Si le programme reste inchangé, lundi 13 juin 2016, le procès des présumés auteurs de détournement de fonds destinés à leur fédération sera inscrit à nouveau dans le rôle du Tribunal de première instance (TPI) de Mafanco à Conakry.
L’affaire remet au goût du jour la question du business illégal autour de la gestion des fonds alloués à la lutte contre Ebola, alors que l’épidémie qui endeuille le pays en décembre 2013, a été déclarée terminée sur le territoire national le jeudi 1e juin 2016 après une première déclaration faite en décembre 2015 avec un bilan de 3 814 cas enregistrés, pour 2 544 décès.
Ce procès avait débuté le jeudi 22 février 2016 quand des hauts dignitaires de la Coordination nationale de lutte contre l’épidémie à virus Ebola y ont été trimballés pour acquisitions d’avantages illégitimes par le célèbre avocat Maurice Sââ Tolno qui conseille le très respecté Dr Mamadi Daman Traoré, président de la Fédération guinéenne d’Associations des guérisseurs traditionnels et herboristes.
« A travers ce procès, nous souhaitons uniquement que la vérité soit dite devant tout le monde afin que les membres de notre fédération nationale soient rétablis chacun dans ses droits. Je vous jure sans haine et sans crainte aucune que nous ne sommes contre personne », affirme d’emblée le président Daman Traoré, l’index droit levé vers le ciel en signe de serment de vérité.
Les mis en cause dans cette affaire Ebola-business sont supposés avoir récupéré le projet des tradipraticiens et pris part au détournement d’un montant estimé à 529 millions de francs guinéens sans donner aucun centime à la fédération présidée par Dr Daman Traoré. Ils ont été convoqués le 29 mars 2016 à répondre devant la justice. Ce sont : Le Coordinateur national anti-Ebola Dr Sakoba Keita et son chef de la Communication Fodé Tass Sylla, le chef de Division médecine traditionnelle du ministère de la Santé publique Dr Ernest Paquilé Gamy.
Le 14 avril un comptable de l’OMS dénommé Ibrahima Millimouno et M. Condé de la coordination nationale sont aussi convoqués à se présenter le lundi 25 avril 2016 au parquet du procureur Sidiki Kanté.
Dans la listes des incriminés, on note également les noms de l’anthropologue Abdoulaye Sayon Fofana et du médecin Dr Negro Condé.
Itinéraire d’un scandale
Tout débute par une demande de financement en date du 20 octobre 2014 adressée à la Coordination nationale dirigée par Dr Sakoba Keita. Suivie d’une autre signée le 1er avril 2015 par le président Daman Traoré. Le ministre de la Santé, Grand officier de l’Ordre national de mérité de la République française, le médecin-colonel Rémy Lamah signe le soit transmis le 2 avril.
Enregistrée le même jour à la Coordination anti-Ebola sous le numéro 311, la demande est restée sans suite.
Malgré tout, le président Daman Traoré ne se décourage pas et multiplie les démarches.
Avec l’appui et le soutien indéfectible du ministre Lamah de la Santé, sa nouvelle demande pour le financement de son projet de formation et de sensibilisation de ses membres disséminés à travers le pays est signée le 18 août 2015. Elle est introduite au siège de la représentation nationale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à Conakry par un soit transmis du 25 août 2015. Les choses s’arrangent bien. Le dossier suit son parcours administratif. Entre-temps, le président Daman Traoré apprend de bonnes sources que le dossier vient de connaitre une autre tournure étonnante. Il se renseigne et découvre le pot aux roses. « A la Coordination, ils ont monté un projet juste pour détourner les fonds. Ils ont dit qu’ils vont acheter des thermo-flash pour nous », s’indigne Dr Traoré qui précise que selon ce « faux projet », les participants à la formation au Palais du peuple seraient au nombre de 360 et bénéficieraient d’une prime de transport. « Ça aussi, c’était du mensonge parce qu’il n’y avait même pas 100 participants». D’ailleurs, au lieu du Palais du peuple, l’atelier de formation a été tenu discrètement « dans la cantine d’une école primaire privée à Enta dénommée Olfac ». Et durant les 4 jours de formation qu’a duré ledit atelier, « ils ont servi du café et du riz préparé par une dame d’à côté de cette école, et ils disent avoir dépensé 72 millions de FG ».
L’œuvre de rassemblement et de fédération de ses confrères du président Daman Traoré est reconnue sur le plan international. En 2011, il a même représenté la Guinée à la réunion des praticiens de la médecine traditionnelle et des experts techniques tenue du 7 au 8 mars à Ouagadougou la capitale burkinabè.