La Cour suprême du Brésil (STF) a validé à l’unanimité une loi qui prévoit des quotas de 20% pour les Noirs dans la fonction publique en la déclarant constitutionnelle, face à des controverses sur son application.
« Le STF a reconnu la validité de la loi qui réserve aux Noirs 20% des places offertes dans les concours de la fonction publique », a confirmé la plus haute instance juridique du pays jeudi soir.
La loi a été adoptée en 2014, sous la présidence de Dilma Rousseff (gauche), mais n’était toujours pas appliquée en raison de divergences d’interprétation de la part de certaines instances judiciaires, qui la considéraient inconstitutionnelle.
« La position du judiciaire n’était pas uniforme, ce qui a provoqué des situations d’insécurité juridique des concours publics », a affirmé Claudio Lamachia, président de l’Ordre des Avocats du Brésil (OAB), à l’initiative de cette demande d’arbitrage au STF.
« Il s’agit d’une réparation historique pour une population qui a hérité des stigmates sociaux et économiques de l’esclavage, qui, une fois aboli, les a abandonnés à leur propre sort, sans leur donner les moyens de s’intégrer à la société », a argumenté Celso de Mello, un des 11 juges de la Cour.
Ce jugement a été marqué par une vive polémique due à une déclaration d’un autre magistrat du STF, Gilberto Barroso, qui a utilisé mercredi l’expression « Noir de première catégorie » au sujet de Joaquim Barbosa, ancien président de la Cour (2012-2014).
À l’ouverture de la séance de jeudi, M. Barroso a tenu à présenter ses excuses pour cette « phrase malheureuse », les larmes aux yeux, ajoutant qu’il « n’existe pas de Blancs ou de Noirs de première ou seconde catégorie ».
Premier président noir du STF, Joaquim Barbosa, 62 ans, a reconnu mercredi lors d’une cérémonie en son honneur qu’il envisageait de se présenter à l’élection présidentielle de 2018.
« Je commence à réfléchir à la possibilité de présenter ma candidature, même si je suis très hésitant », a-t-il déclaré.
Ce magistrat de 62 ans jouit d’une grande popularité pour avoir mené de main de fer le jugement du « Mensalao », qui a condamné 24 personnes liées au Parti des Travailleurs (PT), de l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) dans le cadre d’un scandale d’achat de votes au Parlement.
Selon l’Institut brésilien de géographie et statistique (IBGE), 54% de la population du pays est noire ou métis. Une population souvent défavorisée et privée d’accès aux postes de responsabilité.
En 2015, dernière année prise en compte par l’IBGE, seuls 12,8% des Noirs brésiliens avaient fait des études supérieures, contre 26,5% pour la moyenne nationale.
Au-delà de la fonction publique, les inégalités raciales sont aussi flagrantes au niveau des entreprises, avec moins de 5% de Noirs occupant des postes d’encadrement, selon l’Institut Ethos et de la Banque interaméricaine de développement (BID).
Avec AFP