Censure

Crime organisé : Un réseau de trafic de jeunes filles démantelé à Conakry

Le Service spécial de la lutte contre la drogue et le crime organisé a présenté, ce vendredi 24 mars 2017, des individus, dont MM. Bah Alpha, Ousmane Sylla recruteurs présumé et Mlle Aicha et M. Bangoura démarcheurs présumés, tous arrêtés dans la nuit du 21 au 22 mars 2017 à l’aéroport international de Conakry, munis de plusieurs passeports et en compagnie de filles qu’ils tentaient d’embarquer pour le Koweït.

Le Colonel Moussa Tiégboro Camara, patron du service, annonce que c’est un trafic humain et précise : “l’information a été donnée au procureur de Mafanco, qui attend maintenant les PV pour que le procès s’ouvre. Je demande à la population de se réveiller, pour que les filles ne se trouvent plus jamais dans ces genres de situation. “

Il dit avoir visionné une vidéo sur laquelle ‘‘vous voyez une jeune fille noire, attachée de pieds et de bras, en train de se faire bastonner et les jambes complètement écartées. Je ne vais pas pouvoir continuer puisque je suis musulman“.

Et le commissaire Traoré, directeur adjoint du service d’expliquer : “nous sommes réunis ici ce matin pour vous présenter un vaste réseau de trafic de personnes et de trafic illicite de migrants. Grâce à la collaboration de certains services extérieurs nous avons été informés de ce vaste réseau de traite d’êtres humains entre la Guinée, le Sénégal et la Sierra-Leone. Après trois mois d’enquêtes et de filatures, nous avons procédé le 21 mars, dans la nuit du 22, à l’interpellation de quatre personnes, avec quatre filles, ils étaient en train d’embarquer pour le Koweït. Ce réseau recrute des filles dont l’âge varie de 17 à 30 ans. Ils prennent leurs photos pour les montrer dans les pays du Moyen orient, où la sélection est faite. Donc ces filles n’ont rien à payer, ni le visa, ni le billet, elles sont expédiées dans ces pays pour y être exploitées par des gens qui y vivent, et de nos jours ce réseau a fait partir une trentaine de filles. “

Il demande ‘‘à toutes les familles dont les filles ont disparu, de prendre contact avec nous, afin que nous puissions rentrer en contact avec ces pays, pour pouvoir les ramener chez nous“.

Une des filles arrêtées à l’aéroport témoigne : “moi je ne sais vraiment pas comment je me suis retrouvée dans cette situation. Puisque c’est ma mère qui a fait toutes les démarches. C’est quand nous tous qui voyagions, étions réunis à l’aéroport, en prenant des photos que nous avons vu les militaires nous encercler. Ils nous ont dit de venir ici. “

Et sa mère de s’expliquer : “j’ai connu ce réseau grâce à une fille qui est une fois venue à mon travail, pour mettre en ordre ses dossiers et m’en a parlé. Elle m’a aidé à être en contact avec eux. Mais je ne savais pas non plus que c’était une mauvaise chose. Ils m’ont juste dit qu’ils envoyaient des gens pour qu’ils travaillent et gagner de l’argent. Je leur ai demandé, quel genre de travail ? Ils m’ont répondu que toutes sortes de travail. Je leur ai dit que ma fille est une étudiante diplômée et qu’elle avait également appris la coiffure. Ils m’ont dit d’amener le diplôme et ayant obéi, en quelques jours le visa, le billet et tout le reste étaient prêts. C’est maintenant une fois à l’aéroport, puisque moi je n’étais pas allée l’accompagner, qu’on m’a appelée pour me dire que ma fille a été mise aux arrêts. “

M. Bah Alpha, auteur présumé de ce crime organisé explique : “ce n’est pas tellement compliqué. Nous leur proposons juste que nous travaillons avec quelqu’un qui se trouve là-bas, donc je scanne les passeports, je les leur envoie, et ils m’envoient les visas et les billets d’avions légaux. Mais auparavant je dis toujours à ces filles qu’une fois là-bas on ne s’habille pas n’importe comment, mais en musulman, et si tu te prostitue, on t’emprisonne. Moi personnellement je n’y gagne rien puisque toutes les filles qui sont déjà parties ne payent que 500 000 GNF. Et une fois là-bas et une fois qu’elles commencent à travailler, elles nous remboursent petit à petit, jusqu’à la somme de 15 000 000 GNF. J’ai intégré ce réseau en fin d’année 2016, grâce à une amie. Quand j’étais étudiant au Sénégal, et c’est quand je suis revenu que j’en ai parlé à mon ami Ousmane Sylla. Je ne connais pas physiquement celui avec qui je collabore au Koweït mais son nom c’est Saliou Bah. Je communique avec lui sur Watsapp (réseau social, NDLR). Une fois que les filles arrivent, je leurs demande toujours si ça va et si elles sont bien arrivées et chaque trois jours je dis à Saliou d’aller voir leur état personnellement. “

Il précise enfin “il n’y a pas que les filles, les garçons aussi peuvent postuler, et même moi, j’ai postulé“.

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

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