Censure

‘‘Si une marche se tient sans mort d’hommes, les marcheurs disent qu’ils n’ont pas marché’’, déplore un député de la Majorité

L’honorable Pépé Toupou est premier vice-président de la commission Aménagement du territoire, énergie et transports et président du groupe d’amitié parlementaire Guinée-Afrique du sud. Fervent promoteur d’un éventuel 3e mandat pour le président Alpha Condé, le député uninominal de Macenta réalise que ce dernier est celui qui répond le mieux au profil de la personne qui conduira la Guinée à l’émergence. Il le dit au terme d’un survol sur l’actualité nationale.

quand ils marchent et que cela est couronné de morts, alors ils sont contents de faire l’addition pour dire que pendant le régime d’Alpha Condé

Quelle analyse faites-vous de la menace de l’opposition républicaine qui dit reprendre sa série de manifestations dès après le Ramadan ?

Il est difficile que des hommes, que je suppose religieux, qui sortent d’un mois de pénitence, au moment où nos concitoyens peinent à reprendre la forme physiquement, si c’est au même moment que pour des intérêts de politique politicienne, veulent venir perturber le repos et la quiétude des citoyens, je trouve très mal cela. Sinon, le problème n’est pas compliqué. Après le dialogue, il a été jugé nécessaire qu’on ramène certains aspects à l’Assemblée nationale. Parce qu’on ne peut pas faire bouger une loi si l’Assemblée n’y participe. Or, l’Accord avait un peu touché à cela. Nous avons eu à travailler sur le Code électoral et le Code des collectivités. Actuellement, nous sommes encore en train de voir comment traiter le Haut conseil des collectivités. Puisque toutes ces lois-là ont une ascendance sur les élections générales en Guinée. Il y a juste quelques jours depuis que cette Cour constitutionnelle a agréé le Code électoral, même en disant qu’il y a des aspects à retirer dedans. Quoiqu’on dise, le Code électoral prend du chemin, parce que le président de la République n’a pas dit son dernier mot. Puisqu’ après que la Cour constitutionnelle ait donné son avis, il y a lieu que cela soit promulgué par le président. Et tant que ce n’est pas promulgué, ça n’a pas force de loi. Donc, moi je pense que ce ne sont pas des menaces de ce genre-là qui vont conduire à cela. Je dis toujours que ce n’est pas patriotique que d’inviter les gens dans la rue. Parce que dans l’esprit de tous les Guinéens, une marche, c’est pour aller brutaliser la population. C’est pour empêcher la population de travailler. Sinon, une marche en soi avec de simples slogans, il n’y a pas de problèmes. Aux Etats-Unis et ailleurs, ça se fait. Mais chez nous, c’est teinté de dégâts. Si une marche se tient sans mort d’hommes, les marcheurs disent qu’ils n’ont pas marché. C’est-à-dire, quand ils marchent et que cela est couronné de morts, alors ils sont contents de faire l’addition pour dire que pendant le régime d’Alpha Condé, il y a eu tel nombre de morts. C’est comme si ce sont des gens qui partaient chercher la mort. Comme à un moment donné, Cellou Dalein Diallo a invité les militants à la mort, quand il leur a dit : ‘‘Allez-y même si nous devons mourir, on va partir’’. Je ne pense pas que ce soit cela la démocratie. Alors, moi je me dis que s’ils le font, c’est prémédité. Et je les mets en garde, parce que l’histoire aussi sait conter ces événements pour savoir entre celui qui suscite les problèmes pour la destruction de cette population et celui qui détruit. Nous, nous pensons actuellement que notre régime, le régime du Pr Alpha Condé, c’est de doter d’arsenal, d’instruments internationaux de maintien d’ordre. Il n’y a plus rien qu’on utilise et pour lequel on va dire que ce sont des armes non-conventionnelles. Donc, s’ils amènent des gens qu’ils préparent à tirer dans la foule comme ils le font souvent, de toutes les façons, il y aura un bilan qui va être fait en faveur de l’opposition et de la mouvance présidentielle. A partir de là, on saura qui est qui. Donc, moi je considère que cette marche en vue est une menace, parce qu’elle doit détruire physiquement dans la vie des choses. Elle doit ralentir l’économie. Elle doit même empêcher les gens de travailler. Sinon, vous marchez, les gens vont vaquer à leurs affaires. Mais souvent, ils empêchent les taximen de bouger. Ils veulent immobiliser la population, immobiliser la machine de croissance. Voilà un peu ce que je vois dans leur démarche. Et je pense que ce serait une façon de se faire juger par l’opinion pour savoir s’ils méritent d’avoir le pouvoir en Guinée ou pas. C’est-à-dire, jusqu’à présent, ils sont en train de se disqualifier.

Ceux qui font de cette affaire de 3e mandat un tabou, sont des gens qui pensent avoir à portée de main le pouvoir dès qu’on retire le Pr Alpha Condé de la course

Vous êtes un des promoteurs d’un éventuel 3e mandat. Peut-on en savoir un peu sur votre motivation ?

Le problème de 3e mandat a été suscité par les médias. Dans tous les cas, je ne crois pas que ce soit un péché d’Israël que de dire une opinion sur un problème de ce genre. Voilà ce que je me dis, moi : le système électoral qui nous gouverne actuellement est complètement anachronique. C’est-à-dire que cela n’a aucune mesure avec nos traditions, avec nos réalités socio- économiques et culturelles. Regardez des pays comme la France et les Etats-Unis, qui sont de grandes puissances, des pays qui ont parachevé leur développement. Ils ont un cycle électoral qui va de 4 ans pour les Etats-Unis à 5 ans pour la France, renouvelable une fois. Imaginez-vous un pays comme la Guinée, comme tous les autres de la sous-région, qui ont le même mécanisme, qui ont pour certains un mandat de 5 ans renouvelable une fois. Mais où est la vérité dans tout ça ? Est-ce qu’en réalité, le mécanisme-là sied à la Guinée ? Non ! Je dis que nous sommes entrés dans une imitation pure et dure, une espèce de plagiat. Et ça ne nous arrange pas. C’est pourquoi je dis réellement que mon opinion aujourd’hui est qu’un candidat qui se présente et qui est élu, il a les 5 années de mandat. Au renouvellement, que le peuple l’autorise à se représenter face aux autres candidats. S’il a fait un bon bilan, tant mieux ! Il est facile de le juger. Parce qu’on aura évalué son utilité à rester ou à partir. Avec ça, on ne fera pas du tort à la démocratie. Parce que la démocratie ne veut pas que quand quelqu’un a la capacité de bien gouverner qu’on l’en empêche au nom d’un prétendu texte de lois. Ceux qui sont là à faire de cette affaire de 3e mandat un tabou, le font pourquoi ? C’est parce qu’ils veulent éliminer le Pr Alpha Condé par le jeu électoral, mais pas parce que celui-là ne mérite pas de continuer à servir correctement et efficacement ce pays. Ce sont des gens qui pensent avoir à portée de main le pouvoir dès qu’on retire le Pr Alpha Condé de la course.

Ils ont créé un vide constitutionnel

A votre avis est-ce qu’il est possible d’accorder un 3e mandat au président Alpha Condé sans pour autant toucher à la Constitution ?

Non, c’est la Constitution qui est l’instrument idéal, l’instrument privilégié pour changer un mode d’alternance. Nous sommes dans un système. Mais d’abord, il faudrait que les uns et les autres sachent que nous avons une Constitution transitionnelle. Cela ne veut pas dire que tout ce que cette Constitution a permis de mettre en place est transitionnel. Cette précision est importante. Ils ont créé un vide constitutionnel. Ils ont suspendu la Constitution à un moment donné. Et donc, à partir d’un vide constitutionnel, on ne peut rien créer. Mettre en place des hommes choisis au hasard, que le peuple peut ne même pas apprécier, on les a mis là. Et ceux-ci ont accouché d’une Constitution qui a été promulguée par un président intérimaire. En voilà encore une autre faiblesse de cette Constitution. Les médias doivent exiger à cette Assemblée nationale de toiletter cette Constitution, ne serait-ce qu’enlever les aspects de transition. Parce que si vous voyez le dernier chapitre où on parle de la révision, là, tout est de la transition. Où on dit que tout ce qui n’est pas fait maintenant, c’est le CNT qui peut le faire en lieu et place de l’Assemblée. Maintenant, on peut reprendre pour dire que comme l’Assemblée est là désormais, on refait le texte pour que cela ne continue pas. Parce que quand même, il ne faudrait pas que nous liassions un héritage à nos enfants pour penser que ce CNT-là doit vivre aussi longtemps que le peuple de Guinée. Non ! Le grand problème de la Guinée, c’est qu’après Sékou Touré, on n’a vécu que dans la transition, l’exception. Maintenant, moi je pense que pour que le Pr Alpha Condé vienne, il y a lieu que l’Assemblée se commette comme exigence d’abord de s’approprier cette Constitution, la toiletter, lui enlever tous termes qui font d’elle une Constitution de transition et mettre en place une Constitution normale instituée par une représentation populaire réelle. Un ami me disait la dernière fois que nous voulons instituer un royaume. Je lui ai dit: non, la continuité ne veut pas dire royaume. C’est le mode d’élection qui peut permettre à un candidat d’être réélu plusieurs fois. L’homme politique américain Franklin Delano Roosevelt a fait 3 mandats. C’est au cours du 4e qu’il a attrapé la paralysie, il n’a pas pu continuer. Aujourd’hui en Allemagne, Angela Merkel a fait combien de mandats ? Mais cela ne l’empêche pas de s’assoir avec les dirigeants des plus puissantes nations du monde. Donc, la démocratie n’est pas forcément ce qui est calqué sur la France. Non ! Comme le président l’a dit, il faut que nous formions notre démocratie qui sied au mode de vie des africains, des guinéens. Si on ne le fait pas, nous allons rester à patiner parce que vous allez enlever Alpha Condé après deux mandats où il n’a fait peut- être que 7 ans d’exercice réel. Vous mettez un autre qui va prendre un temps pour s’habituer à la gouvernance. Lui aussi, il ne sera pas là longtemps, vous allez l’enlever. Va-t-on continuer comme cela ? Je pense que non! Or, dans la tête des africains aujourd’hui, quand ton prédécesseur engage un chantier, s’il ne l’achève pas, tu viens, tu le laisses et à ton tour, tu ouvres un nouveau chantier. Donc, on va rester permanemment à faire des chantiers inachevés. C’est pourquoi, moi je dis que ce n’est pas compliqué pour qu’Alpha Condé vienne: il s’agit de voter. On vote pour remanier et dire que désormais tout candidat est libre de se présenter autant de fois qu’il veut. C’est aussi une démocratie, parce qu’on n’impose pas ; c’est un vote. Et dès qu’il y a vote, on ne parle plus de dictature. Il y a partout à travers le pays des chantiers de construction de barrages hydroélectriques. Nous venons aussi de voter une loi pour la mise en place d’une centrale solaire. Et vous le savez, cela ne prend assez de temps. Ce n’est pas comme un barrage hydroélectrique. Ce sera juste une question de mois, même pas d’un an. Ça veut dire que sous peu de temps, nous allons avoir du courant en abondance, du courant à revendre. Et désormais, dans tout le pays, les Guinéens vont avoir de quoi se développer. Comme vous le savez, la base du développement, c’est l’énergie. Alors, quand les gens vont se retrouver dans le train du développement, dans l’élan du développement, vous allez dire à quelqu’un : ‘‘on va enlever Alpha Condé’’, il risquera de s’attaquer à vous. Parce que le peuple qui n’est pas dupe saura que ce Monsieur, ce qu’il fait n’est pas à la portée de tout le monde. Voilà un peu ce dont il s’agit. Certains pensent que je le fais parce que je suis un militant du Rpg Arc-en-ciel du Pr Alpha Condé. Loin de là. Je le dis parce qu’il le mérite. Il l’a préparé avant aujourd’hui. De la FEANF jusqu’à la Sorbonne où il a servi pour avoir les moyens de sa politique. Et il les a eus. Plus de 24 ans d’opposition, il a soutenu son parti sans s’endetter. Personne aujourd’hui ne peut s’attaquer à lui pour lui réclamer ses créances. Aujourd’hui, tout marche bien. Et je pense qu’avec l’élan qu’il a, le bilan qu’il est en train de mettre en place, le Pr Alpha Condé a le meilleur profil de leadership qui peut nous emmener à l’émergence. Parmi les autres, j’en connais qui ne soient basés que sur une coalition ethnique internationale. Tous ceux-ci peuvent venir demain nous foutre dans la merde, renverser tout. Eux, ils pensent que le peuple est dupe, le peuple est aveugle, il ne les voit pas. Or, le Professeur est aujourd’hui celui qui, par son envergure, domine l’Union africaine. Il apporte des innovations.

Je vous le dis avec fermeté, Forêt forte n’évolue pas dans les forêts classées jusqu’à maintenant

Il y a une crise qui sévit présentement dans la région forestière d’où vous êtes originaire. Avez-vous eu vent de cela ? Si oui, de quoi s’agit-il réellement ?

Vous savez cette affaire, par la faute de certains cadres, par l’approche que certains cadres, parmi eux, même des députés, ont eu par rapport à cette affaire de Forêt forte (entreprise chinoise, spécialisée dans l’exploitation du bois, NDLR), ils sont en train de mal apprécier la situation. Forêt forte utilise le bois des terrains communautaires et non des forêts classées. Forêt forte n’évolue pas dans les forêts classées. Elle évolue dans les forêts communautaires là où les paysans font des champs. Et quand Forêt forte doit couper un bois, elle vient traiter avec le propriétaire du terrain. L’Etat, par-dessus cela, lui impose le reboisement qu’elle paie à la communauté à qui il incombe de reboiser. Mais si ce n’est pas reboisé, ce n’est nullement la faute à Forêt forte. Et je suis sûr, si elle ne payait pas ces redevances-là à la communauté, les autorités, à partir du préfet, des sous-préfets et même des présidents de districts, allaient se révolter contre Forêt forte. Mais ces redevances sont payées régulièrement et correctement. Alors, ces cadres ont eu à créer toutes sortes de problèmes en accusant gratuitement Forêt forte. Je vous le dis avec fermeté, Forêt forte n’évolue pas dans les forêts classées jusqu’à maintenant.

quand Mme Christine Sagno est passée, les problèmes sont nés à partir de là

Qu’est-ce qui justifie donc ces cris, à votre avis ?

Voilà ! Il y a un dessous que je vais vous expliquer. Vous savez, à Macenta, ce problème ne se pose pas. C’est du côté de Nzérékoré, parce qu’au niveau du Pic du fond de Diécké, il y a une forêt qui était prévue pour l’exploitation industrielle par Forêt forte qui a une convention avec l’Etat. C’est passé à l’Assemblée. On nous a expliqué et il était question d’aller sensibiliser la population pour que le travail soit fait afin que ces bois qui naissent et grandissent dans cette forêt classée, puissent être exploitées et que ce soit un revenu pour la Guinée. Donc, on était en train d’étudier quand l’ex-ministre de l’Environnement, Mme Christine Sagno a pris son cortège pour aller sensibiliser, oubliant que chacun a son rôle. C’est nous qui sommes la représentation nationale. C’est nous qui pouvons dire à nos populations ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. Ça n’a pas été compris. Les gens ont profité, parce que quoi qu’on fasse, quel que soit le programme, vous verrez des gens qui sont contre. A Yomou par exemple, à cause de la présence de Soguipah, le désir de la population est qu’au lieu qu’une société d’exploitation industrielle ne soit là pour exploiter le Pic du fond de Diécké, elle préfère que l’Etat les autorise plutôt étendre leurs plantations d’hévéa. Parce que là-bas, les plantations d’hévéa font que les paysans sont devenus vraiment riches. Donc, la population locale voudrait que les plantations aillent jusque dans le Pic du fond. C’est différent de Macenta. Nous, nous avons la plus grande forêt, la forêt de Ziama. Mais là, nous n’avons pas Soguipah. Donc, la hantise de vouloir voir nos plantations se développer n’est pas chez nous. Donc, quand on nous dit qu’il y a une structure d’exploitation industrielle, et nous, nous disons tant mieux ! Si elle peut exploiter sans détruire notre forêt, sans que l’écosystème ne soit affecté, il n’y a aucun mal à cela. Donc, quand Mme Christine Sagno est passée, les problèmes sont nés à partir de là. Et aujourd’hui, je vous informe qu’il y a une grève au niveau de l’usine. Et je crains que ce qui est arrivé à Zogota ne se reproduise là. Car, la main d’œuvre risque d’être fortement menacée, parce que si Soguipah qui emploie plus de 1000 personnes ferme les portes, imaginez la suite. Nous les députés de la Forêt, on a été à Soguipah. Et on a vu combien de femmes et de jeunes gens sont en train de travailler dans cette unité industrielle. La main d’œuvre locale est vraiment encouragée. Et si on est en train de grever aujourd’hui, je crains qu’un jour on ne vienne détruire leurs machines. Ce serait contraindre Soguipah à fermer. Et cela va accroitre le chômage comme aujourd’hui à Zogota où il y avait des chauffeurs qui étaient bien payés. Dans une famille, tu pouvais voir 2 à 3 jeunes qui étaient payés chacun à au moins 3 millions sur quoi ils sont allés créer des potins. Le laboratoire a été détruit au point que la société était obligée de fermer ses portes. Et cela a créé un chômage qui ne dit pas son nom. A l’ère de la science aujourd’hui, c’est un manque à gagner. Je pense que ce n’est pas normal. C’est pourquoi j’aurais souhaité qu’une société – que ce soit Forêt forte ou une autre – qui peut techniquement exploiter sans détruire la faune et la flore, soit là. Parce que nous, on nous a dit qu’on ne coupait que 4 arbres par hectare, et pour un délai de 25 ans avant qu’on retourne là. Combien de personnes sont aujourd’hui employées par Forêt Forte à travers Sodefa. Ils font des brouettes, des meubles, etc. Allez-y voir. Ils ne vont pas qu’avec ça. C’est Forêt forte qui a construit les tours jumelles qui sont à côté de l’ambassade des Etats-Unis. Si c’est un homme qui exploite pour envoyer ailleurs, d’accord ! Mais s’il exploite pour qu’il réalise chez nous ici, vraiment je ne trouve aucun mal à cela. Il y a une usine de jus de fruit, une usine de meubles, une usine de ceci et de cela, etc. C’est de cela nous avons besoin. Moi, en tant que député, il faut que je dise à la population ce qui est bon pour elle et ce qui n’est pas bon.

Source : Le Populaire

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