pour le pouvoir, qui devra faire face à une demande sociale assez forte.
L’avènement de l’année 2016 qui coïncide avec le début du second mandat du président Alpha Condé a été marqué par des signes d’agitation dans le secteur éducatif, avec la grève des contractuels déclenché le 1er février dernier. Les universités privées qui avaient elles aussi menacé de fermer pour « non paiement » des redevances dues par l’Etat guinéen, ont finalement accepté de sursoir à leur mouvement. Et c’est presqu’au même moment que les syndicats ont eux aussi lancé un avis de grève générale illimitée, à compter du 15 février. Cela après l’échec enregistré dans les négociations tripartites autour de la plateforme revendicative.
Cette décision des syndicats est d’ailleurs critiquée par certains observateurs qui la trouvent molle. Ces observateurs se demandent pourquoi attendre deux semaines pour lancer une grève, au moment où les populations tirent le diable par la queue. Avec l’augmentation en vue des prix des denrées de première nécessité sur les marchés, qui sera l’une des conséquences de la hausse de la TVA et des taxes douanières, le panier de la ménagère risque de prendre un sérieux coup. Fatoumata Binta Diallo, ménagère vivant à Ratoma, interrogée par notre reporter, cette dame conte son calvaire et se demande vers quels cieux se tourner. « Nous sommes vraiment frustrées face à ce qu’il se passe. Les prix commencent à enregistrer une hausse sur les marchés, ces derniers temps. On n’a aucune explication sur le phénomène. Ce qui me fait le plus mal, c’est l’indifférence des autorités qui affichent un mépris vis-à-vis des populations que nous sommes », déplore notre interlocutrice.
Les fonctionnaires, de leur côté râlent par rapport à l’amputation de leur salaire le mois dernier de 5%. Ainsi, en marge de l’inauguration de la cantine ouvrière de Mamou le samedi 30 janvier, Elhadj Amadou Diallo, secrétaire général de la confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) a demandé au gouvernement de remettre immédiatement les 5% prélevés sur le salaire de chaque fonctionnaire de l’Etat. Selon lui, c’est une décision unilatérale. Et de dénoncer en ces termes: « c’est une erreur voire une faute du gouvernement. Le salaire est sacré, il a un caractère alimentaire. Le gouvernement n’a aucun droit de prendre une décision unilatérale sans pour autant associer les partenaires que nous sommes, en tant que syndicats. J’ai déjà consulté les deux principaux ministres qui sont en charge des fonctionnaires de la Guinée qui sont le ministre de l’Emploi porte-parole du gouvernement et le ministre de la Fonction publique qui sont farouchement opposés à cela », a-t-il indiqué.
Le ministère du Budget qui avait justifié ces retenues sur salaire opérées pour le mois de janvier, en faisant savoir « que cela faisait suite à l’application du décret sur la mise en place d’une Caisse Nationale de Prévoyance de l’Etat qui a pour mission de financer les branches : invalidité et survivant, maladies et risques professionnels ainsi que les prestations familiales et vieillesse, a finalement fait machine arrière.
Il faut rappeler qu’à propos des universités privées, Souleymane Sylla fondateur de l’Université International Collège (UNIC) a donné les raisons qui ont motivé la suspension de la grève. «Nous avons suspendu l’arrêt des cours jusqu’au 15 février 2016 pour donner la chance aux négociations sur la demande du ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique.»
Aux dernières nouvelles, l’Etat aurait débloqué 50 milliards de GNF le dimanche 30 janvier en faveur de ces universités privées.
C’est dire que le gouvernement de Mamady Youla a du pain sur la planche, et cela pourrait mener vers des lendemains incertains. C’est dire que le second mandat d’Alpha Condé s’annonce simplement sous des couleurs d’austérité.
Mohamed Diallo in L’Indépendant, partenaire de guinee7.com