Les violences enregistrées dans la ville de Boké, où la population manifeste contre le délestage du courant électrique, ne laissent pas indifférents certains ressortissants de la région. Amara Somparé, vice-président du Bureau Exécutif (BE) et porte-parole de l’Union pour le Développement du Kakandé (UDK), envoie un coup de boutoir à l’endroit de ceux qui veulent faire de la récupération politique. Allusion à peine voilée à Mamadou Sylla, Makanéra et compagnie, qui ont demandé il y a deux jours, que les forces de l’ordre soient retirées des rues de Boké. Il dévoile aussi les efforts en cours pour que finissent ces émeutes ayant fait déjà deux morts, des dizaines de blessés et plusieurs biens publics et privés, détruits. Lisez !
Vous suivez les évènements de Boké, comment selon vous, peut-on expliquer ce qui s’y passe depuis des jours ?
Nous ne faisons pas que suivre cette crise, nous sommes entièrement impliqués dans les tentatives de résolution avec les autorités locales et gouvernementales.
En notre qualité de ressortissants de la région de Boké à Conakry, nous nous sommes mis à la tâche, nous avons rencontré les autorités au plus haut niveau, notamment le Premier ministre, il y a de cela deux jours. Avec lui, nous avons déjà commencé à décanter des pistes de solution.
Ensuite, le Président de la République a bien voulu recevoir une délégation du bureau. Il a donné, lui aussi, des directives pour faciliter la résolution de la crise. Ce matin (samedi), nous étions à EDG avec le Directeur Général et des représentants de certaines sociétés minières de la place pour mettre en place une solution rapide qui devrait satisfaire les premières revendications qui ont été posées par les populations sur le terrain, à savoir le manque d’électricité à Boké. Donc à l’heure où je vous parle, trois groupes électrogènes ont été mis sur des camions et sont en route pour Boké.
Ces groupes appartiennent-ils à EDG ou ils sont achetés par des Sociétés minières ?
C’est bien entendu la contribution des sociétés minières, qui ont appuyé EDG pour mettre en œuvre cette solution qui, je pense, devrait résoudre le problème en attendant qu’une solution définitive et pérenne soit mise en place par EDG.
Il y a eu des actes de vandalisme enregistrés, que diriez-vous à la population ?
C’est un message très simple, il s’agit d’appeler la population de Boké au calme. Il faut vraiment que les citoyens de Boké comprennent que la violence ne résout rien, ce n’est pas une solution.
Il faut arrêter les actes de vandalisme, il faut que la cité retrouve son calme, sa quiétude habituelle. Nous savons que les revendications des populations de Boké sont légitimes, nous les comprenons et les soutenons, mais nous ne pouvons les défendre et obtenir des réponses concrètes que dans le calme et dans le dialogue.
En tant que digne fils de Boké, je ne reconnais pas mes frères et sœurs dans des agissements qui, à long terme, pourraient porter préjudice à la vie même des habitants de la région. Lorsqu’on détruit des édifices publics, qui ont pénalise-t-on ?
Vous ressortissants, ne craignez-vous pas une récupération politique de cette situation ?
La crise qui frappe Boké, est une crise sociale. Elle n’est pas politique. Il est complètement irresponsable de tenir des propos qui auraient tendance à jeter des bases d’une récupération. On a à faire à des revendications légitimes d’amélioration des conditions de vie de la population.
Cela n’a absolument rien à voir avec des considérations politiques. Si aujourd’hui, certains, se prétendant ressortissants de Boké, s’amusent à mettre de l’huile sur le feu pour aggraver la situation qui prévaut à Boké, je dirais que ce sont des personnes égoïstes, méchantes et complément irresponsables. Un digne fils de Boké ne se comporte pas comme ça.
Vous avez aussi entendu parler de la cinquantaine de blessé et des deux morts, est ce qu’après la crise vous aller penser à eux et à leurs familles respectives ?
Nous pensons déjà à eux. Nous présentons toutes nos sincères condoléances aux différentes familles éplorées, nous sommes attristés d’apprendre qu’il y a eu des blessés. Boké n’a pas besoin de cela. Il va falloir prendre des mesures sérieuses pour pouvoir accompagner ces familles qui ont été victimes des dommages collatéraux.
N’oublions que Boké est le poumon économique de notre pays. C’est pour cela d’ailleurs que le Chef de l’Etat a érigé Boké en zone économique spéciale. Pour que cela soit une réalité, il faut que Boké retrouve un minimum de stabilité pour que des investissements puissent se faire, pour qu’il y ait de l’emploi et l’amélioration des conditions de vie de la population.
Avez-vous un message particulier à adresser aux forces de l’ordre et aux autorités administratives ?
C’est le même message d’accalmie et d’apaisement. Les forces de l’ordre sont des forces de maintien d’ordre, il faut qu’elles comprennent qu’elles sont des forces républicaines et qu’elles ne sont pas là-bas pour violenter la population. Qu’elles arrivent à intégrer cette responsabilité.
Source : Mosaiqueguinee