Censure

Fronde au sein de l’opposition, Gouvernement d’union nationale: Aboubacar Sylla droit dans ses bottes

Aboubacar Sylla, porte-parole de l’opposition républicaine, devenu la cible d’une fronde née au lendemain de la signature de l’accord du 12 octobre dernier, tente de rétablir la vérité dans cet entretien accordé à nos confrères de la radio Lynx Fm, dont il était l’invité la semaine dernière dans l’émission « Œil de Lynx. » Le leader de l’Union des forces du changement, réputé pour sa pugnacité, demeure droit dans ses bottes, comme on peut le constater en parcourant cet entretien décrypté par notre reporter. 

Des travaux au niveau du comité de suivi  de l’accord du 12 octobre

« C’est vrai que la première réunion du comité de suivi a pris du temps, le ministre de l’Administration et du territoire que nous avons interpelé sur le sujet puisque c’est lui qui en assure la présidence, nous a indiqué qu’il est obligé d’aller à l’intérieur du pays pour quelques semaines après les dialogues parce qu’il y avait des infrastructures à lancer. Des infrastructures qui étaient financées par la communauté internationale, notamment l’Union Européenne, mais aussitôt qu’il est rentré à Conakry dans les 48 heureux, qui ont suivi. Il a convoqué la première réunion du comité du suivi, depuis nous en avons tenu deux et nous allons tenir la troisième lundi prochain (28 novembre, ndlr).Ces premières réunions ont permis déjà de mettre en place un cadre de travail pour définir des procédures, de créer des nouvelles structures comme des commissions. Nous avons créé six commissions pour pouvoir diligenter la mise en œuvre des dispositions de l’accord du 12 octobre dernier. La première commission va être chargée, du toilettage du fichier électoral tel que par cet accord, la deuxième commission va être chargée du suivi des questions liées à la CENI  et aux élections communales, la troisième commission va être chargée de la neutralité du service public, la quatrième ce sera une commission juridique  va être concernée toutes les questions qui sont liées aux questions juridiques justement, c’est-à-dire le problème de la libération des prisonniers, le problème de l’installation de la Haute cour de  justice, la cinquième commission va être chargée des questions d’indemnisation  de victimes, et enfin la sixième commission va être dédiée à la communication. Donc il est très important que les vrais informations parviennent à la population pour que chacun se fasse un jugement réaliste de situation que nous vivons. Donc nous sommes à ce stade-là, les commissions sont déjà constituées, elles ont été meublées, ils ont commencé à travailler, elles ont déjà commencé à rendre compte, nous pensons que nous serons dans le délai prévu au niveau de l’accord car la première échéance qui  nous interpelle au titre de cet accord c’est l’échéance du 30 novembre. Donc on est là, nous pensons qu’on est à jour, les choses semblent évoluer même si au départ c’était un peu difficile. Il y a une bonne volonté apparente de part et d’autre et du côté de la mouvance et du gouvernement, de la communauté internationale qui participe à un niveau élevé à toutes les réunions du comité de suivi et évidemment du côté de l’opposition aussi. »

De la question « d’exclusion » des frondeurs…

« Non, je crois qu’il y a eu soit une désinformation ou mauvaise interprétation de mes propos. Je n’ai jamais dit qu’on va les exclure, je ne suis pas mandaté pour le faire, je n’en ai pas le pouvoir en tant qu’individu. J’ai dit que lorsqu’une contraction au sein d’une entité atteint un certain point, puisqu’il y a des divergences pour des questions de fond et que c’est de deux choses l’une, soit les frondeurs quittent d’eux-mêmes en considérant qu’ils ne peuvent plus cohabiter avec des personnes qui violent selon eux les principes fondamentaux  de la bonne gouvernance et de la démocratie ou alors c’est ceux avec lesquels ils sont qui vont leur demander de partir,  parce que de toutes les façons la cohabitation n’est plus possible. Je prends un exemple sur celui qui se fait passer pour le chef des frondeurs, c’est Monsieur Faya Millimono du Bloc Liberal (BL). Il a quitté d’abord un parti, la NGR pour incompatibilité, il a quitté le parti,  ensuite il a été créé la COEP ave d’autres. Lorsqu’il s’est rendu compte qu’à ce niveau puisqu’il y avait des avancées, des évolutions qui n’étaient pas conformes à ses convictions, il a quitté. Mais je ne comprends pas que cette fois-ci, les frondeurs ne sont pas d’accord pour des questions de fond avec l’opposition républicaine au lieu de dire nous quittons cette opposition parce qu’elle a trahi nos objectifs, elle a trahi nos idéaux, ils disent non, on va créer un front pour la descendre en mille morceaux. Mais en même temps on reste dedans. Donc c’est totalement incompréhensible et incompatible. Moi je vais dire  que si on n’a pas d’arrières pensée, si on n’est pas en mission de destruction de l’entité, lorsqu’on n’est plus d’accord avec une entité dans des proportions aussi graves, et lorsqu’on va aussi loin jusqu’à aller le dénoncer dans les médias, en parlant de traîtrise, en parlant de violation de droit, hors c’est ça qui est le fondement, c’est ça qui constitue le fondement de notre combat politique, mais si nous allons jusqu’à remettre en cause le fondement de  ce combat, nos convictions, on a plus rien à faire ensemble, normalement on quitte. Mais lorsqu’on s’acharne à y rester en continuant à démolir l’entité dans laquelle on est, alors ça veut dire qu’on a un agenda caché. Je crois que comme je l’ai dit lors d’une plénière, les opposants de la vingt cinquième heure qui viennent à la dernière minute nous donner des cours de loyauté vis-à-vis de l’opposition, je dis que c’est inacceptable. Je leur ai dit en face à l’occasion d’une plénière parce qu’ils s’attaquent à tout le monde, à Cellou Dalein Diallo, à d’autres leaders, à moi, à Téliano. Depuis qu’ils sont arrivés à l’opposition républicaine, il y a à peine 6 mois, on a commencé des quiproquos, des querelles, des chamailleries, des chicaneries au niveau de nos réunions, c’est totalement insupportable. On dirait qu’ils sont venus justement pour déstabiliser cette opposition. Donc si y a des gens qui veulent déstabiliser cette opposition, c’est ceux qui sont venus troubler la quiétude qui existait, semer la zizanie et créer des situations qu’on n’a jamais connues dans le passé, comme celle que nous vivons aujourd’hui. »

De la rancœur des frondeurs

«  C’est archifaux. J’ai été au dialogue après avoir rencontré Alpha Condé. Tous ceux qui ont participé au dialogue savent avec quel acharnement j’ai défendu l’opposition au cours de ce dialogue. Donc le fait de rencontrer le professeur Alpha Condé, c’est dans l’ordre normale des choses. Je vais rappeler une chose, depuis 2011 que nous sommes dans l’opposition républicaine, c’est la première fois que le professeur Alpha Condé me reçoit. Je n’en dirais pas autant d’autres leaders. Combien de fois, il a reçu El hadj Cellou Dalein Diallo, bien avant qu’il ne soit chef de file de l’opposition ? Combien de fois il a reçu Sidya Touré ? Combien de fois il a reçu Lansana Kouyaté ? Il a même reçu même Mouctar Diallo. Il a reçu même Fodé Oussou qui n’est pas le président de son parti politique, mais là on ne dit rien. Puisque moi, il m’a reçu une fois, pour que nous discutions des questions d’intérêt national, il m’a pas reçu en catimini, il m’a reçu en pleine journée devant les journalistes que j’avais informé  par avance, à la connaissance de mes collègues de l’opposition. Il m’a reçu et quand je suis sorti de Sékhoutouréya, il y avait beaucoup de journalistes dehors auxquels j’ai rendu compte. »

De l’éventualité d’un gouvernement d’union nationale

« Non, il ne faut pas inverser les choses, j’ai parlé de gouvernement d’union nationale, avant d’être reçu par le professeur Alpha Condé. C’est une idée qui a germé dans la cité. Si y avait beaucoup de rumeurs  concernant ce gouvernement  d’union nationale. J’ai donné ma position là-dessus. J’ai dit que dans les pays où les antagonismes  entre les oppositions et le pouvoir sont plus importants, il y a eu le gouvernement d’union nationale. Je vous ai donné le cas de la Côte d’Ivoire où Gbagbo a cohabité avec le chef des rebelles de l’époque qui est Guillaume Soro, et beaucoup d’autres pays, notamment européens. J’ai parlé de l’Allemagne qui connait actuellement un gouvernement d’union nationale, de l’Italie et beaucoup d’autres pays où cela se passe. Lorsque la situation l’exige, lorsque la nation est en danger ou parfois il y a une opportunité qui permet de taire les contradictions mineures pour s’attaquer à l’essentiel. J’ai dit qu’il faudrait que toutes les parties se disent que la situation que nous vivons est exceptionnelle et qu’il y a un risque majeur de destruction de la nation pour qu’on pense à taire nos divergences politiques, pour aller à un gouvernement d’union nationale, première condition. J’ai dit que la deuxième condition, il faudrait que ce gouvernement d’union nationale se compose sous la base d’un programme d’union nationale. Il faut qu’on sache dans tel secteur il y a le processus électoral, il y a le secteur de la justice, il y a le secteur de la lutte contre la corruption, il y a le secteur des infrastructures sociales. Dans les secteurs de la sécurité, qu’est-ce qu’on va faire ensemble. Troisième condition, il faut que cela se fasse pour une durée limitée dans le temps. On ne peut pas tout le temps être dans un gouvernement d’union nationale. C’est pour traverser une crise, ça peut durer un an ou deux ans, et après on revient aux fondamentaux de la démocratie, c’est-à-dire avec un pouvoir et une opposition. Je dis si un gouvernement d’union nationale devait se constituer sur la base des conditions que je viens d’énumérer, moi je suis favorable à ça. Comme dans tous les pays que nous avons connus où il y a eu des situations exceptionnelles où les gouvernements d’union nationale ont été encouragés, et parfois se sont constitués, et ça je l’ai dit bien avant la rencontre avec le professeur Alpha Condé. Les Guinéens ne se rendent pas compte de la situation catastrophique dans laquelle se trouve leur pays. Si vous regardez les indices sociaux de notre pays, mais notre pays ressemble à un pays qui est sorti d’une guerre civile ou qui a été frappé par une calamité naturelle de grande envergure. Comme une grande sécheresse, des inondations ou un séisme. Vous savez que le taux de la mortalité infantile en Guinée, il n’est pas loin de 20 pour 1000, c’est-à-dire un enfant sur cinq qui naît aujourd’hui n’a de chance d’atteindre l’âge de 5 ans. Le taux d’accès à l’eau, c’est des taux qui sont extrêmement bas. Nous vivons dans une extrême pauvreté dans ce pays. Le pays-là a besoin de la compétence de tous ses fils pour surmonter ses obstacles et donner un minimum de prospérité à ses populations. Je n’ai pas dit qu’il faut accepter un débauchage, je n’accepterai jamais d’être débauché à titre individuel, si je le voulais je vous assure, je serai dans le gouvernement, parce que ce n’est pas faux d’avoir reçu des propositions mais j’ai dit que je ne l’accepte pas; parce que je suis un homme qui a sa dignité et qui a son amour propre. Je ne peux pas dire une chose et demain faire le contraire, en tout cas ceux qui me connaissent ont une assez bonne opinion de moi pour que je les déçoivent à ce point.

Par contre si vraiment le gouvernement d’union nationale se constituait sur la base d’un constat de la grave crise que vit notre pays aujourd’hui, de risque même de cohésion sociale, de risque d’unité nationale qui pèsent sur le développement du pays, je dis pourquoi pas. Il faut que ce soit sur un programme commun sur lequel on s’entend d’avance. Il faut que ce soit pour une durée limitée dans le temps, ça c’est toujours ma position. »

Une synthèse de Alpha  Amadou Diallo in Le Démocrate  

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