Dans un entretien accordé à votre hebdomadaire, le président du Parti de l’espoir et du développement national (PEDN) Lansana Kouyaté lève un coin du voile sur la naissance dans un proche avenir d’une alliance de partis politiques, qui sera dans l’esprit du « Tout sauf Alpha». C’est dans cette optique que le rapprochement de Alhousséyni Makanéra Kaké, ancien ministre de la Communication et Mohamed Lamine Kaba, leader du parti FIDEL, avec Lansana Kouyaté se dessinerait. Lisez plutôt!
Bonjour monsieur Kouyaté. Pendant que l’opposition se bat pour la mise en place des démembrements, de manière juste et ce conformément aux différents, monsieur Kouyaté continue d’être absent du pays. Est-ce un renoncement à la lutte politique?
Lansana Kouyaté: Kouyaté ne renoncera jamais à la lutte politique. Si le temps passé à l’extérieur était synonyme de renoncement, le locataire actuel de Sékhoutouréyah peut-être aurait renoncé. Parce qu’il a fait plus de temps à l’extérieur que monsieur Kouyaté. Et quand vous prenez l’Afrique et le monde, vous trouverez que beaucoup, je dirai les 40% et mêmes les 60% ont mené leur combat et de l’intérieur, et de l’extérieur. Donc, cette question qui revient très souvent n’en est vraiment pas une. Et j’ajoute que, vous parlez du combat pour les démembrements de la CENI; le PEDN est à la pointe de ça. Parce que nous avons une position claire et nette. D’abord, à la réunion de toute l’opposition face à la mouvance présidentielle, nous étions les tous premiers à dire qu’il faut suspendre notre participation à des démembrements où se trouverait l’UFR. Parce que nous considérons l’UFR comme étant un parti de la mouvance aujourd’hui. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. C’était la position du PEDN. Nous avions recommandé en même temps que là où l’UFR n’était pas représentée on peut y siéger. Mais à l’époque, nos partenaires de l’opposition républicaine n’ont pas voulu faire le distinguo. Ils ont dit de suspendre dans tout. Ça a été fait. Mais après eux-mêmes sont revenus à la raison, et ont dit, il faut participer là où l’UFR n’est pas représentée. Et c’est aujourd’hui la position de nous tous. Je suis heureux que tous soient revenus à notre petit état, c’est-à-dire à ce que nous avons arrêté avant. Ça ce n’est qu’un volet. Quant au refus de la mouvance de faire des élections des quartiers et des districts, nous disons non; c’est contraire à la loi. C’est contraire à tout ce dont on a parlé ces derniers temps. Donc, on refuse ce qui n’est pas applicable. Que Kouyaté soit à l’extérieur ou à l’intérieur, le parti marche. Je crois d’ailleurs que tous les partis doivent faire la même chose. Moi je démontre que le parti n’est pas ma propriété. Il y a un organisme. De près ou de loin le PEDN se porte bien. Mais si vous pensez que c’est par la tête. En Guinée c’est vite fait, le président est le propriétaire du parti. Le jour où il n’est plus, le parti meurt. Ça ce n’est pas le PEDN, le PEDN ne mourra pas ni par l’absence de A, ni par l’absence de B.
La nouvelle de l’adhésion au PEDN de messieurs Alhousseyni Makanéra et Kaba Mohamed commence à circuler dans la cité. Qu’en est-il réellement?
Ce ne sont pas des adhésions au PEDN, c’est une alliance pour tous les partis qui n’auront qu’un seul objectif, sans tricher, tout sauf Alpha. C’est tout. C’est ce qui nous lie. Ils ne sont pas encore membres du PEDN, même si dans la perspective cela peut être comme cela. Mais pour l’instant on n’en est pas là. Nous sommes une alliance comme il y en a eu. Je crois qu’il ya beaucoup de déçus de ce régime. Moi j’ai eu affaire avec certains d’entre eux qui m’ont trainé dans la boue, en politique et même dans la vie courante. Il faut savoir faire fi du passé et regarder l’avenir. Si on peut converger, si on peut mutualiser nos forces pour pouvoir aller à la victoire contre un régime n’est-ce pas, qui ne fait que dégringoler, qui fait dégringoler la Guinée. L’éthique, la morale, les questions d’insécurité sont aujourd’hui les plus ardues. Je crois que ça nécessite cette union qui doit aller même bien au-delà, pour que ça soit une union sacrée.
Le PEDN ira-t-il aux élections locales si des efforts ne sont pas faits dans le sens par exemple, de la refonte de la CENI?
Vous savez bien que le PEDN ne prend jamais ses décisions à la légère. Mais quand on les prend, on les soutient. Soyez sûrs, si les conditions ne sont pas réunies, c’est-à-dire si le vote, l’élection des chefs de quartiers et des chefs de districts n’est pas admis, en tant qu’instance, en tant que mouvement fort de la vie des localités, le PEDN en tirera les leçons, débattra et décidera en conséquence. Si tout ce qui a fait les vices cachés, les tares, de ce que nous avons connu comme élections passées doivent être répétés, ce n’est pas seulement des questions institutionnelles, mais c’est la fraude et l’annonce des résultats qui sont totalement contraires. Et cela est lié à une CENI au service du pouvoir, si toutes ces conditions ne sont pas remplies, le PEDN en tirera les leçons, se prononcera en conséquence et dira sa position. C’est prématuré tout ça parce que nous sommes dans une logique de dynamique, nous sommes en train de montrer d’abord ce qui va et ce qui ne va pas. En temps opportun, nous ferons connaître. D’abord les échéances sont totalement faussées vous le savez. Ces élections qui doivent se tenir, la Guinée a une certaine élasticité dans la tenue des élections. Une élection qui doit se tenir lundi se tiendra que dimanche. Une élection qui doit se tenir en janvier ne se tiendra qu’en décembre, une élection qui doit se tenir en 2016 peut ne pas se tenir sauf en 2017. On est habitué à ça. Et c’est d’abord le premier signe de manque de sérieux d’un Etat.
Pour finir, avez-vous un message à l’endroit de vos compatriotes, et tout particulièrement de vos militants?
A l’endroit de mes compatriotes et de mes militants tout va ensemble d’ailleurs, je dirai que l’effort que tu fournis, Dieu t’aide à en avoir un autre. Il sera illusoire de penser que quand on s’assoit et on commence à se tordre la main, et à rester dans la paisible fiction, que Dieu viendra un jour. Dieu ne viendra pas. Dieu nous a donné, il nous a dicté deux choses; la première c’est ce qui ne dépend pas de nous, notre taille, notre teint, notre race, notre ethnie, notre clan, tout cela ne dépend pas de nous. Le jour de notre naissance ne dépend pas de nous, le jour de notre mort ne dépend pas de nous. Ça c’est le destin qui le fixe, et ce seul déterminisme fait que le bon Dieu est le maître de Tout. Le bon Dieu nous a donné aussi une responsabilité. Responsabilité de conduire notre vie en nous indiquant tout le temps ce qui est le bien et ce qui est le mal. Si ce qui est mal nous le faisons, on n’a aucun droit d’accuser Dieu parce qu’il a couplé deux déterminations et responsabilités. Et nous confondons les deux parce que nous mélangeons tout. On dit Dieu viendra. Dieu viendra d’où? Nos compatriotes doivent savoir que c’est parce qu’ils se sont ardemment battus, ils ont fait de leur libération économique, politique, sociale, leur épanouissement, surtout leur puissance, c’est parce qu’ils se sont déployés pour ça que les pays qui dominent le monde aujourd’hui le sont devenus. Ils sont devenus prépondérants. Vivre en tant que Guinéen et vivre en tant qu’Américain, un piètre américain est plus respecté aujourd’hui qu’un excellent guinéen. C’est la force du combat historique que les Américains ont mené et qu’ils ont porté jusqu’au bout. Voilà le message que je donne à mes compatriotes, voilà le message que je donne à mes militants. C’est le message de courage, le message de la volonté et le message de combat pour tout ce qui est des fléaux qui nous assaillent; qu’il s’agisse de l’insécurité, qu’il s’agisse de tout ce qu’on a comme tares du point de vue social. Je vous remercie.
Entretien réalisé par Oumar Daroun Bah