Dans un entretien qu’il a accordé à la radio espace fm, en début de semaine, le président de l’Union des forces républicaines (l’UFR) est revenu sur ses relations avec les président de la République en tant que haut représentant de celui-ci, et les bisbilles entre lui est le président Cellou Dalein. Il a également parlé de la visite d’Etat du président Alpha Condé en France. Décryptage.
Au sortir de la présidentielle de 2015, est-ce vous vous attendiez à cette nomination comme haut représentant du chef de l’Etat. Quel est le contenu de ce poste, et quelles sont ses attributions et des prorogatifs s’il y en a?
Je crois que j’avais déjà été très clair en vous disant qu’il s’agit, disons d’une nomination purement politique. Il se trouvait que, c’est une entente entre le président du RPG et le président de l’UFR. Il se trouve que le président du RPG qui est en même temps président de la République, on a eu cette proposition, je dis pour créer beaucoup plus d’accès par rapport à lui. Mais moi je ne suis pas ministre ou membre de quoi que ce soit, je n’émarge pas au budget de l’Etat. Donc il s’agit d’une nomination strictement politique.
Il ne faut pas attendre qu’on ait des attributions inscrites dans je ne sais quoi? Ça n’existe pas. C’était une manière de faciliter les contacts entre nous. C’était une manière aussi de faire confiance pour dire bon, nous avons un haut représentant du chef de l’Etat, ça vous donne une certaine possibilité de discuter avec les uns et les autres, c’est un plus hein.
Il ne faut pas amener cela au-delà de ce que cela représente. Le haut représentant n’est pas un fonctionnaire, il n’est pas un membre du gouvernement. Le président de la république n’est pas mon patron. Nous sommes deux leaders politiques, je dis on a créé ce poste pour faciliter les contacts et les discussions entre les uns et les autres.
M. Touré vous avez dit ici, si vous vous souvenez, nous vous avions posé la question ‘’si M. Alpha Condé vous tendait la main pour un éventuel rapprochement avec lui, vous nous disiez en réponse’’, si vous voulez que je me rapproche d’Alpha Condé, alors votez pour moi.’’ C’était votre réponse quelque temps après on vous voit près d’Alpha Condé, ensuite il sort ce décret qui vous nomme haut représentant du chef de l’Etat. Est-ce que vous avez respectez votre parole en vous rapprochant de M. Alpha Condé ?
Honnêtement moi je ne sais pas quel est ce débat. Il s’agit d’un positionnement politique. J’étais dans un positionnement politique avec d’autres partenaires politiques. Il se trouvait que les perspectives étaient totalement bouchées de ce côté. Moi en tant qu’homme politique, nous avons discuté autrement pour savoir de quelle manière nous pouvons contribuer à participer un peu plus disons à l’évolution sociopolitique de notre pays. Ce choix a été fait par rapport à cela et nous l’avons fait, et comme je vous l’ai dit tantôt, je ne suis pas rentré dans le gouvernement de M. Alpha Condé.
Je suis encore comme vous avez écouté le décret, je suis le président de l’Union des forces républicaines (UFR). Moi je n’ai jamais entendu ça dans un décret ici qui est nommé haut représentant du chef de l’Etat. Cela vous incite à revenir sur le fait que j’ai bien expliqué qu’il s’agit d’un positionnement politique. Oui, nous avons rapproché nos points de vue mais ça, ça n’a rien de nouveau.
M Sidya le problème n’est pas de ce rapprochement, le problème est dans la parole, lorsqu’on a dit non, et que l’on dise oui, Ensuite, qu’est-ce que ça devrait inspirer? De l’autre côté, Est-ce que vous avez l’impression que votre départ a changé quelque chose au plan social en étant proche du président de la République?
Franchement, c’est bien toutes ces questions, mais j’aimerais bien savoir si votre départ changerait quelque chose au fonctionnement de la radio Espace. Chacun de nous ici apporte sa pierre ensuite, je ne me suis dédis sur rien du tout. Nous sommes dans une position d’opposition beaucoup moins radicale mais qui nous permet d’intervenir. Vous avez vu à l’assemblée nationale dernièrement quand nous avons eu ce problème sur l’article 02 du code électoral. Nous nous sommes frontalement opposés au RPG. Nous avons eu des rencontres avec le président de la République, qui ont duré plus de 2h. A la fin de la rencontre, j’ai dit que nous, nous ne voterions pas ce texte. C’est une forme d’opposition. Je suis désolé maintenant que vous ne nous comprenez pas très bien. Cela ne fait pas de nous comme dirait l’autre, en participant au groupe du RPR ‘’nous ne sommes pas des gaudios, pour autant.
Vous venez de dire que vous n’émargez pas au budget de l’Etat. Nous voudrions savoir avec ce poste où on vous a mis, cette fonction de haut représentant, comment ça fonctionne, est-ce que vous n’avez pas besoin des moyens? En même temps vous dites que vous êtes toujours au sein de l’opposition moins radicale, comme vous venez de le dire. Mais vous avez un représentant au sein du gouvernement. Vous pensez que ce n’est pas contradictoire?
Mais, je crois que si vous avez bien suivi la situation économique dans les pays de la sous-région, moi j’ai connu Wade dans le gouvernement de Diouf. Je l’ai vu ensuite se présenter contre lui. J’ai vu encore dans la pure période de la guerre civile en Côte d’Ivoire, un gouvernement d’union nationale. Ce n’est pas le fait qu’on a un ministre dans le gouvernement. D’ailleurs on n’est pas le seul, le haut partenaire aussi à un ministre là-bas. Donc il faut relativiser les choses. Bon, chacun de vous réfléchira comme il voudra. On sait exactement de quoi on parle, comme disait l’autre, il ne faut pas manger votre piment dans ma bouche, le fait est très clair.
Nous avons des gens qui sont également notamment de l’opposition, qui ont un représentant au gouvernement, mais ce n’est pas la question. Je veux revenir à des choses plus sérieuses. C’est un positionnement que nous avons décidé parce que comme je l’ai dit tantôt, il fallait qu’on avance. Au niveau de l’opposition républicaine, l’opposition républicaine s’était cristallisée autour d’une personne et l’objectif de tous les débats qui se faisaient là, c’était tout simplement de pousser à la présidentielle un d’entre nous.
Ecoutez, ce n’est pas ma détermination ça, ce n’est pas mon objectif. Je fais autre chose, cela n’engage en rien, cela ne change en rien mon engagement pour l’amélioration des conditions de vie. Ici et quand il y a des problèmes comme celui dont je viens de vous parler. Mais quand on parlera d’autres problèmes, notamment celui de Boké, ma position est totalement différente de celle du gouvernement, et je l’exprime.
Dans ce nouvel univers comment vous réussissez M. le président à vous faire une place, quand on sait que le chef de l’Etat est entouré de beaucoup de personnes, il a une ribambelle des conseillers. Est-ce que les contacts sont fréquents ou il y a une certaine périodicité ?
Alors voilà, ça c’est une bonne question parce que ça reprécise encore ce que j’étais en train de dire. Je ne suis pas membre du gouvernement, je ne suis pas membre du cabinet présidentiel. Ceux qui sont au gouvernement sont aux conseils des ministres, les autres qui sont les conseillers du président de la République sous quelque forme que ce soit, ministres d’Etat, je ne sais pas ou quoi, se rencontrent à la présidence sous la direction du ministre d’Etat secrétaire général à la présidence pour des réunions hebdomadaires.
Je suis en dehors de tout ça. Je contacte le président quand je dois le contacter parce que j’estime qu’il y a une question dont je dois discuter. Donc je ne suis pas installé à la demeure à la présidence tous les jours en train de voir si je vois le président ou si je ne le vois pas. Je peux rester deux semaines sans que le président et moi nous ne nous parlions, pas parce que tout simplement, il n’y a pas de sujets suffisamment importants en tout cas à mon niveau, où qui peuvent revenir dans les sujets que nous pouvons discuter, pour que je puisse le voir. Donc ça, ça ne change rien.
Qu’est-ce que vous pensez du voyage du président de la République lors de sa visite d’Etat en France, vous y avez joué un rôle important. Quelles ont été réellement les actions auxquelles vous avez participez lors de cette visite?
La visite d’Etat, c’était une visite d’Etat qui avait été préparée par le président Hollande pour rendre hommage à un ami qui a été en même temps président de l’Union Africaine. Cela a donné un peu de la dimension. Je suis intervenu à la demande du président de la République pour un certain nombre de choses. On a signé beaucoup d’accords. Nous avons eu beaucoup de discussions. On a rencontré beaucoup de ministres Français. J’ai conservé d’ailleurs à ce niveau pour encore toujours mieux vous expliquer cela. J’ai conservé ma capacité de discussion avec le chef de l’Etat et quand je dis discussions, c’est vraiment des discussions qui peuvent durer.
Pour donner un exemple, la dernière fois nous étions à Paris, on a rencontré le ministre Sapin qui est ministre des finances français. Nous étions en train de nous chahuter sur le président et moi sur le fait que le socialisme a évolué vers le libéralisme où les libéraux qui sont en train de revenir dans un côté plus humain de leur perception des choses. Cette discussion elle a tellement duré, à un moment donné, Sapin a dit M. le président je vais vous laisser avec votre haut représentant, on dirait que ça fait des années que vous discutez mais vous n’avez pas encore fini. Voilà, j’apporte un peu ce que je peux.
Quand il y a des sujets difficiles, je veux dire d’une certaine manière et que des gens pensent qu’ils ne peuvent pas l’aborder, des fois on m’appelle pour me dire est-ce que tu peux discuter de cela avec le président pour qu’il croie. Je considère cela comme un plus et je n’en tire pas un bénéfice, parce qu’il faut que ça soit très clair. J’estime que c’est une contribution que je fais. Mais cela n’enlève pas le fait que le président de l’UFR reste le président de l’UFR.
Si on vous demandait la position de l’UFR par rapport à l’opposition que répondez-vous?
Je reste un parti de l’opposition, beaucoup moins virulent par rapport à un certain nombre de choses. Mais qui a la possibilité d’exprimer au gouvernement les points sur lesquels on a des désaccords.
Est-ce que vos choix politiques, notamment votre rapprochement du RPG et même de la présidence, est-ce que vos choix politiques ont profité à votre partis politiques à ce jour?
Profité, je ne sais pas beaucoup de questions m’ont été posées. Je dois l’avouer sincèrement. J’ai discuté avec mes militants et dès fois ça chauffe un peu. Mais je pense que le débat politique c’est cela. On ne peut pas avoir la facilité d’expliquer ça tous les jours mais nous l’avons expliqué. Je dois vous l’avouer sincèrement que cela a été compris dans la mesure où nous continuons à poursuivre notre objectif, d’être un parti politique libéral qui recherche le pouvoir et qui se bat pour arriver à ce niveau-là.
Est-ce que finalement il y a eu une compréhension au niveau de vos militants qui à un moment donné vous avait reproché d’avoir rallié au mauvais collaborateur. Est-ce qu’aujourd’hui il y a un retour à la raison?
Voilà quelque chose qui est fondamental, il faut l’oublier. Ce que moi j’ai subi pendant cinq ans, c’était le fait de mon rapprochement avec l’UFDG. Pendant cinq ans on m’a vacciné avec ça, et partout où je passais, je passais mon temps à expliquer non. Ce n’est pas un choix comme cela. Nous avons eu des élections en 2010, je n’étais pas d’accord avec les résultats. J’ai préféré dans ces conditions à m’allier avec un jeune avec lequel j’avais travaillé au gouvernement que j’avais recruté avec bien d’autres encore. Malgré cela, j’ai mis de côté, disons de côté, personne plus âgée, ancien patron et tout ça, pour nous mettre derrière lui, pour essayer d’atteindre un objectif ; ça n’a pas été atteint.
Et après comme je l’ai dit, tout ça s’est transformé en une histoire de plus en plus renfermée et dont l’objectif était la pensée unique. C’est à dire vous pouvez discuter de rien, ou vous ne pouvez discuter que d’une chose. Il faut faire en sorte que le leader de l’UFDG arrive comme président de la République. Je n’ai pas créé un parti pour cela. Et je l’ai formé bien avant qu’on ne forme toute cette histoire. J’ai considéré que ce n’était pas l’objectif que je visais. Je m’en suis éloigné et cela est quand même assez évident.
Est-ce que vous en avez discuté avec le président de l’UFDG?
Ah, oui plusieurs fois, plusieurs fois.
Nous avons constaté qu’à la veille de l’élection présidentielle, il se discutait que s’il y a une possibilité d’aller vers un candidat unique de l’opposition républicaine. Est-ce que pour faire un retour en arrière on peut dire que c’est ce qui a constitué la pomme de discorde entre vous et le président de l’UFDG?
Si vous voulez c’est un des éléments mais ce n’est pas la principale. Si tu veux, tout concorde vers ce genre de situation. Vous avez tenté quelque chose avec un leader qui n’a pas marché, qui n’a pas fonctionné deux fois, trois fois, mais on vous dit de continuer, il ne faut jamais vous arrêter. Et qu’en tant que parti politique je ne suis plus de l’opposition.
Moi, j’ai participé à l’opposition bien avant que les Cellou et autres n’entrent dans la vie politique. Nous étions là avec Siradiou, avec Bah Mamadou, avec Alpha Condé, avec Jean-Marie Doré. Vous croyez qu’il y avait une opposition républicaine là-bas ou qu’il y avait un ensemble qui était dirigé par un d’entre eux ? Chacun d’eux avait un égo démesuré. Pour que je réussisse à les réunir ne serait-ce qu’une fois par mois, vous ne pouvez pas vous rendre compte comment c’est difficile.
Là où on vous dit que c’est pratiquement un conseil d’administration ou les autres partis sont sous la tutelle d’un autre parti. Ecoutez ce n’était tout simplement pas acceptable. En 1993, quand il y a eu des élections ici, Alpha avait 19 députés, Siradiou en avait 9, Bah Mamadou avait 9, bon normalement c’est lui qui aurait dû prendre la tête du groupe parlementaire, on l’a cédé au plus âgé d’entre eux qu’était Bah Mamadou et qui était donc le président de la CODEM. C’était dans un esprit d’ouverture.
Non, non, ici tout était fait pour que tout simplement on ne valorise qu’une partie de l’opposition républicaine. Le fait que cela ne m’intéresse plus, je ne vois pas pourquoi on veut m’interroger sur ça tout le temps, ça paraît totalement évident.
Une synthèse d’Alpha Amadou Diallo