Censure

Féguifoot: Salifou Camara « Super V » sur la sellette

Depuis sa réélection en août  2015, Salifou Camara « Super V » fait face à deux courants de contestataires, qui ont fini par fusionner. C’est ainsi que 11 membres sur les 15 que compte le Comité exécutif  de la Fédération guinéenne de football (Feguifoot) exigent dorénavant son départ, et l’on fait savoir à travers  un courrier qu’ils ont adressé au président « Super V ».  Ce dernier dispose de 90 jours, comme le prévoient les textes, pour  convoquer une Assemblée générale extraordinaire, en vue du renouvellement de son bureau.

Le 23 mars dernier, onze membres du comité exécutif de la Féguifoot ont mis à exécution leur menace de « ne plus participer aux activités » de la guinéenne de football, exigeant par la même occasion l’organisation d’une assemblée générale extraordinaire pour « élire un nouveau président ». En attendant la réponse de Salifou Camara « Super V », prévue cette semaine, nous nous sommes intéressés au  fonctionnement  de la Féguifoot.

Selon le document référentiel actuellement en vigueur à la Féguifoot, intitulé « les Statuts, le Règlement d’application, les directives et les décisions de la Féguifoot », les prérogatives de chaque acteur concerné sont définies par les textes de loi, qui régissent l’instance associative du football guinéen.

A travers le Chapitre IV des Statuts, du Règlement d’application, des directives et des décisions de la Féguifoot notamment en son article 39 portant « Compétences » des membres du comité exécutif de la Féguifoot, plusieurs points de l’aliéna 1 qui y sont détaillés, sont explicitent là-dessus. Dans cet article donc, il est indiqué que le comité exécutif a compétences « d’exercer une surveillance étroite dans tous les domaines d’activités de la fédé » ; « d’engager  les dépenses non prévues au budget à concurrence de cinq (5%) du montant global du budget » ; « d’informer les membres de la Féguifoot et le public » ; de « trancher tout cas ne relevant du domaine de compétence de l’Assemblée générale ou qui n’est pas réservé à d’autres organes en vertu de la loi ou des présents statuts » et de « révoquer provisoirement une personne ou un organe ou suspendre un membre de la fédé jusqu’à la prochaine assemblée » entre autres. Et l’alinéa deux (2) du même article stipule que  « le comité exécutif exerce le surplus des compétences qui ne sont pas expressément attribués à un autre organe.»

Aujourd’hui, à quoi s’en tenir sur la volonté des frondeurs concernant notamment la « révocation » du Président « Super V » à la tête de la guinéenne de football? D’après l’article quarante un (41) portant « Révocation d’une personne ou d’un organe », il est mentionné à l’aliéna 1 dudit article que « l’Assemblée générale peut révoquer une personne ou un membre. Le comité exécutif peut mettre à l’ordre du jour de l’AG la révocation d’une personne ou d’un organe. Il peut également révoquer provisoirement une personne ou un organe. Tout membre du comité exécutif peut proposer de mettre une telle révocation à l’ordre du jour du comité exécutif ou de l’AG ». A l’aliéna 2 de cet article, il est dit que « la proposition de révocation doit être motivée. Elle est (ainsi) envoyée aux membres de la fédé avec l’ordre du jour de l’AG ». Au 3ème aliéna, il ressort que « la personne ou l’organe mis en cause a le droit de se défendre devant l’AG ». Selon l’aliéna suivant, « si la proposition de révocation est maintenue, l’AG ou le CE se prononcent par bulletins secret. Pour être adoptée, elle doit obtenir la majorité des deux tiers (2/3) des voix valablement exprimées. Et en son aliéna 5, l’article souligne que « la personne ou un organe révoqué (provisoirement) quitte ses fonctions avec effet immédiat.

C’est en moment seulement qu’interviendra l’élection d’un nouveau président. Dans le cas d’espèce de la situation qui prévaut à la Féguifoot, une assemblée générale extraordinaire est impérativement demandée à cet effet par onze frondeurs contre leur président. A propos, c’est l’article vingt neuf (29) qui s’applique. Selon l’aliéna 1 de celui-ci, « une AGE peut être convoquée à tout moment par le CE » ;  alors que l’aliéna 2 dit que « le CE doit également convoquer une AGE lorsque 50% de des membres de la fédération en font la demande écrite » ; pour l’aliéna 3 «  les affaires à traiter doivent être stipulées dans ladite demande. L’AGE doit avoir lieu dans un délai de trois (3) mois soit quatre vingt dix (90) jours après la réception de la demande (NDLR : le 23 mars dernier). Si tel n’est pas le cas, les membres qui ont demandé la convocation de l’AGE peuvent la convoquer eux – mêmes. En dernier recours ils peuvent saisir la FIFA ». En tout état de cause, l’aliéna 4 dudit article prévoit que Salifou Camara « Super V », en obtempérant à la volonté de ses collègues doit adresser par écrit « la convocation trois (30) jours avant l’AGE ». Dans ce contexte, « l’ordre du jour ainsi que les éventuels documents doivent être envoyés aux membres dix (10) jours au moins avant l’Assemblée » dixit l’aliéna 5. Cependant, l’aliéna 6 dudit article dit que « lorsque l’AGE est convoquée à l’initiative du CE, celui – ci détermine l’ordre du jour ».

Dans cet imbroglio qui prévaut au sein de l’instance dirigeante du football guinéen, ce qui somme toute présage de mauvais augure pour la pratique du cuir rond dans notre pays, il s’avère nécessaire de dégager ici et maintenant les prérogatives du Président (Chapitre V) et du Secrétaire général de la Féguifoot (Chapitre VII) afin de situer davantage la lanterne de l’opinion publique nationale dans le cadre du fonctionnement de la fédé. Pour ce qui concerne Salifou Camara Super V, l’article 42 portant « Présidence », il est clairement mentionné à l’aliéna 1 que « le Président représente légalement le Féguifoot » ; de même, le patron est notamment responsable « de la mise en œuvre des décisions de l’AG et du CE par le Secrétaire général ; « du contrôle du fonctionnement efficace des organes de la fédé  afin que ceux – ci puissent atteindre les buts fixés par les présents statuts » ; « du contrôle des travaux du Secrétaire général » ; « des relations entre la fédé et ses membres, la FIFA, la CAF, les instances publiques et les autres organisations ». Dans cette rubrique, il est aussi souligné que « le Président est seul habilité à proposer la nomination ou la révocation du Secrétaire général » entre autres.

S’agissant de passage des comptes de la fédé dans les différentes banques de la place, certaines informations faisaient état d’un blocus, effectué  par le président. Ce qui ne serait pas avéré, d’après nos enquêtes.

Durant les 90 jours dont dispose « Super V », pour organiser une assemblée générale, certains observateurs pensent, le président de la Feguifoot, pourrait parvenir à retourner la situation en sa faveur.

Il y aurait déjà des signes annonciateurs de cette hypothèse. Car suite à la  victoire du Syli national de Guinée contre les Flammes du Malawi mardi dernier,  après le coup de sifflet final, Amadou Diaby se serait jeté dans les bras de « Super V » en public. Cela voudrait tout dire, quand on sait que c’est Amadou Diaby qui aurait fait du départ de « Super V », un défi personnel.

Emmanuel Toumany in L’Indépendant, partenaire de guinee7.com

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