Censure

Ces reines de beauté à la merci des marchands du sexe (Par Walawoulou Bilivogui )

Mademoiselle  Safiatou  Baldé,  Miss  Guinée  2016, a accordé une interview à  la radio Lynx FM  le 13 janvier  dernier. Je l’ai  suivie  avec  beaucoup  de plaisir, elle s’exprime  librement  en  français et son niveau  intellectuel  est  fort  appréciable. Je suis  resté  suspendu  à   ses  lèvres  durant  toute l’émission et  je me suis dit : « Voilà une fille bien  éduquée  qui se prépare sûrement  un  bon avenir. »

Seulement  chaque  fois  que  j’entends  parler  de  Miss   ou  d’élection  Miss, j’éprouve  malgré moi  quelques appréhensions. Je me  demande  toujours   pourquoi   célébrer  la  beauté  féminine, pourquoi   livrer  aux  convoitises   masculines   des  jeunes  filles  en  tenue   de plage, pourquoi  faire  de  cet  événement  soit-  disant  culturel  un  espace  de marchandage  et de frivolité à  peine voilés ?

Je choisis  ici, néanmoins, de réfléchir  un  peu  plus sur les contours   d’un   événement  qui   se tient annuellement  dans  plusieurs  pays  et  qui culmine  par  l’élection   Miss   monde. Notre Miss  Guinée 2016 vient  de participer  à la  dernière  édition  du  mondial  aux  Etats- Unis  d’Amérique, elle en a donné  un  survol   du   déroulement  en  répondant  aux    questions  des   journalistes.

La première  chose  qui me vient  à l’esprit, relative à l’élection Miss,  est que ce genre  d’activité ne relève pas  de notre culture, il est purement  et  simplement  importé  de l’Occident. Nous autres africains  admirons  la beauté  des  femmes  en  chahutant, nous  n’en faisons  pas  un  culte à célébrer. Le blanc, lui,  exalte  la  beauté  féminine  au  point  d’en faire  une  marchandise. Il est vrai qu’au-delà  de la marchandise  l’Occident  véhicule  aussi  des  valeurs positives  comme  faire de l’élue  une   personnalité publique  qui est  appelée  pendant  son  mandat  à  promouvoir  la  gent   féminine  et  à  entreprendre  des  actions  humanitaires. Il y  a donc  des  Miss  qui,  telle  Safiatou Baldé,  sont  nanties  d’un  caractère  moral  assez  élevé, qui  ne se laissent  point  traîner  aux appétits  sexuels   des  hommes. Ce  n’est  pas toujours  le cas, malheureusement, beaucoup  de reines  de beauté  vivent   à  la merci  des  marchands  du sexe.

Notre  monde  est  devenu  un  village planétaire  avec  ses  avantages  et  ses  inconvénients. Les distances  entre  les  cultures   sont  réduites  à   néant   grâce  aux  nouvelles  technologies  de l’information, mais  ces mêmes  moyens  permettent  aux  pays  dominateurs  de l’Occident  d’imposer  au   reste  du monde  leurs  canons  de  culture  et  de civilisation. Nous  avons  ainsi   du mal  à résister  aux  courants   d’idées  ou  de  pratiques  qui  nous   envahissent,  ce  qui  ne nous  dédouane  pas  du  manque  de  volonté     à  rester  nous-mêmes.  Si  nous  devons  prendre  quelque chose  chez   les autres, faut- il encore   le faire  avec    discernement ?   Evertuons-nous  surtout  à l’adapter  à  nos propres  valeurs  de pensée  et  de comportement.

Nous  avons  adopté  l’élection  Miss, soit, extirpons  d’elle    ses aspects  négatifs  que  sont  la mise à  nu  des  filles  sur  un  podium  public , le harcèlement  de  nos reines  de  beauté  par de riches  pédés  en  complicité  avec  des bandes  de souteneurs. Qu’ est-ce  qui  nous  empêche  de mettre  à profit   l’élection  Miss   pour magnifier  les    costumes   et  coiffures  féminins  de chez-  nous  ou encore  de  donner  à  nos  postulantes    à  cette  élection  des  cours   de  civisme  ou  de morale sexuelle ? Evitons d’aller  au rendez-vous  de l’universel   en simples  consommateurs, rendons-   nous  y   avec  nos  propres  valeurs  de culture,  il y  va   de  notre  dignité.

Tout en souhaitant à Mademoiselle Safiatou Baldé de rencontrer un jour un mari à la hauteur de son éducation et de sa  culture, je lui dis bonne et heureuse année 2017.

le démocrate

Walawoulou Bilivogui

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