Le commandant Aboubacar Sidiki Diakité dit ‘’Toumba’’ a été extradé dimanche 12 mars 2017 à Conakry. Dans une interview accordée à notre reporter, l’avocat de Toumba Diakité explique les conditions d’extradition et de détention de son client à Conakry. Selon Maître Paul Yomba Kourouma, des mandats d’arrêts devaient être décernés aussi à tous les inculpés dans le dossier du 28 septembre.
Toumba Diakité a été extradé en Guinée. Quel est votre point de vue sur cette opération, en tant qu’avocat de cet officier cité dans le dossier du 28 septembre ?
Maître Paul Yomba Kourouma : Bon ! Bientôt le dossier du 28 septembre sera en état d’être jugé dès lors que M. Toumba Diakité est extradé à Conakry. L’information à son encontre va commencer devant le pool des juges d’instruction. Il a été placé sous mandat de dépôt à la maison centrale dès son arrivée. Seul, il est là-bas en l’absence de ces co-prévenus puisqu’il n’est pas le seul inculpé dans cette affaire. Il est inculpé au même titre que beaucoup de hauts cadres de l’Etat qui gèrent les affaires qui sont perchés dans les différentes sphères de l’administration, si ce n’est d’ailleurs à la présidence de la République. Inculpés, ils sont laissés en liberté. Et Toumba en violation de toutes les lois régissant l’extradition au Sénégal a été extradé à Conakry et écroué. Nous voyons en cela une discrimination, une iniquité que nous demandons à l’autorité judiciaire de rectifier dès à présent puisque nous serons portés, à solliciter la mise en liberté provisoire de notre client pour ce chef d’accusation, et pour l’autre pour qu’il subisse le même sort, vive le même statut que les autres jusqu’à ce que le droit soit dit.
Votre client se sent-il en sécurité?
Nous sommes tous préoccupés par rapport à cette question. Puisque Toumba Diakité avait bien avant son extradition voulu rentrer au pays pour donner sa part de vérité, car il a été débité contre lui des contrevérités qu’il entend rectifier. On lui a fait porter le chapeau, on lui a collé la paternité du massacre du 28 septembre. Il dit que tous ces chefs d’accusations, tous ces griefs ne le concernent pas et qu’il en fera la démonstration.
Mais qu’il souhaiterait que sa préoccupation, qui est celle de sa famille et de moi-même, que ses conditions sécuritaires soient vraiment assurées et qu’il puisse en toute quiétude assurer sa défense pour sa cause, parce qu’il est venu, très serein, très déterminé à affronter le pool des juges d’instruction.
Croyez-vous à la tenue de ce procès cette année comme l’a promis le ministre de la Justice, Me Cheick Sacko?
Nous avons eu assez de promesses dans ce sens. Tous les autres ont déjà été entendus, certains par commission rogatoire, il y a eu des déplacements du juge même. Toumba doit être entendu. Il ne reste plus que lui. Je pense que l’information pourrait être clôturée avec son interrogatoire.
Certaines personnes inculpées dans cette affaire vivent à l’extérieur du pays, d’autres occupent des hautes fonctions de responsabilités en Guinée. Comment trouvez-vous cela ?
Des mandats d’arrêts devaient être décernés contre eux puisqu’ils sont inculpés, ils sont concernés. L’issue de ce procès dépend en grande partie de leur présence parce qu’ils ont été de grands décideurs. Ils ont géré le pays. Donc, ne décerner de mandat d’arrêt international que contre M. Toumba Diakité serait déjà une sélection, une façon de lui coller la paternité de cette affaire. Je ne suis pas en train de préjuger, mais les faits mêmes, ceux qui se présentent maintenant dénotent une discrimination.
Des rumeurs courent dans la Cité, soi-disant que Toumba Diakité ne se sent pas bien. Vous qui l’avez rencontré, dites-nous comment se porte-il ?
Il se porte très bien et est très performant. Il nous a dit qu’il a été très bien traité par les gendarmes qui l’ont arrêté au Sénégal. Que c’est à son accueil à l’aéroport de Dakar par la gendarmerie guinéenne que des incongruités ont été signalées. A ce niveau, il a été sévèrement menotté, on lui a arraché sa montre en or qu’il portait, insanités ont été échangées. Donc ce n’était pas gai. Donc, il a commencé à perdre la quiétude dès lors, qu’il a été débarrassé des autorités sénégalaises. Mais le procureur de la République ici est en train de rectifier le tir, il est collé à la légalité.
Il nous demande de lui signaler toutes les dérives, tout ce que nous constaterons non seulement au sujet de l’alimentation de notre client, de son séjour, les conditions d’accueil. Il a promis d’ailleurs de lui offrir certaines commodités, de lui pourvoir d’un poste téléviseur et d’un climatiseur. Mais ce qui est à déplorer, c’est que, pendant ce temps les autres inculpés sont dans leur palais et avec des voitures entièrement climatisées en toute liberté.
Entretien réalisé par Sadjo Diallo