Dans une interview accordée à notre reporter, le ministre du Commerce Marc Youmbouno, a expliqué les réformes engagées par son département pour booster le secteur du commerce. Au cours de cet entretien, il a aussi évoqué l’organisation des élections de la Chambre de commerce et d’industrie en Guinée. M. Youmbouno a aussi répliqué aux allégations du président du GOHA, Chérif Abdallah…
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Le panier de la ménagère devient de plus en plus affecté par des charges liées à la cherté des prix des denrées de première nécessité. En tant que ministre du Commerce, qu’est-ce-qui explique cet état de fait, selon vous? Et que fait le gouvernement pour y remédier?
Marc Yombouno : Je pense que ce constat est relatif, en ce sens que vous prenez un échantillon de produits. Il y a des fluctuations à la hausse pour certains produits de première nécessité. Mais, il faut reconnaitre aussi que nous avons des situations ou le constat va plutôt à la base de certains produits de consommation. Il faut noter aussi que nous sommes à la saison des pluies. Une saison ou nous constatons une forte dégradation de nos routes et les frais liés au transport étant un facteur déterminant de la structure des prix. Et, c’est pourquoi en dehors de Conakry, il y a une certaine variation des prix des denrées de première nécessité, mais dans ensemble depuis plusieurs mois, il y a une certaine stabilité des prix au niveau de nos marchés. Et nous continuons toujours à être impactés par les fluctuations au niveau international. Il faut savoir que le riz même à l’international, le prix est un peu à la hausse et c’est le sucre qui est à la base.
Lors d’une conférence de presse, des commerçants vous ont accusé d’avoir la main mise sur le secteur du commerce au grand dam de la population. Que répondez-vous à ces allégations?
Je crois qu’ils sont libres de le dire. Mais, dire aujourd’hui qu’un ministre du Commerce a la main mise sur le commerce ce n’est que des allégations. En ce sens que depuis 1985 avec le discours programme du feu général Lansana Conté, la Guinée a pris une orientation stratégique très claire. Et, en ce sens que nous avons opté pour une économie du marché, une économie libérale avec une concurrence loyale acceptée. Donc depuis là, l’Etat ne ferait plus le commerce, l’Etat règlemente, l’Etat est dans la surveillance. Au jour d’aujourd’hui, vous ne pouvez sortir aucun article, aucun produit qui est commander ou bien qui est importer par l’Etat en République de Guinée. Le riz est la denrée la plus consommée en Guinée. Nous avons un protocole avec les commerçants pas sur toute les catégories de riz seulement sur le riz brisure 25% communément appelé le riz blanc ou on a un certain seuil admissible et accepté. Un l’ensemble des opérateurs et le gouvernement à travers ses services de fiche est assujettit à la base de certain tarif au profit de cette catégorie de riz quitte après et ce qui ont signé le protocole avec le ministère du Commerce aussi à vendre ce riz en ne dépassant pas un seuil de 200 mille. Donc, les autres catégories de riz ou il paye vraiment les taxes à 100%, il se dégage de leurs obligations fiscales, des catégories de riz que nous qualifions de riz de luxe.
Ce qu’il y a lieu de souligner, le Chef de l’Etat, le Pr Alpha Condé l’a toujours dit, il faut que nous arrivions à produire ce que nous consommons, une fois que nous avons atteint cet objectif. Il va sans dire qu’il y aura suffisamment de produits à des prix abordables qui pourraient favoriser le panier de la ménagère.
M. Youmbouno, lors de la présentation de votre bilan de fin d’année, vous annonciez la tenue en 2017 de l’élection à la Chambre du commerce et d’industrie en Guinée. Ce scrutin tarde toujours à se dérouler suscite beaucoup de controverses. Qu’en est-il aujourd’hui ?
C’est vrai que nous avons renouvelé l’atteinte de cet objectif, parce que pour nous tant qu’on n’aura pas mis en place un outil d’intermédiation qui est la chambre nationale du commerce d’industrie et d’artisanat, on n’aura pas satisfait notre mission régalienne au sein du département du Commerce. C’est pourquoi depuis 2014, nous avons procédé à la mise en place des instances à la base et c’est ce qui nous a amené à mettre en place 33 bureaux préfectoraux au niveau de ces préfectures-là, à travers l’installation des chambres et les 7 bureaux préfectoraux dans les sept régions administratives du pays qui ne restent à ce jour que la région spéciale de Conakry et le bureau national exécutif.
Donc sur cet objectif, nous sommes sur plus de 80% et cette année nous avons bien sur renouvelé comme je l’ai dit cet objectif, mais il y a d’autres facteurs. Mais, nous tenons quand même et déjà nous avons travaillé sur le budget opérationnel pour la ville de Conakry et je crois qu’on aura ce budget d’ici la fin de ce mois d’aout. On aura quand même à redémarrer les activités électorales pour la région spéciale de Conakry. Maintenant à la fin de ces opérations lorsqu’on aura mis en place le bureau de Conakry, on pourra entamer la finalisation les élections par le bureau exécutif national.
Mais je vous rassure que nous sommes déjà très loin pour le déclanchement des opérations pour la ville spéciale de Conakry.
Monsieur le ministre, l’organisation des élections au niveau local des chambres préfectorales, communales et régionales de commerce, a été dénoncée par certains acteurs et opérateurs économiques. C’est le cas de Chérif Abdallah, président du GOHA qui vous a d’ailleurs accusé d’ingérence et d’instrumentalisation à des fins politiques de ces élections. Quel est votre avis là-dessus?
Comme je le dis toujours, il a son droit de faire ces affirmations qui pourraient même être qualifiées d’allégations parce que non fondées parce qu’il n’y a pas de preuve de cette implication politique. C’est dans ce sens qu’au début des élections et pendant ses élections, qu’on s’est organisés une vaste campagne de sensibilisation pour dire que le département est neutre, le gouvernement est neutre et que ces élections sont corporatives. C’est ne sont pas des élections politiques ni ethniques, ni régionalistes. Ce n’est que des élections d’une corporation économique. Nous avons marché sur ces principes du respect des règles en la matière. On a mis en place une commission nationale électorale pour la chambre du Commerce qui a travaillé avec les professions de tous les départements concernés et tous les acteurs des ressortissants, des domaines liés à la chambre ont été invités et bien sûr ceux qui répondent aux normes se sont présentés et ceux qui critiquent aujourd’hui ont refusé de participer pensant qu’ils n’ont qu’à attendre et ils devaient attendre le bureau de 64 qui seront désignés par les départements. Donc nous voyons la une sorte de pressions qu’ils sont en train de mettre, parce qu’ils n’ont pas les élections à la base. Ils veulent maintenant avec ses activités de pressions et autres que dans le second volet de désignation de petit consulaire de la chambre qu’on les met dans cette catégorie. Vous savez qu’il y a deux groupes dans ces deux catégories. Une catégorie qui sera issu des élections au niveau du bureau national, une autre catégorie qui sera proposé par le département du Commerce. Ce sont ces deux catégories qui vont constituer le corps électorat pour élire le bureau exécutif national. Je crois que c’est cette lutte qui a déjà commencé par de guerre de communiqués et d’une conférence de presse. Mais, nous nous restons lucides et nous restons sur le chemin d’atteinte de cet objectif.
Nous sommes un département technique, de services et nous travaillons sur des règles, et nous vous assurons que pour le moment, on n’a pas assez de procès ; aucune implication politique, ni de la part même le Chef de l’Etat qui nous a laissé librement travailler dans ce domaine-là.
Est-ce que la candidature du président de GOHA est un obstacle à ces élections à la chambre de Commerce ? Quand on se souvient des incidents survenus à Matoto, Dixinn, Ratoma et Faranah.
Est-ce qu’il est d’abord candidat ? Il y a des élections dans les 33 préfectures on l’a pas vu. Il y a des élections dans les 7 régions administratives, il ne s’est pas présenté. Dans les 5 communes de Conakry où il réside, les élections sont déjà réalisées, les bureaux sont en place. Quel est l’acte du ministre du Commerce qui piétiné sa candidature ? Je vous dis tout simplement c’est lorsqu’on a enclenché la réalisation de ses élections en 2015 que M. Abdallah est venu prendre sa carte de commerçant. C’est moi qui ait ordonné de lui délibérer cette carte, il n’avait même pas de carte de membre consulaire. Nous avons les archives ici, c’est au déclenchement de ce processus-là, il y a de cela 2 ans qu’il est venu prendre sa carte. Demandez lui si on lui a refusé d’avoir la carte, parce que l’une des conditions pour participer en tant qu’électeur et élu c’est de disposer d’abord d’une carte de membre de la profession.
En Novembre dernier, vous avez signé un protocole d’accord avec le secrétariat général à la présidence chargé des services spéciaux, de lutte contre la drogue et les crimes organisés, portant sur la réglementation des produits de consommation qui sont livrés sur le marché guinéen. Cet accord visait les produits pétroliers et pharmaceutiques. Peut-on parler de réussite dans ce domaine quand on sait que les produits pharmaceutiques continuent encore de faire de nombreuses victimes dans notre pays?
C’est très important. Toutes les actions que nous avons réalisées dans le cadre de l’assainissement du marché en termes d’expression de produits périmés et de produits contrefaits. Il y avait une faiblesse en matière de répression. C’est pourquoi cette convention a été signée avec les services du Colonel Tiégboro et nous avons impliqué aussi les autres le ministère de la santé, les pharmaciens et beaucoup d’autres départements pour lutter aussi contre la vente illicite des produits. Et, à cet effet, que ça soit sur les produits alimentaires ou pharmaceutiques, il faut reconnaitre qu’il y a eu des avancées dans le cadre de l’éradication de ses produits au niveau de nos marchés.
Il faut reconnaitre aussi que nous ne sommes pas au terme de booter ou bien de liquider tous ces produits dans nos marchés c’est une lutte continue. Une implication de tous, je vais dire même de l’ensemble des citoyens parce qu’il faudrait que nous qui sommes des instruments étatiques, nous ayons des informations précises pour pouvoir agir à travers les services de répressions.
Donc, aujourd’hui, nous sommes en bonne collaboration avec ses services. Mais je reviens là-dessus pour dire que c’est une lutte continue et ce qu’il y a noté c’est que les autorisations d’importations c’est-à- dire les déférences d’exportations des produits pharmaceutiques ne sont pas délibérer par le ministère du Commerce. Ces déférences sont délibérées par le ministère de la santé et le nouveau ministre qui est en train de faire de propositions en ce sens qu’une commission nationale est en train de faire la délivrance de licences d’importation des produits pharmaceutiques. Certainement, le ministère du Commerce fera partie de cette commission pour présenter le rapport pour un pays qui compte à peu près 12 millions d’habitants. On a plus de 200 propriétaires des licences d’importations des produits pharmaceutiques. C’est énorme comparativement à certains pays comme la Côte d’Ivoire avec plus de 23 millions d’habitants qui n’ont qu’à peu près 4 importateurs agréés. Donc, il faut passer par le système d’élimination pour voir quels sont ceux qui respectent les règles en la matière et obtenir et enlever ceux qui sont dans la fraude.
Alors pourquoi le gouvernement ne prend pas de décisions pour lutter contre ces problèmes qui ont trop duré ?
Oui ! C’est ce que je vous ai parlé là, c’est l’action gouvernementale déjà. Nous nous continuons la lutte de nos prédécesseurs arrivés ici en 2014. On a déjà amené beaucoup d’actions dans ce sens. Le ministre à la Santé aussi est en train de travailler dans ce sens. Mais au vu de l’encrage très ancien de ces fléaux depuis des années, il faut même dire des décennies, il va falloir continuer sur une base pédagogique petit à petit pour d’abord sensibiliser et les amener à emprunter une nouvelle loi réglementaire.
Actualité oblige, es commerçants victimes des pillages de 2013 menacent de descendre dans la rue malgré votre médiation. Qu’en dites-vous ?
D’abord je commence par les remercier très sincèrement à la suite de notre première rencontre. Nous, nous avons échangé sur leurs préoccupations, s’ils endurent actuellement qui les a touchés. Mais aussi sur la nécessité du maintien de la paix et de la quiétude au sein du secteur. Vous savez, on dit souvent que l’argent a perd du bruit. Ils ont été victimes il y a de cela 4 ans, mais il ne faudrait pas que d’autres actions viennent alourdir déjà ceux qui vivent actuellement. Le débat tourne au tour de ça. Et après quelques jours, je crois, ils ont pris une décision de suspendre leurs marches et de fermeture des boutiques. Et je crois que c’est une bonne chose. Nous remercions et nous pensons qu’ils vont continuer à privilégier la voie du dialogue et la négociation. C’est ce que nous comptons. Nous ne faisons pas partie du cadre de dialogue politique ou d’ailleurs, inscrire les recommandations pour indemnisation et tout ce qu’on peut dire en tant que ministre en charge du commerce, c’est de les amener à mettre des actions axées plutôt sur la paix et la quiétude et le reste que les négociations se poursuivent pour pouvoir trouver une issue favorable. Une issue favoriserait tous les acteurs parce que dans ce groupe, vous avez trouvé des femmes, des jeunes qui vendent aujourd’hui pour nourrir leur famille à travers les bénéfices de jour en jour. Vouloir les interdire de sortir un seul jour ça empiète sur des centaines s’il faut même de milliers de citoyens qui n’auront pas à manger le lendemain. Donc ce sont toutes considérations sociales que nous avons énumérées entre nous pour sortir la nécessité de préserver la paix.
Quel est votre message à l’endroit des commerçants et de vos compatriotes ?
Mon message à l’endroit des commerçants et de l’ensemble des patriotes guinéens, c’est de privilégier toujours le dialogue, la négociation pacifique et de faire en sorte que notre pays soit un pays où il fait un bon vivre et dans un environnement acceptable par tous. Un environnement où les investisseurs peuvent venir. Je vais dire un retour à l’investissement dans la paix, dans le calme. Un environnement qui rassure le secteur économique. Donc, il y a lieu pour que chacun de nous empreinte la joie, de la paix et du dialogue. Et, surtout les secteurs privés que nous fassions en sorte que le pays soit stable politiquement et sur tous les domaines et que nous puissions profiter de l’option politico-économique que nous avons choisie c’est-à-dire donner la force aux secteurs privés pour créer l’emploi et la richesse. On ne peut le faire s’il y a pas la paix. On dit souvent sans la paix il n’y a pas de développement.
Interview réalisée par Moussa Traoré (L’Indépendant)