Interview du coordinateur adjoint du Programme national de lutte contre le paludisme
Docteur Guilavogui, qu’est-ce que le paludisme, et quels en sont les meilleurs traitements préventifs ?
Le paludisme, appelé aussi malaria, est une parasitose due à l’hématozoaire appartenant au genre Plasmodium, transmise à l’homme essentiellement par la piqûre des moustiques anophèles dont seules les femelles transmettent la maladie.
Il y a le traitement préventif intermittent chez les femmes enceintes avec la sulfadoxine pyrimethamine (SP) pendant les consultations prénatales à partir de la 13ème semaine de grossesse, jusqu’à l’accouchement ! Et chez les enfants de moins d’un an, avec la même molécule mais associée avec l’amodiaquine (SP-AQ) dans les préfectures de transmission saisonnière, à raison d’une dose de ce médicament une fois par mois entre juillet et octobre.
Depuis 2012, quel est le taux de prévalence du paludisme en Guinée ?
En 2012, la prévalence parasitaire du paludisme était de 44% et c’est la Région de Faranah qui avait le taux de prévalence le plus élevé avec 66%, suivi de N’Zérékoré 59%. Entre 2012 et 2016, plusieurs efforts ont été fournis par le PNLP et ses partenaires. Grâce à ces efforts, cette prévalence est passée de 44 à 15% ; soit une réduction de 65%.
Quelles sont les statistiques actuelles des cas de paludisme et des décès dûs à cette maladie ?
De Janvier à Juin 2017, le nombre de cas confirmés de paludisme, à l’aide de TDR et de la goutte épaisse, est de 466 405 dans nos structures sanitaires. Sur ce nombre, 464 183 ont été traités. Durant la même période on a enregistré 423 cas de décès.
Catholic Relief Services (CRS), l’un des partenaires du ministère de la Santé dans la lutte contre le paludisme, a lancé au mois de juillet dernier le projet « Ecoliers et leaders religieux contre le paludisme». Pourquoi associer les secteurs religieux et scolaires ?
La stratégie Ecoliers et leaders religieux contre le paludisme, est une intervention initiée par le Programme National de lutte contre le Paludisme en relation avec CRS, pour renforcer la communication pour le changement de comportement. Je voudrais plutôt dire que cette stratégie a été lancée par le Ministère de la Santé en présence de tous les partenaires, notamment CRS.
La Guinée est un pays à forte croyance, dont les religieux occupent une place de choix. En plus, les parents sont souvent sensibles aux messages que leurs enfants leur transmettent. Le PNLP a donc intégré ces deux composantes dans la lutte contre le paludisme, pour qu’à leur tour, elles puissent contribuer efficacement à sensibiliser la population sur les mesures préventives de prise en charge du paludisme.
Docteur, le paludisme est-il une maladie évitable ? Peut-on en guérir ?
La prévention du paludisme est l’une des stratégies phares du PNLP. En relation avec les partenaires, plusieurs interventions sont initiées dans le cadre de la prévention du paludisme. Parmi ces interventions, il y a la distribution gratuite en tous lieux de moustiquaires imprégnées. Il y a également la chimio prévention du paludisme saisonnier qui consiste à administrer les médicaments aux enfants de 3 à 59 mois pendant les 4 mois de haute transmission du paludisme (Juillet à Octobre) ; à cela, s’ajoutent les pulvérisations intra domiciliaires. Le respect de ces mesures, constitue sans nul doute des moyens efficaces pour prévenir le paludisme. C’est d’ailleurs par souci d’accroitre l’utilisation de ces services de prévention, avec d’autres, qui a valu l’intégration des Ecoliers et Religieux dans la lutte contre le paludisme. En effet, d’après une enquête appelée MICS qui a été réalisée en 2016, les moustiquaires sont disponibles dans les ménages, mais le taux d’utilisation est faible. Donc il est bien possible de prévenir le paludisme et nous avons grand espoir parce que les partenaires sont déterminés à nous accompagner et beaucoup d’efforts sont en train de se faire dans ce domaine.
En Guinée, quelles sont les personnes confrontées aux risques de contracter la maladie ?
Tout le monde peut tomber malade du paludisme mais les personnes les plus vulnérables sont les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes.
Y a-t-il un espoir de nos jours de découvrir bientôt un vaccin contre cette maladie potentiellement mortelle ?
Des études sont en cours, pour rendre disponible un vaccin contre le paludisme. Espérons que ce travail aboutira très bientôt au soulagement de tous.
Votre mot de la fin.
Je voudrais remercier le gouvernement, qui ne cesse d’appuyer le PNLP dans la lutte contre le paludisme et j’encourage tous les partenaires techniques et financiers qui soutiennent les efforts du Gouvernement dans cette importante mission. Il y a quelques années, nous étions à 44% de taux de prévalence et maintenant en 2017, nous sommes à 15% et nous comptons aller plus bas encore. Nous devons maintenir cet acquis par les efforts soutenus de tous les acteurs. Je voudrais rappeler à la population, que la moustiquaire constitue l’un des moyens les plus simples et les plus efficaces pour prévenir le paludisme. Nous devons donc tous accepter de dormir systématiquement sous une moustiquaire pour lutter contre les moustiques et leurs piqûres, particulièrement dangereuses chez les enfants de moins de 5 ans et chez les femmes enceintes.
Nous sollicitons encore plus l’assistance et les efforts du Gouvernement pour soutenir la lutte contre le paludisme car, nous avons un besoin important de plus de 3 millions de moustiquaires pour la campagne de distribution de 2019.
Je vous remercie.
La Cellule de Communication du Gouvernement