Conakry, le 5 Juillet 2017 – Pendant que les éminents observateurs et autres analystes de la vie politique guinéenne dissertaient sur le statut matrimonial des leaders politiques, les promesses du Président de la république ou l’opportunité pour des journalistes de participer à un diner offert à Sekhoutouréyah, les réformes fondamentales de l’Etat guinéen, elles, se poursuivaient. Inlassablement et implacablement.
Pour la première fois dans notre pays, la Justice va être en mesure de sanctionner la gestion des comptes publics. Elle pourra le faire parce que nos comptables publics vont produire, dans les délais légaux, leurs comptes de gestion aux fins d’examen par la Cour des comptes.
Après avoir commandité un audit de notre propre gestion des marchés publics et l’avoir rendu accessible à tous, voilà que les ministres, responsables de nos finances, renforcent la transparence dans ce secteur en dotant enfin notre pays d’un mécanisme de contrôle juridictionnel de l’exécution du budget de l’Etat.
Cette quête de transparence et de redevabilité se poursuit avec le Ministère de la Justice qui fait parvenir à l’Assemblée Nationale le projet de loi relatif à la lutte contre la corruption. Projet de loi qui a été ensuite adopté à l’unanimité.
Ces initiatives viennent rejoindre une autre manifestation de bonne gouvernance adoptée en mars dernier et qui est passée presqu’inaperçue. Il s’agit du cadastre minier mit en ligne par le Ministère des mines. Ce portail web [1] donne notamment accès au plan cadastral avec les titres miniers et autorisations accordés, les périmètres disponibles et les informations géologiques. Associé à la mise en ligne de tous les contrats miniers [2] début 2013, ce portail fait ainsi disparaître la culture du secret et de la rétention d’informations qui entouraient les exploitations et projets miniers puisqu’il donne également accès à la procédure cadastrale, aux taux et tarifs des droits fixes, aux taxes et redevances relatifs aux titres miniers et autorisations diverses, aux cartes géologique et minéralogique etc.
Tel est le paradoxal et triste sort des réformes institutionnelles : commencer une bataille invisible qui ne produira ses effets que beaucoup plus tard. Sans doute quand les initiateurs ne seront plus là pour en tirer une gloire méritée. S’attaquer au fond, à la base, aux fondamentaux. Toucher ce qu’on ne voit pas pour que ce qu’on verra plus tard soit beau, solide et durable. Faciliter la tâche à ceux qui vendront après nous.
Car chacune de ses réformes transforme radicalement notre rapport à la dépense publique, à l’efficacité administrative, à la redevabilité de l’action publique, bref à la bonne gouvernance. Toutes ces initiatives sont les conditions sine qua non d’une Guinée engagée vers le développement et l’émergence. Certaines ont déjà commencé à produire leurs effets, d’autres se manifesteront plus tard avec leurs retombées palpables dans le quotidien des populations.
En attendant, le Président Alpha Condé est allé défendre l’Afrique et la Guinée au G20, à Bruxelles et à Tokyo. Notre pays a obtenu le financement des routes Dabola-Kankan et Kissidougou et Guékédou-Kondébadou, le pont Kakaa a été inauguré et les travaux du barrage de Souapiti avancent à grands pas.
Alors dans quelques mois on pourra recommencer à débattre sereinement de polygamie légale ou tolérée, des tablettes numériques pour les étudiants et des conditions dans lesquelles un Président peut inviter des journalistes à rompre le ramadan avec lui.
Damantang Albert Camara