La publication du chronogramme électoral par la Commission électorale nationale indépendante, qui fixe les élections locales au 18 décembre, suscitent des réactions chez les politiques et au sein de la société civile guinéenne. Voici quelques réactions recueillis par nos reporters.
Dr Saliou Bella, porte-parole de la mouvance présidentielle : «Nous sommes d’accord avec la CENI sur la date du 18 décembre»
« Ma réaction est tout à fait celle de toute la mouvance
présidentielle en tant que porte-parole de la mouvance et de la COPAM.
Nous de la mouvance présidentielle, globalement pris, nous sommes
d’accord avec la CENI qui a fixé l’organisation des élections
communales, par-là, entendez urbaine et rural, c’est-à-dire communale et
communautaire donc le 18 décembre 2016, c’est-à-dire à la fin du
dernier trimestre de l’année. Elle a tenu compte de tous les
critères, de toutes les conditions de préparation pour l’organisation
des élections crédibles, transparentes, régulières et acceptables pour
toutes les parties. Donc nous nous alignons sur cette logique et nous
assurons notre disponibilité et notre engagement à participer avec
toute la finesse démocratique à ces élections. Nous pensons qu’il
faut liquider cette activité qui n’a que trop duré pour que nous
puissions finir avec ces arriérés. Parce qu’en fait pour la dernière
fois c’est en 2005 que ces élections ont été organisées. Donc il y a
un retard énorme de dépassement de plus de 100%. Il faut que nous
puissions organiser ces élections.»
Dr Faya Millimouno, président du Bloc Libéral : «La priorité actuelle serait de se débarrasser de cette CENI »
« La date des élections fixée par la CENI, il faut rappeler les faits qui
démontrent que la CENI n’est pas sérieuse. L’année dernière en 2015, la
CENI nous avait dit être tout à fait prête à organiser les élections
municipales et locales avant les présidentielles. Mais parce que la
mouvance ne l’avait pas voulu, elle s’est alignée derrière la mouvance
pour dire qu’elle ne pouvait plus organiser les élections. Le dialogue
qui a permis donc d’aller aux élections présidentielles a retenu
qu’avant la fin du premier semestre de l’année 2016, que les élections
locales puissent avoir lieu. Quelques mois avant la date limite,
c’est-à-dire le 30 juin, la CENI a organisé un atelier auquel, elle a
invité les partis politiques pour les faire porter la responsabilité
du report de la date des élections en octobre et en précisant que les
élections en octobre permettraient d’organiser à la fois les élections
dans les quartiers et districts, mais aussi dans les communes urbaines
et rurales. On est à quelques semaines du mois d’octobre, la même CENI
nous sort une autre date pour dire qu’elle ne peut pas organiser les
élections au niveau des quartiers et des districts, mais elle peut
organiser les élections municipales le 18 décembre. Ça montre que nous
avons à faire avec des hommes et des femmes qui ne sont pas sérieux.
Étant donné qu’on est convenu depuis l’année dernière de changer cette
CENI, étant donné l’engagement solennellement pris par le président
de faire respecter les accords passés et futurs, je crois qu’il faut
mettre comme priorité, de se débarrasser de cette CENI. Sinon nous
continuerons de vivre les mêmes problèmes dans ce pays. C’est tout ce
que j’ai comme réaction par rapport à cette énième date. Je crois qu’il y a un dialogue en vue dont on parle d’ailleurs depuis des mois. La CENI en continuant sa fuite en avant veut se soustraire de la république et penser qu’elle peut évoluer en fixant des dates et en faisant des déclarations sans tenir compte des avis des uns et des autres. Je trouve que c’est dangereux de se comporter de cette façon. Et je trouve que le temps est venu de respecter effectivement les engagements, il faut prendre le président de la république aux mots. Si nous devons faire respecter les accords de 2013 et de 2015, il faut complètement revoir la copie de cette CENI pour qu’elle arrête d’utiliser les fonds publics, en prenant des décisions unilatérales qui n’aboutissent pas. Je crois que c’est elle seule qui avait annoncé le report en octobre des élections. C’est elle seule qui vient d’annoncer le mois de décembre, pour la tenue de ces élections. Quelle autre date, on va nous proposer et à chaque fois que ces dates sont fixées, ce qu’il faut comprendre, c’est que des milliards et des milliards sont utilisés pour dire avant on ne pouvait pas tenir cette date ».
Salmana Diallo, président du CNOSC-DDG : «La CENI devait pouvoir associer aussi les quartiers et les districts à ces élections »
« C’est une bonne chose. Nous apprécions la programmation de
l’organisation des élections communales, parce qu’il faut qu’on se
débarrasse des délégations spéciales. Nous condamnons même les partis
politiques de l’opposition et de la mouvance qui ont accepté la
composition des délégations spéciales, parce que c’est une violation
de la loi, c’est une façon de pérenniser la dictature. Ces délégations
spéciales n’ont aucune légitimité de gérer les communes. En bref, ce
qu’il faut retenir au niveau du CNOSC-DDG, c’est que nous apprécions l’organisation des
élections locales et communales. Ce que nous regrettons c’est pourquoi l’organisation de l’élection des quartiers et des districts n’est pas programmée. L’organisation des élections communales et locales ainsi que celles des quartiers et districts devraient avoir lieu en même
temps. Si en 2017, il faut qu’il y ait des élections, donc cela veut
dire qu’en Guinée, qu’il y a toujours des élections. Et si chaque
année il y a des élections, ça fatigue la population. Et à chaque
fois qu’il y a élection on est inquiet. Nous apprécions la
programmation des élections communales, mais nous souhaitons aussi
qu’il y ait la programmation des élections de quartiers et de districts.
Des délégations spéciales qui ne sont pas légitimes, il faut s’en
débarrasser.»
Makanéra Kaké du Front National pour le Développement
« Bon cette date n’a pas été concertée avec les partis politiques, les acteurs concernés pour les processus électoraux en Guinée, étant donné que nous avons laissé le chef de file de l’opposition rencontrer le président de la république, ça devait être sondé par un dialogue qui devait inviter tous les partis concernés à savoir l’opposition, la mouvance, y compris la CENI qui est en charge du processus électorale en Guinée. Nous on est très étonnés de voir que la CENI pose des actes. Je pense que c’est ce qu’on appelle une fuite en avant. Nous ne pensons pas que cette décision est vraiment responsable de la part de la CENI. L’opposition doit se retrouver dans les jours à venir. On va prendre une décision, qu’on va vous communiquer. Mais après, jusqu’à preuve du contraire, cette décision de la CENI est nulle et non avenue, parce que ce n’est pas une décision concertée. »
Propos recueillis par Amadou Sadjo Diallo et Alpha Amadou