Censure

Affaire CNP-Guinée : Les raisons de la rupture entre Mamadou Sylla et Sékou Cissé

On s’attend à du nouveau pour le mercredi 11 mai, dans le feuilleton judiciaire qui oppose deux personnalités du Conseil national du patronat de Guinée (CNP), avec le verdict attendu ce jour, du recours en annulation du congrès introduit par Sékou Cissé, président par intérim de l’institution, auprès du Tribunal de première instance de Kaloum. Ce congrès il faut le rappeler a été organisé par  Elhadj Mamadou Sylla, président d’honneur du CNPG, leader politique et député à l’assemblée nationale, le 23 avril dernier, contre l’avis de la Cour d’Appel de Conakry, qui avait invité les deux protagonistes de cette crise, de sursoir à tout acte allant dans le sens de la tenue d’un congrès électif des dirigeants des instances de l’institution, à travers un arrêt rendu le 22 avril dernier. Ce, en attendant que la Cour puisse examiner le fond de cette affaire qui a déjà fait couler beaucoup d’encre et de salive. Malheureusement, Mamadou Sylla avait tenté un passage en force, en organisant le fameux congrès, défiant ainsi la justice. Une démarche qui visait à porter à la tête de la structure, M. Kaba Ansoumane PDG de la société des BTP « Guiter SA ». Ce frondeur qui a fini par faire faux bond à ses collègues, pour rejoindre Sylla, dont il avait besoin de l’onction, pour devenir le président de la première institution patronale de Guinée, en termes d’âge.

Cette volteface de Kaba Ansoumane, digne de Caïn, a surpris ceux qui avaient pris  connaissance du procès verbal de la réunion organisée le 25 juin 2015 à l’hôtel Millénium de conakry, par les frondeurs, qui avaient renié Elhadj Mamadou Sylla. Ce procès verbal que vous aurez l’occasion de lire au bout de ce rappel des faits, contient des propos tenus par chacun des participants à cette rencontre qui marquait la rupture avec Sylla.

Qui deux jours auparavant, avait tenu une réunion à l’hôtel le Rocher de Kaloum,  en compagnie d’un groupe se réclamant du Conseil National du Patronat Guinéen, au nom du Bureau Exécutif,  pour  révoquer M. Sékou CISSE de ses fonctions de Président par intérim et de Président et Coordinateur des Commissions pour les Congrès des Fédérations. Pour de supposées « fautes lourdes commises et la non exécution de la feuille de route qui lui a été allouée.»

Une décision qui fut transmise aussitôt par courrier au ministre de l’Enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’Emploi, Albert Damantang Camara. Il faut souligner  que Mamadou Sylla avait pris les devants, après avoir reçu une lettre d’invitation Sékou CISSE à une réunion dont l’un des points de l’ordre du jour devait porter sur  « la nécessité et l’urgence de réfléchir aux conséquences de la crise provoquée à l’occasion de la 104ème session de l’OIT ».

Sylla avait fait le  reproche à Cissé d’avoir quitté précipitamment Genève pour Conakry « de son plein gré », juste à la veille de l’ouverture de cette importante Conférence.  Sans tenir compte des injonctions du  Président statutaire, El Hadj Mamadou Sylla, qui lui avait demandé pourtant  de rester en vue d’assister à la Conférence d’autant que son nom figurait sur la liste officielle.

Lors de la réunion des membres du CNPG  tenue à l’hôtel Millénium, Sékou Cissé avait reconnu que l’institution traversait une zone de turbulence. Et qu’il fallait inéluctablement organiser un congrès en vue du renouvellement des instances dirigeantes.

Détail important, cette réunion fut marquée par la reconduction de M. Sékou Cissé dans les fonctions de président par intérim du CNPG à l’unanimité et par acclamation.

Ce communiqué précise que    « suite à l’Ordonnance No 072 du Tribunal de Première Instance de Conakry I, du 15 Mars 2016, qui reconduit Mr Sékou CISSE au poste de Président par Intérim du CNP-Guinée jusqu’à la tenue des nouvelles élections, nous souhaitons revenir sur le cadre de cette mission. »

Rappelant que  « l’Organisation du prochain congrès est le rôle de la « Commission pour les Congrès des Fédérations Patronales » dont la Présidente est Mme Aissatou Baldé. Et que cette Commission avait été préalablement constituée et qu’elle est de nouveau valider.

Dans ce communiqué signé de SéKou Cissé, il est indiqué pour finir que « dans le but que cette Commission puisse jouer son rôle pleinement, que toute démarche ou personne s’inscrivant en dehors du cadre mis en place sera considéré comme allant à l’encontre de la loi. Nul n’étant au-dessus de la loi, chaque contrevenant s’exposera à de lourdes conséquences. »

Et vu que Mamadou Sylla continue de prendre des décisions, au nom de l’institution, comme cette convocation d’un congrès en vue du renouvellement du bureau, le bureau intérimaire pourrait à cette allure, mettre la machine judiciaire en branle.

Dans ce bras de fer qui oppose ces deux personnalités, la justice qui demeure le seul recours en la matière, pour départager les deux camps, s’est prononcée.  Ainsi le TPI de Kaloum   a dans un verdict prononcé le 15 mars dernier,   constaté « l’incompatibilité du poste de député à l’assemblée nationale de Guinée de Monsieur Elhadj Mamadou Sylla par rapport à la fonction du Conseil National du Patronat de Guinée (CNPG).»

Ordonnant sur le champ « la reconduction » de Monsieur Sékou Cissé au poste de président par intérim du Conseil National du Patronat de Guinée (CNPG) jusqu’à la tenue des nouvelles élections, conformément aux statuts du CNPG.

Après ce verdict, Mamadou Sylla a aussitôt assigné  Sékou Cissé  en référé.  Monsieur Mohamed Chérif Sow, président par intérim du Tribunal de Première Instance de Kaloum a estimé sans tergiversation que l’Ordonnance No72, portant constatation de l’incompatibilité de l’Honorable Député Mamadou Sylla aux fonctions de Député de l’Assemblée Nationale, Chef de parti (UDG) et Président du CNP-Guinée, restait de vigueur.

Le camp de Sylla n’en est pas resté là. Il a interjeté appel au niveau de la Cour d’Appel de Conakry. Et comme il fallait s’y attendre, la Cour d’Appel va elle aussi rendre un arrêt constatant « l’incompatibilité de Monsieur Mamadou Sylla à occuper le poste de président du patronat en sa qualité de député. »

Malgré ces injonctions des instances judiciaires, le député Mamadou Sylla va passer outre, pour organiser le congrès qui a porté Kaba Ansoumane « Guiter » à la tête du CNP Guinée, en toute illégalité. Un congrès qui à l’allure où vont les choses devra être repris purement et simplement, ce conformément aux décisions judiciaires. Il reviendra ainsi à M. Sékou Cissé de convoquer un nouveau congrès dès que possible, afin de doter le CNP Guinée de dirigeants dignes de nom.

Lire le PV du millénium ou la preuve de la roublardise de certains frondeurs

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